Et de deux. Après Pierre Grivegnée accusé d’abus de biens sociaux, Michaël Schmetz est inculpé de faux, usage de faux et abus de biens sociaux (son avocat parle d'"abus de confiance selon l’article 492 bis du Code pénal", mais il s'agit de la même chose). Nous revoici plongés dans l’histoire du Cristal Park. Rappelons encore une fois qu’il s’agit du projet de reconversion raté de la vieille usine du Val Saint-Lambert à Seraing. Ce projet date de 2002. Quarante millions d’euros d’argent essentiellement public y ont été déversés. Mille emplois devaient s’y créer. Vingt ans plus tard, il n’y en a pas un seul.
Pierre Grivegnée, le patron du montage, avait été adoubé à l’époque par les autorités politiques sérésiennes, provinciales et wallonnes. Il est en aveux sur une série de fausses factures révélées par la RTBF et Le Vif. Il a passé un mois en prison préventive, puis est resté deux mois détenu à domicile sous bracelet électronique. Il a été libéré en février dernier, sous conditions, mais reste inculpé.
Son compère s’appelle Michaël Schmetz. Il est originaire d’Henri-Chapelle. Il a 46 ans. Il s’est fait connaître comme pilote professionnel pour la marque Aston Martin. Il a été administrateur de la société Immoval et consultant pour le projet Cristal Park. Il est inculpé de faux, usage de faux et abus de biens sociaux.
Des conventions réécrites a posteriori
Il est soupçonné d’avoir été coauteur d’actes délictueux de Pierre Grivegnée. Les enquêteurs suspectent que des fonds du projet Cristal Park auraient été détournés au Luxembourg via des surfacturations. Michaël Schmetz conteste formellement avoir pris part à une telle opération. Les deux hommes auraient aussi rédigé, au printemps 2022, peu après que l’affaire Cristal Park ait éclaté dans la presse, des conventions antidatées entre sociétés luxembourgeoises et belges. Objectif : tenter de justifier, a posteriori, les montants de factures de consultance envoyées ces dernières années depuis le Grand-Duché, par des sociétés de Schmetz et Grivegnée, dans le cadre du développement du Cristal Park.
"Je n’ai pas rédigé de convention à posteriori, certifie Michaël Schmetz. C’est Pierre Grivegnée qui a recréé ces conventions car il ne retrouvait pas les écrits originaux. Tout ce qui figure dans ces conventions réécrites n’est ni plus ni moins que la réalité des prestations effectuées. L’inculpation remonte à plusieurs mois (19/12) et entre-temps de multiples échanges d’informations avec le Juge d’instruction ont permis à celui-ci de faire la part des choses."
Michaël Schmetz jure être innocent et même victime de Grivegnée qui aurait abusé de sa confiance en "se servant" dans son dos de leur société luxembourgeoise commune United by (Grivegnée : 75%, Schmetz : 25%). Schmetz assure "collaborer pleinement avec la justice". "Au bout du compte, on verra que je n’ai rien à voir dans cette histoire" jure l’ex-consultant du Cristal Park.
Coureur automobile
Septembre 2014, circuit de Francorchamps. Pierre Grivegnée pilote son Aston Martin Vantage GT3. La voiture quitte la piste et heurte violemment le mur intérieur du circuit. Pierre Grivegnée est grièvement blessé. Il n’a aucun souvenir de l’accident. Quelques jours plus tard, il confie au journaliste de speedactiontv.be que si sa voiture ne peut plus rouler, ils en loueront une autre pour ses copilotes. L’un de ces copilotes s’appelle Michaël Schmetz.
Dès avant l’accident Pierre Grivegnée, qui se laisse décrire dans un luxueux magazine automobile comme un "gentleman-driver", avait embauché ce copilote comme consultant. Schmetz, selon son profil LinkedIn, est titulaire d’un master en administration des affaires de l’Université de Liège. Au Val Saint-Lambert, il travaille au "développement du pôle loisirs, le seul pour lequel il y ait un permis" souligne-t-il.
À partir de juin 2020 (selon l’acte notarié) ou décembre 2019 (selon la BNB), Michaël Schmetz siège au conseil d’administration d’Immoval, la société chargée de développer le Cristal Park, société dont Pierre Grivegnée était l’administrateur délégué, et qui est aujourd’hui en faillite.
"Il brassait surtout du vent"
Comme consultant pour le Cristal Park, Michaël Schmetz "brassait surtout du vent", s’indignent des sources proches du dossier qui ne souhaitent pas être identifées. La société de Michaël Schmetz, Quadrature 7, rendait néanmoins des factures. Dont une de 9000 euros, en novembre 2018 sur la base d’une "convention mensuelle", facture parvenue par un vent favorable au PTB Damien Robert qui l’a remise au procureur du roi en septembre dernier.