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Cristiano Ronaldo, crépuscule brutal d’une légende

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Par Antoine Hick

Ce n’était, pendant longtemps, qu’une triste rumeur à laquelle pas grand-monde ne daignait prêter attention. Et puis, elle a pris du galon, au point d’en devenir officielle ce vendredi : Cristiano Ronaldo a bien signé en Arabie Saoudite. Improbable dénouement d’un feuilleton qui aurait (sans doute) mérité un autre épilogue.


Cristiano Ronaldo, l’immortel. Pendant longtemps, on a cru que c’était le cas. Parce qu’à 35 ans passés, le Portugais continuait d’imposer ses propres limites au temps. Martyriser les défenses adverses, il l’avait toujours fait. Pourquoi subitement s’arrêter ?

Le 22 mai 2022 marque pourtant la fin d’une divine idylle. Mais, à l’époque, on ne le sait pas encore. Et comment pourrait-on, en fait ? Ronaldo vient de planter 18 buts en 30 matches de Premier League avec Manchester United pour entériner un come-back qu’il voulait réussi.

Et puis patatra, le retour de bâton. Brutal, inattendu, fulgurant. Avec Erik Ten Hag, le nouveau coach mancunien, le courant ne passe pas. Guerre d’égos et non plus des goals. Pour la 1e fois de sa carrière, CR7 est benché. Il n’est plus la plaque tournante, encore moins la star de l’équipe.

L’égo en prend un coup. Difficile à accepter. Difficile à concevoir, même, de prendre place sur le banc, un endroit qu’il a appris à détester au fil des ans. Le torchon brûle entre les deux hommes. Et puis, le 13 novembre dernier, la fameuse goutte de trop. L’interview incendiaire, résolument provocatrice et volontairement houleuse : "Je me sens trahi, on a fait de moi un mouton noir" balance CR7 à Piers Morgan, scellant son avenir mancunien d’une simple phrase assassine.

Malheureusement pour lui, la suite fait tout autant mal au coeur. En sélection, aussi, Ronaldo est déclassé. Relégué sur le banc dès les 8e de finale. Son Portugal, lui, ne fait pas illusion et quitte le Mondial dans un certain anonymat, éliminé par le Maroc en quarts.

"Je veux finir ma fin de carrière dignement"

Pestiféré en club, trop brutalement redescendu de son piédestal en sélection, Ronaldo retrouve l’ombre pour la 1e fois depuis une éternité. En l’espace de quelques mois, tout s’écroule. Cruel ascenseur émotionnel pour un homme habitué à squatter les spotlights médiatiques.

Pour la 1e fois depuis une éternité aussi, il décide de ranger ses ambitions personnelles au placard en signant en Arabie Saoudite, lui qui avait fait de son orgueil sa principale marque de fabrique… et force, au fil des ans. Est-ce un aveu d’échec ? Sans doute. En 2015 il expliquait ceci : "Je veux finir au plus haut niveau, dignement, dans un bon club. Cela ne veut pas dire qu’aller aux Etats-Unis, au Qatar ou à Dubaï n’est pas bien, juste que je ne m’y vois pas."

Alors, comment analyser cette fuite si soudaine ? Cela voulait-il dire qu’en Europe, plus personne ne voulait de lui ? Envisageable mais impossible d’en être certain. S'est-il rendu compte que, petit à petit, le poids des âges commençait à se faire ressentir au point de préconiser les pétrodollars au plus haut niveau ? Possible aussi.

Toujours est-il qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, le contraste est poignant entre Cristiano Ronaldo et Leo Messi. Deux des plus grands joueurs de l’histoire, deux hommes qu’on a toujours aimé comparer, deux footballeurs qu’on a toujours aimé opposer.

L’un est sur son petit nuage, confortablement installé au sommet du football mondial, auréolé du dernier titre qui lui manquait. 

L’autre vient de prendre un ticket aller simple vers une retraite dorée (200 millions par an) loin des projecteurs. Reste désormais une question : à ce prix-là, a-t-il eu tort de le faire ?​​​​​​​

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