Mais qu’est-ce que le bitcoin ? Il s’agit avant tout d’une monnaie virtuelle qui n’est émise par aucune autorité bancaire centrale. C’est pourquoi on parle de "cryptomonnaie décentralisée". Dès le départ du projet, il a été décidé de limiter l’émission de bitcoins à 21 millions d’unités au total. Un montant qui devrait théoriquement être atteint en 2140. Mais en 2018, 80% des bitcoins avait déjà été émis.
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Le cours de la cryptomonnaie dépend uniquement du rapport entre l’offre et la demande. Il est donc extrêmement volatile. Ainsi, par exemple, au début de l’année 2017, la valeur d’un BTC dépassait légèrement la barre des 1000 $. Un an plus tard il atteignait 14.000 $. Début 2019 il pointait aux alentours de 7000 $ et aujourd’hui, il a atteint la valeur historique de 23.500 $. C’est dire que ses fluctuations ont de quoi inquiéter les investisseurs les plus prudents.
En Afrique 80% des ménages ne possèdent pas de compte bancaire courant
Mais, malgré cette volatilité impressionnante, le bitcoin possède des atouts qui le rendent extrêmement attirant en Afrique. Sur le continent, où 80% des ménages n’ont pas accès à un compte bancaire courant, la cryptomonnaie s’installe comme une valeur refuge face à des monnaies locales qui sont souvent exposées à l’inflation. Elle permet ainsi de contourner des taux de change parfois surévalués localement et de limiter l’impact de certaines dévaluations. Elle est aussi de plus en plus populaire pour réaliser des transferts d’argent.
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Pour certains spécialistes de la question, comme Jérôme Mathis et Daniel Ouedraogo, tous deux professeurs d’économie à l’Université Paris-Dauphine, la cryptomonnaie soulève une question importante pour l’avenir de l’Afrique. Celle de la création d’une monnaie commune au continent. "Les enjeux liés à l’utilisation d’une monnaie commune au sein d’un continent sur lequel circulent pas moins de quarante devises officielles sont bien réels, expliquaient-ils récemment dans une carte blanche publiée dans le journal Le Monde. Les flux marchands entre pays sont entravés par l’aléa des variations de change et les coûts de conversion. L’intégration monétaire africaine permettrait de faciliter les échanges commerciaux, comme l’euro facilite les échanges au sein de la zone euro, et ainsi concourir au développement économique du continent."
A la recherche d’une cryptomonnaie africaine
Mais les deux économistes ne croient pas pour autant à la prophétie de Jack Dorsey. Car, pour eux, le bitcoin n’est pas suffisamment adapté à la situation en Afrique. En cause, sa volatilité, évidemment, mais aussi les risques de piratage informatique. "Les populations l’utilisent faute de mieux, mais restent en demande d’une cryptomonnaie plus stable et plus sécurisée", écrivent les deux économistes. Un chantier sur lequel se penchent aujourd’hui de nombreux entrepreneurs africains. Ces dernières années, on a ainsi vu émerger de nouveaux projets de cryptomonnaies, comme l’Afro, qui ambitionne désormais de remplacer le bitcoin à l’échelle du continent.