Oublié le baromètre. Cet outil, doté de 4 niveaux, que nous vous avions présenté mi-octobre était pourtant prêt. Mis sur pied par un groupe de scientifiques dont faisait partie l’épidémiologiste de l’ULB Marius Gilbert, ce baromètre n’a pas suscité un enthousiasme démesuré de la nouvelle équipe gouvernementale fédérale – tout particulièrement son ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke – et se retrouve donc définitivement aux oubliettes. A la place, une sorte de point de bascule entre deux phases qui doivent guider les autorités. Et qui doit nous permettre d'envisager un déconfinement (progressif) à partir de la mi-janvier.
Un document émanant du commissaire Corona Pedro Facon détaille cette "beheerstrategie" (stratégie de maîtrise). Un vent favorable nous a transmis ce document.
Il y a deux phases : la phase descendante et la phase de maîtrise (et d’évitement d’une augmentation). Nous sommes actuellement dans la phase descendante. Au cours de celle-ci, comme son nom l’indique, il s’agit de mettre en route et d’appliquer une série de mesures pour faire baisser les chiffres, avec un focus sur le nombre d’hospitalisations et le nombre de cas. L’objectif est de limiter le nombre d’entrées quotidiennes (sur une moyenne de 7 jours) à 75 (nous sommes à 270 au 26 novembre).
Phase descendante
Dans la phase descendante, un certain relâchement des mesures peut se faire. Mais comme l’indique le document en notre possession, il y a plusieurs principes fondamentaux : – pas d’assouplissement généralisé, au moins 3 semaines entre chaque assouplissement, il faut des "digues" suffisamment solides (tests, suivi de contacts, détection des sources de transmissions, etc.). Comme l’indique la stratégie, "en particulier dans la phase descendante, il convient de faire preuve d’une grande prudence lorsqu’on envisage et décide d’un assouplissement progressif, équilibré et conditionné des mesures."
Le seuil décisif
Tant que le point de bascule n’a pas été atteint, la phase descendante est maintenue. Ce point de bascule, ce seuil décisif, tel qu’il est défini par cette stratégie, se décompose ainsi :
- Le taux d’incidence doit être inférieur à 100 pour 100.000 habitants en moyenne sur 14 jours (nous sommes à 478 au 26 novembre)
- Le taux de positivité doit être inférieur à 3% (cet élément a été explicitement évoqué par le Premier ministre Alexander De Croo lors des questions d’actualité ce jeudi, nous sommes autour de 13% pour le moment)
Une fois ce point de bascule atteint, nous sommes en "situation par défaut", en "situation de maîtrise". C'est (enfin) le moment où les mesures strictes seront derrière nous. L'espoir est d'y arriver à la mi-janvier. Toutefois, il ne faudra pas relâcher la vigilance.
Phase de maîtrise
En phase de maîtrise, il faudra contrôler la circulation du virus. Une analyse permanente de Sciensano, du RAG (Risk Assessment Group, un groupe d’experts épidémiologistes) est attendue, ainsi qu’une série de prévisions. Si les chiffres devaient s’emballer, la décision d’agir appartient, comme actuellement, au Comité de concertation. Mais attention, comme l’indique le document, "la prise de décision automatique, sur deux indicateurs uniquement, n’est pas possible. Une analyse des risques épidémiologiques plus complète et globale est nécessaire pour évaluer correctement la situation et permettre une prise de décision adéquate et efficace."
Un changement à souligner par rapport à la situation actuelle : la phase de maîtrise permet l’activation de mesures au niveau provincial, décidées par le Centre de crise, sans devoir passer par la case "comité de concertation" : "Cela devrait faciliter une action provinciale rapide et énergique." Avec toujours le même objectif : empêcher une troisième vague.