Ça s’est passé mercredi vers 10 heures, lors d’une opération de routine. Un pilote de la Royal Navy, composante de l’armée britannique, aux commandes d’un jet F-35B Lightning II du porte-avions HMS Queen Elizabeth a dû activer la manette d’éjection, avant que l’avion ne s’abîme en mer Méditerranée.
Dans la foulée, le ministère de la Défense a publié sur Twitter, "Le pilote a été ramené en toute sécurité", et une enquête a été lancée pour retrouver l’avion, le récupérer et connaître les causes du crash.
Le Royaume Uni et les Etats-Unis ont dépêché des plongeurs de combat et des sous-marins pour retrouver l’épave. "L’avion a décollé du porte-avions HMS Queen Elisabeth alors qu’il venait de traverser le canal de Suez", explique Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). "Donc la zone du crash se situerait entre la côte égyptienne, l’île de Crête en Grèce et l’île de Chypre". Les premiers éléments de l’enquête indiquent que le F35 est à plus d’un mile – plus de 1600 mètres – sous la surface de l’eau.
"Le problème est de trouver l’avion et d’y parvenir. Nous avons besoin d’une machine qui peut atteindre cette profondeur", a déclaré une source de la Royal Navy au Times. "Nous devrons ensuite y attacher des dispositifs flottants".
Et le temps presse, pour éviter que d’autres puissances comme les Russes ne récupèrent les technologies sensibles, craindrait-on de manière officieuse. "Ce n’est pas un secret que les Russes se sont montrés très intéressés par le porte-avions. Ils font très attention", a déclaré le secrétaire à la Défense Ben Wallace. "C’est ce que nous faisons à l’égard de leurs navires. Nous gardons un œil les uns sur les autres, c’est aussi comme ça que nous nous assurons, espérons-le, d’éviter les malentendus et les erreurs de calcul", a-t-il ajouté.
Pourquoi l’épave du F-35 intéresserait-elle les Russes ou les Chinois ?
Le F-35B fabriqué par le constructeur américain Lockheed Martin, et dont le coût avoisine les 120 millions de livres sterling, a la particularité de procéder à un décollage court et un atterrissage vertical.
"L’intérêt de récupérer une épave de ce type est commercial", analyse Emmanuel Dupuy. "Cela permettrait notamment aux chinois qui sont sur le point de se doter d’un troisième porte-avions, de mieux comprendre la technologie du décollage court et de l’atterrissage vertical. Le F-35 est aussi équipé de radars et de capteurs très sensibles. Une technologie qui intéresse fortement les forces armées russes et chinoises".
Rien n’indique que l’armée chinoise est dans cette région de la Méditerranée, en ce moment, bien qu’elle l’ait été récemment. "Les routes de la soie qui passent notamment par la Méditerranée orientale, sont une projection diplomatique et économique de la Chine qui confirme la Sino-mondialisation", explique Emmanuel Dupuy.
En revanche, les marines turques, égyptiennes, russes sont bien présentes. La marine émirienne est également dans les eaux méditerranéennes pour soutenir le Maréchal Haftar en Lybie. "La Russie dispose d’une base navale en Syrie, à Tartous. Les Iraniens seraient occupés à construire une base en Erythrée… Il y a là une course de vitesse, pour démontrer que cette zone n’est plus la zone où les bateaux américains ou occidentaux sont prégnants. Il y a de plus en plus de concurrence", observe encore Emmanuel Dupuy.
"Mais il est fort improbable que la Russie ou la Chine récupère l’épave. Ce serait un acte de provocation que les Américains et les Britanniques jugeraient militairement inamical. En revanche, il y a un effet psychologique qui consiste à démontrer que la dernière génération américaine des avions de chasse n’est pas efficace".