Le président sri lankais Gotabaya Rajapaksa a levé mardi soir l'état d'urgence, instauré en réponse aux manifestations contre son incapacité à résoudre la grave crise économique que traverse le pays et donnait de larges pouvoirs aux forces de sécurité.
"À partir du 5 avril à minuit, je révoque la proclamation que j'ai faite", a déclaré M. Rajapaksa. Instauré le 1er avril, l'état d'urgence a débouché sur l'arrestation de plus de 60 personnes par la police.
Perte de la majorité parlementaire
Les députés de l'opposition et certains membres du parti au pouvoir ont refusé de soutenir la mesure présidentielle. Or, l'état d'urgence ne pouvait être prolongé sans être ratifié par un vote parlementaire.
De nombreuses manifestations appelant au départ du président se sont déroulées dans les plus grandes villes, malgré l'état d'urgence et le couvre-feu imposé durant le week-end. Le pays de 22 millions d'habitants subit de graves pénuries de biens essentiels, une forte hausse des prix et de longues coupures de courant, lors de sa plus grave crise économique depuis son indépendance en 1948. Si la plupart des manifestations étaient pacifiques, certaines ont été émaillées de violence. La foule a notamment tenté lundi de prendre d'assaut les résidences d'une dizaine de personnalités du gouvernement, dont celle du président à Colombo.
Le parlement a entamé mercredi deux jours de débats sur la situation actuelle. Les manifestations devant l'hémicycle se poursuivent et le bâtiment a été placé sous haute surveillance.
Le Sri Lanka est confronté à une crise économique sans précédent. Le tourisme et les transferts de fonds de la diaspora, vitaux pour l'économie, se sont effondrés lors de la pandémie et les autorités ont imposé une large interdiction des importations pour tenter d'économiser des devises étrangères. Selon de nombreux économistes, la crise a aussi été exacerbée par la mauvaise gestion du gouvernement, l'accumulation de dettes et des réductions d'impôts mal avisées.