Nature & Découvertes

Cross-biathlon : un sport d’été aux aspects divers

© @Ellen Leonard

S’il ne peut pas, comme son cousin hivernal, s’appuyer sur une belle et longue tradition séculaire saupoudrée de savoureuses épopées olympiques, le biathlon d’été, ou plutôt le cross-biathlon pour être très précis, est un sport à la fois spectaculaire, particulièrement ludique et… en pleine expansion. Un sport jeune, aussi, que tout le monde peut désormais découvrir sous nos latitudes peu enneigées. Récemment, deux nouvelles sections de cross-biathlon ont ainsi vu le jour à Grez-Doiceau et à Tournai, portant le nombre total de clubs à une dizaine dans notre pays. Courant 2023, une fédération francophone spécifique devrait même voir le jour, renforçant de facto la crédibilité et la pérennité de la discipline. Pour l’avoir testé à deux reprises, lors des épreuves disputées à Visé (le 24/04) et à Liège (le 12/06), on peut vous dire qu’il s’agit là d’un sport - ou plutôt d’une combinaison de deux sports, le trail et le tir à la carabine… - qui peut être à la fois terriblement enthousiasmant ou frustrant.  

Un sport noble où l’humilité est nécessaire

Lors de ces deux manches ‘Majors’, c’est-à-dire celles qui sont directement placées sous l’égide des organisateurs historiques (l’ASBL BDE) et donc plus ‘prestigieuses’ comme peuvent l’être des tournois du Grand Chelem en tennis par exemple, nous avons découvert les spécificités de ce sport méconnu mais à haut potentiel " fun ". Un sport né ou plutôt ressuscité voici six ans dans les cerveaux en constante ébullition des trois frères Wacquez : Antonin, Joachim et Mathias. Le concept, à la fois novateur et fédérateur, séduit sans cesse de nouveaux adeptes tout en s’appuyant sur une base de fidèles "de plus en plus performants", comme le constate Joachim Wacquez. "Aujourd’hui, on a des athlètes mieux préparés, qui ont fait du cross-biathlon un vrai objectif, plus uniquement un sport de loisir." Concrètement, en quoi cela consiste-t-il ? Et qu’est-ce qui a poussé la fratrie Wacquez à tenter l’aventure en Belgique, en combinat ces deux disciplines opposées mais en réalité terriblement complémentaires ? "A la base, on était tous passionnés de biathlon, un sport d’hiver alliant ski de fond et tir à la carabine qu’on regardait à la télé mais, étonnamment, qu’on ne pratiquait pas pour autant. Le biathlon, c’est un sport noble, spectaculaire et particulièrement télégénique puisqu’il allie des compétences très opposées : le dynamisme, la force, l’explosivité et l’endurance nécessaires au ski ou au trail et, a contrario, le calme et la concentration indispensables pour le tir à la carabine. En outre, grâce à l’adjonction de ces deux disciplines fort différentes, il s’y greffe régulièrement un aspect que je qualifie de ‘retournement de situation’. Quand l’athlète arrive sur le pas de tir, où il est nécessaire qu’il maîtrise sa respiration, tout peut se produire. Les biathlètes ont beau avoir les meilleures qualités physiques, ils doivent rester humbles par rapport à tout cela."  

© @Ellen Leonard

Une première version expérimentale

Lors des deux ou quatre séances de tir au laser qui s’invitent au cœur des sessions de course de trail, les résultats peuvent varier fortement d’une repasse à un autre, d’un athlète à un autre en fonction de la fatigue, bien sûr, mais aussi du stress, des conditions météo ou d’une certaine forme de précipitation liée à la présence parfois oppressante des concurrents directs. Forts de ces constats, les frères Wacquez, rapidement rejoints par plusieurs autres membres organisateurs, se sont dit qu’avec l’engouement exceptionnel du trail en Belgique, un pays où l’enneigement est à la fois extrêmement aléatoire et rare, il pourrait être fun de remplacer le ski de fond par de la course nature, en y ajoutant un peu de dénivelé pour accroitre le plaisir dans la souffrance, tant qu’on y est ! "En réalité, le principe de base est d’alterner les tours de course à pied (NDLR : en général 2 à 2,5 kilomètres avec des dénivelés positifs allant de 40 à 100 mètres à chaque fois) et des séances de 5 tirs à la carabine laser effectués à 10 mètres de la cible, soit en position couchée soit en position debout. Comme les tirs couchés, plus stables, sont plus aisés, la cible est plus petite lors de ces séances-là : 3,5 centimètres de diamètre pour 6 en position debout. En fonction de vos échecs, vous pouvez être pénalisé par une perte de temps d’une minute ou par l’obligation d’effectuer un tour de pénalité (de 180 mètres) par cible manquée. Cela peut être extrêmement frustrant et incite en tout cas à faire preuve de beaucoup d’humilité". Même si cette variante estivale du biathlon avait déjà été testée ça et là dans d’autres pays avant de quasiment disparaitre de la planète sport, le concept cross biathlon refait alors surface avec une certaine réussite. Comme une résurrection, en quelque sorte. "A la base, on l’a testé en 2016 pour le fun, avec 40 ou 50 potes rapidement conquis", poursuit Joachim Wacquez. "Les participants ayant directement adoré (et adhéré à) notre concept lors de ce premier essai assez expérimental, avec un chronométrage effectué à la main, on a ensuite voulu proposer un véritable événement, qui a rassemblé 200 personnes l’année suivante. Cela nous a incités à créer quelque chose de plus ‘professionnel’ en quelque sorte, avec des inscriptions payantes et un chronométrage électronique."  

© @Ellen Leonard

Différents formats originaux

Ce sport inédit peut aussi se décliner sous différents formats que nous détaille Joachim Wacquez. "C’est là aussi tout l’intérêt de ce sport qui est à la fois ludique et varié. Il y a d’abord le format classique, le sprint, qui est une sorte de contre-la-montre individuel de 5 ou 10 kilomètres, soit 2 ou 4 boucles avec à chaque fois des séances de tirs qui l’agrémentent et des tours de pénalité par cible manquée. Dans certains cas, le sprint peut être suivi par une poursuite où, en fonction des résultats de la course sprint, les candidats repartent l’après-midi en fonction de leur ordre d’arrivée du matin. Si le premier a 10 secondes d’avance sur le deuxième, celui-ci partira 10 secondes après lui et ainsi de suite pour une fin de course passionnante. Le format individuel est pareil que le sprint mais les sanctions sont cette fois-ci une perte de temps d’une minute par cible manquée. C’est un format qui favorise surtout les bons tireurs. On a ensuite le format mass start, qui est à mes yeux le plus gai et le plus tactique puisqu’il s’agit d’un départ groupé, de généralement 30 coureurs de force plus ou moins équivalente, où le premier arrivé gagne, tout simplement. Pour le public, c’est plus spectaculaire parce qu’on peut voir les dépassements en directs. Enfin, il y a aussi le format relais qui se fait par équipes de 4 où chaque athlète fait une boucle et une séance de tirs, passe le relais et le refait à nouveau plus tard."  

© @Ellen Leonard

Initiations scolaires et team-buildings

Fin 2017, une ASBL spécifique fut donc lancée par ces pionniers qui ne comptent pas leurs heures et qui proposent dans un premier temps un mini-challenge de deux manches. Eté après été, ce challenge a pris de l’ampleur : aujourd’hui, en plus des quatre manches ‘Majors’ (dont trois ont déjà été disputées…), six autres manches plus modestes ont vu le jour un peu partout en Wallonie et au Luxembourg, dont celle qui se disputera ce dimanche à Wartet, dans la Province de Namur. Cet engouement a impliqué par effet ricochet la création de clubs pleinement dédiés à sa pratique, d’entraînements spécifiques pour les membres de la Fédération, d’animations scolaires et même de team-buildings originaux auprès de certaines entreprises. Récemment, on a ainsi vu l’équipe nationale féminine de foot, les Red Flames, tester le cross-biathlon avec un plaisir évident. Le concept, visiblement porteur, a même traversé la frontière linguistique puisqu’une compétition similaire est conjointement organisée dans chacune des cinq provinces flamandes avec, au bout du compte, la perspective d’organiser un véritable championnat de Belgique réunissant les meilleurs athlètes des deux ailes linguistiques, le 13 novembre dans le nouveau stade de Biathlon d’Elsenborn avec cette fois-ci des tirs au plomb plutôt qu’au laser. Les francophones étant actuellement plus forts que leurs homologues flamands, ils seront 8 dans chaque catégorie (messieurs, dames et juniors) pour 3 flamands. Mais la veille de la course, une sorte de préqualification permettra aux cinq meilleurs de cette course de se joindre in extremis à la fête.   

Les prochaines courses de cross-biathlon auront lieu :  

  • 26 juin à Wartet (Special)  
  • 07 août à Herve (Special)  
  • 28 août à Eupen (Special)  
  • 11 septembre à Schifflange (Luxembourg, Special)  
  • 17-18 septembre à Fayenbois (Majors)  
  • 23 octobre Finale Challenge  
  • 13 novembre Championnats Belgique (Elsenborn)  

 

Plus d’infos sur le site : https://sites.google.com/view/biathlondete/accueil 

Loading...

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous