Un nouveau vaccin contre le Covid-19 pourrait bientôt faire son apparition en Europe et en Belgique. Ce vaccin prometteur, commercialisé sous le nom de Covovax par l’entreprise pharmaceutique américaine Novavax, a été pour la première fois autorisé en Indonésie ce lundi. Un premier pas qui pourrait généraliser l’utilisation de ce nouveau vaccin dans d’autres endroits du monde.
Un vaccin différent de ceux à ARN messager
Le vaccin de la firme américaine est différent des autres vaccins actuellement autorisés en Europe, notamment ceux à ARN messager : "Les vaccins de Pfizer et Moderna fournissent des instructions génétiques qui permettent au corps de fabriquer une protéine, cette fameuse protéine spike, de pointe qui va entraîner la réponse immunitaire" précise Jean-Michel Dogné, directeur du département pharmacie de l’UNamur et membre de la Task Force Vaccination.
►►► À lire aussi : Covovax : le premier pays à autoriser le vaccin anti-Covid de Novavax est l’Indonésie
Dis "sous-unitaire", le vaccin Covovax s’appuie sur des protéines pour déclencher une protection immunitaire et ne contient pas de virus. "Ici, le vaccin Novavax est décrit comme un vaccin à sous-unités protéiques qui sont assemblées en des nano-particules, détaille l’expert. Cela veut dire que c’est directement les protéines spikes, présentes sur le virus, qui sont organisées pour directement générer la réponse immunitaire. Le corollaire, c’est qu’il faut un adjuvant. Dans ce cas-ci, cet adjuvant sera utilisé pour renforcer cette réponse immunitaire."
Comme pour les vaccins à ARN messager, celui-ci est à administrer en deux doses à environ 21 jours d’intervalle.
Une technique déjà connue mais améliorée et novatrice
Contrairement aux vaccins à ARN messager, se basant sur une technologie relativement récente, celui de Novavax utilise un procédé qui a déjà fait ses preuves : "On connaît d’autres vaccins qui sont à sous-unités protéiques. C’est notamment le cas des vaccins contre l’hépatite B ou contre les infections au papillomavirus humain.
Une technique vaccinale qui est déjà bien connue mais le vaccin innove sur deux points : "Ici, la technologie nouvelle, notamment sur la façon dont la sous-unité est assemblée en des nanoparticules. C’est la première fois qu’on a un vaccin où l’on utilise directement la protéine recombinante. Autre nouveauté, l’adjuvant qui est utilisé est nouveau et n’a pas encore été employé dans d’autres vaccins", précise le scientifique.
Une efficacité semblable aux autres vaccins
Le nouveau vaccin de Novavax est également très prometteur du point de vue de l’efficacité vaccinale puisqu’il serait aussi efficace, voire davantage, que les autres vaccins actuellement sur le marché : "Ce vaccin a montré son efficacité sur différents types d’études, dont une grande étude réalisée au Mexique et aux États-Unis sur environ 30.000 personnes. On a constaté une efficacité de l’ordre de 100% sur les formes modérées à graves du Covid-19, et globalement une efficacité de l’ordre de 90%. C’est le même type d’efficacité qu’on a avec les vaccins à ARN messagers, notamment sur les formes graves, mais aussi dans les études cliniques avec les vaccins d’Astra Zeneca et Janssen", note Jean-Michel Dogné.
Une conservation plus simple
L’une des raisons qui a poussé l’Indonésie à autoriser le vaccin Covavax sur son territoire est aussi la conservation et la facilité de stockage de ce vaccin : "Il est beaucoup plus facile à transporter, à stocker et à éventuellement distribuer. Il peut être stocké entre 2 °C et 8 °C, ce qui facilite sa distribution, notamment dans des pays où il est plus difficile d’amener et de conserver au frais des vaccins à ARN messager."
Bientôt en Europe et en Belgique ?
La distribution de ce vaccin en Indonésie pourrait booster son déploiement à travers le monde dans les prochaines semaines. Le fabriquant a par ailleurs déposé des demandes d’autorisation auprès de l’OMS, du Canada, du Royaume-Unis, de l’Australie et de l’Union Européenne afin de distribuer son vaccin. Il devrait également déposer une demande aux États-Unis d’ici la fin de l’année.
►►► À lire aussi : Comprendre les vaccins à ARN messager en 7 mots-clefs
L’Agence Européenne des Médicaments (EMA) se penche d’ailleurs sur le sujet et devrait rendre un avis dans les prochains mois : "Il est tout à fait probable qu’à la fin de cette année, la Commission européenne, sur base de l’avis de l’Agence Européenne des médicaments donne un avis favorable et qu’on ait la possibilité d’avoir des doses de Novavax en Europe et en Belgique", rapporte l’expert qui rappelle que des accords ont déjà été signés avec le géant américain. "La Commission européenne a fait l’achat d’un contrat anticipé de 100 millions de doses et la Belgique a indiqué vouloir prendre part à cet achat. Généralement, ça correspond à peu près à 2,5%, donc aux alentours de 2,5 millions de doses".
Une alternative aux autres vaccins
Avec Covavax, l’Europe et la Belgique seront en mesure d’offrir un portefeuille diversifié de vaccins fonctionnant avec différentes technologies. De quoi permettre à ceux pour qui les vaccins à ARN messager étaient contre-indiqués de se faire vacciner et peut-être convaincre les personnes qui sont réticentes aux vaccins actuellement disponibles : "On sait que des personnes sont assez réfractaires aux vaccins génétiques, aux vaccins à ARN, … On sait aussi que des personnes peuvent développer des allergies parfois graves aux adjuvants, ou plus précisément aux excipients, qui sont présents dans les vaccins à ARN. On peut aussi avoir des problèmes d’approvisionnement dans les mois à venir avec les vaccins que l’on va utiliser. Il est donc tout à fait possible qu’il trouve sa place au niveau belge." conclut Jean-Michel Dogné.