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Covid : le booster moins nécessaire pour les adultes en bonne santé, mais reste indiqué pour la population à risque

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Le Groupe consultatif stratégique d’experts sur la vaccination (le bien nommé "SAGE") de l’OMS a fait le point sur l’épidémie, après sa réunion cette semaine à Genève. Et ce que l’on peut dire, c’est qu’un peu plus de trois ans après le premier confinement, les nouvelles sont plutôt rassurantes. Les recommandations de l’OMS, mises à jour, reflètent l’impact d’Omicron. Ce variant est majoritaire, plus contagieux mais bien moins virulent que ses prédécesseurs. Désormais, la population mondiale a atteint un haut niveau d’immunité, ceci étant dû aux infections qui se sont multipliées comme une traînée de poudre et grâce à la vaccination, qui a épargné beaucoup de personnes de formes graves du covid.

Et les spécialistes d’estimer donc que les adultes en bonne santé ne requièrent pas de dose supplémentaire de vaccins anti-Covid, au-delà de la vaccination primaire et d’un premier booster. C’est que les bénéfices pour la santé seraient minimes.

En effet, pour ce groupe de personnes de moins de 60 ans dit "à risque moyen" – auquel s’ajoutent aussi enfants et adolescents avec des comorbidités de 6 mois à 17 ans —, et même s’il n’y a aucun risque à recevoir des injections supplémentaires, un booster supplémentaire actuellement n’est pas forcément nécessaire. Ce que confirme le docteur Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus, pour qui "le gain est assez minime pour une acceptation par la population qui ne va pas forcément de soi actuellement".

L’immunité acquise dans la population semblerait persister dans le temps

Même son de cloche du côté du docteur Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur à l’ULB : "Ce que préconise l’OMS me semble raisonnable. Nous avons pour le moment une connaissance scientifique assez faible sur l’efficacité des rappels qui suivent le premier booster sur la population non à risque. L’immunité acquise dans la population semblerait persister dans le temps. Pour ce qui est des rappels, le recul n’est pas encore assez important et nous ne connaissons pas encore suffisamment l’intérêt en terme immunitaire".

Des publics toujours à risques

Mais attention, cela ne veut pas dire qu’il ne faut plus parler de vaccination. Sont toujours vivement invitées à faire leur rappel les personnes plus âgées, les autres adultes avec des comorbidités, toutes les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et les travailleurs de santé en première ligne. Pour ces personnes, l’OMS conseille une dose de rappel après le régime initial de vaccination et un premier rappel. Le SAGE (le fameux groupe d’experts de l’OMS) recommande un intervalle de 6 à 12 mois entre les boosters, en fonction des morbidités.

Du côté de Sciensano, on confirme : cette population est toujours à risque. "Nous allons dans le même sens que l’OMS" explique Yves Van Laethem (qui parlait, le mois dernier, de la fin "officieuse" de la pandémie). "Pour les personnes de plus de 60 ans et la population à risque (indiquée ci-dessus, ndlr), il est toujours effectivement indiqué de se refaire un petit booster". Et sont particulièrement tenues à l’œil chez Sciensano les personnes de plus de 80 ans. Les effets de la protection vaccinale ont tendance à s’étioler plus rapidement, comme on le constate en France – où l’on préconise ardemment de faire des rappels —. Une des grandes questions pour le futur, du côté les experts belges, c’est de savoir à quelle fréquence booster les différentes populations à risque.

L’OMS dit que chaque pays peut définir ces tranches d’âge selon sa situation

 

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Facteurs aggravants

Et l’infectiologue au CHU Saint-Pierre de confier qu’une nouvelle campagne pour ces personnes à risque sera de toute façon envisagée pour le début de l’automne prochain. "Personne ne doute qu’une implémentation vers septembre-octobre serait bien". Une autre interrogation serait alors la tranche d’âge des personnes concernées. "L’OMS dit que chaque pays peut définir ces tranches d’âge selon sa situation. Nous pensons qu’il est probable que nous gardions celle des 50 ans et plus" explique Yves Van Laethem. Des individus plus fragiles notamment si ceux-ci ont des facteurs aggravant le risque de complications du covid (tabagisme, alcoolisme, obésité…). "Le principe de précaution nous enjoint de rester prudent et de conseiller les rappels pour la population à risque" explique également Yves Coppieters. Notez que ce dernier souligne, lui, que la pandémie n’est pas encore terminée.

Côté Sciensano (la plate-forme interfédérale belge), la situation sera réévaluée le mois prochain, souligne l’infectiologue.

Le covid long toujours problématique

En revanche, et c’est l’OMS qui le souligne, les preuves "manquent de cohérence" en ce qui concerne l’impact des vaccins anti-Covid sur le Covid long, qui voit la maladie initiale se développer en symptômes souvent très handicapants comme une extrême fatigue ou une incapacité à se concentrer.

A revoir aussi : extrait de notre JT du 10 octobre dernier

Covid-19 / Un booster dernier cri

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Recherches intenses

A ce jour, ce sont près de 13,3 milliards de doses de vaccin Covid qui ont été administrées dans le monde. L’OMS recherche actuellement de nouveaux vaccins Covid pour couvrir un large éventail de variants. Ces vaccins devraient avoir un effet plus durable et afficher de meilleures performances contre l’infection et la transmission. L’organisation examine également de nouvelles méthodes d’administration des sérums nasale (un est utilisé d’ailleurs en ce moment en Chine), orale ou cutanée.

Notons aussi que le SAGE a proposé trois nouvelles catégories de priorité pour la vaccination Covid en fonction du risque de développer une forme grave de la maladie ou de décès : élevé, moyen et faible.

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Isolement et masques

Lors d’une précédente communication, en janvier 2023, la vénérable assemblée préconisait aux porteurs du virus de s’isoler pendant 10 jours en cas de symptômes (contre 13 jours auparavant) et seulement cinq jours en leur absence. En ce moment, signalons que le nombre de cas et d’hospitalisations a tendance à augmenter, mais la mortalité a, elle, fortement diminué.

En ce qui concerne les masques, les mesures, elles, se relâchent un peu également. Notamment dans le secteur hospitalier et les pharmacies, où ils ne sont plus forcément obligatoires. "Le masque reste cependant recommandé et obligatoire dans certains services particuliers. Mais plus forcément dans le hall d’entrée d’un hôpital, par exemple" souligne Yves Coppieters – à noter cependant les exceptions pour les hôpitaux du Namurois-.

Nous n’en avons toujours pas fini avec le covid-19, c’est certain, et une grande vigilance est toujours de mise, mais ce printemps semble donc plus calme sur le front de la pandémie. En ce moment, le nombre de cas et d’hospitalisations a tendance à augmenter, mais la mortalité, elle, a fortement diminué.

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