On estime qu'au moins un malade du coronavirus sur dix développe ce syndrôme infectieux... Le Covid long engendre des symptômes qui persistent pendant des mois, jusqu'à un an pour certains. Ils réclament aujourd'hui la reconnaissance d’un statut spécifique et une facilitation de l’accès aux soins de santé et centres de revalidation post-ovid. Pour en parler sur le plateau de CQFD: Anne-Sophie Spiette, patiente "Covid long" et Marie-Dominique Gazagnes, cheffe de clinique au service de neuro-revalidation au CHU Brugmann.
J'ai encore du mal à trouver mes mots
Pour arriver jusque dans nos studios, la stoumtoise Anne-Sophie Spiette a mis plus de deux heures de trajet en train: "Ca m'a tuée, d'ailleurs je ne pourrai pas rentrer ce soir, je dois dormir sur Bruxelles, c'est vraiment très fatiguant". Educatrice dans le domaine du handicap, elle a attrapé le coronavirus en mars 2020 sur son lieu de travail (qu'elle n'a toujours pas pu reprendre aujourd'hui).
Pensant être sortie d'affaire quatre semaines après son infection (et hospitalisation), des symptômes réapparaissent: "Au niveau respiratoire, ça a duré des mois, maintenant je parle bien mais peut-être depuis un mois... Perte d'odorat, odeurs fantômes, 'brouillard cérébral', j'ai parfois du mal à trouver mes mots, des difficultés de mémoire et d'attention qui restent un problème aujourd'hui", explique la jeune femme de 38 ans qui est toujours en revalidation neuropsychologique.
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Un "hypofonctionnement" du cerveau
Au CHU Brugmann, la revalidation des patients Covid concernait, en début de pandémie, ceux qui sortaient des unités de soins intensifs, explique Marie-Dominique Gazagnes: "Là, c'est classique et facile. Ensuite, sont arrivés en consultation des gens qui ont eu un Covid qui n'a pas forcément nécessité d'hospitalisation mais avec le même type de plaintes: difficultés à respirer, tachycardie, céphalées, fatigue, vertiges [...] des handicaps qui durent des mois, avec un phénomène cyclique, parfois ça va mieux puis ça revient...". C'était une population de malades différente, plutôt des quarantenaires, des femmes, et des personnes très invalidés dans leur quotidien, poursuit la neurologue.
La recherche a montré que c'est le fonctionnement du cerveau qui était atteint: "Grâce à des scintigraphies, des PET Scans qui regardent comment les neuronnes fonctionnent, tout en étant là. On a pu établir, par exemple pour les troubles cognitifs, un manque de fonctionnement au niveau frontal et pariétal du cerveau", explique le docteur Gazagnes.
C'est très frustrant, à 38 ans, de ne pas savoir ce que je fais devant le frigo