Comment faire face à la multiplication des contaminations dans les prisons en préservant les droits des détenus? Pour tenter de répondre à cette question sur le plateau de CQFD, deux invitées: Marie Berquin, avocate au barreau de Bruxelles, co-présidente de la section belge de l’Observatoire international des prisons et Claudine Coupienne, secrétaire permanente CSC Services publics.
Lockdown en prison
Comme dans le reste de la population, les nouvelles contaminations en prison inquiètent. Elles ont entraîné la mise en quarantaine des prisons de Huy et de Nivelles, ainsi que d'une aile entière de la prison de Saint-Gilles. Visites, sorties ou préaux, tout mouvement y est interdit.
Les syndicats critiquent un manque de précaution et multiplient les mouvements de grogne depuis plusieurs semaines. Ils dénoncent des contrôles insuffisants chez les détenus revenant d'un séjour à l'extérieur de la prison et la réautorisation des visites hors surveillance ("VHS"), qui permettent les contacts physiques.
Comment les détenus vivent-ils la situation?
"Il faut comprendre que le confinement a généré beaucoup d'angoisse pour les détenus, avec une absence totale de contact avec l'extérieur et peu d'informations", répond Marie Berquin, "aujourd'hui, on est dans un sentiment de colère car les mesures d'assouplissement prises dans le reste de la population [...] n'ont pas été transposées au sein des prisons. Et au moment où les VHS, soient les visites conjugales, ont repris, les agents pénitentiaires se sont mis en grève. Les détenus ont un énorme sentiment de frustration".
Comment les agents pénitentiaires vivent-ils la situation?
"Les conditions sanitaires et le manque de matériel dans un milieu clos est plus difficile à gérer", répond Claudine Coupienne, "on comprend tout à fait bien que c'est difficile pour les détenus, mais la santé de tous est mise en jeu. Le bien-être de l'un va avec celui de l'autre, c'est un équilibre fragile, et vu le manque de budget récurrent alloué aux prisons, tout est compliqué".
Pourquoi les agents se sont-ils opposés à la reprise des VHS? "Ils ne s'y opposent pas mais veulent que ça se déroule en toute sécurité, et là aussi le matériel manque encore. Il faudrait pouvoir mettre la personne en isolement et tester, sauf que c'est inapplicable, il n'y a pas suffisamment de place", poursuit la secrétaire permanente CSC Services publics.
Le virus rentre aussi en prison via les agents