Belgique

Cultes : l’Exécutif des musulmans juge "inacceptable" la décision du retrait de reconnaissance par le ministre de la Justice

Le ministre fédéral de la Justice Vincent Van Quickenborne le 4 février 2021

© AFP

Par Belga

La décision du ministre de la Justice d’entamer la procédure de retrait de reconnaissance de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) est "inacceptable", a commenté vendredi son président, Mehmet Ütsün.

Dans une réaction auprès de l’agence Belga, celui-ci se dit "étonné et déçu" de la décision du ministre Van Quickenborne.

Reportage de notre 19h30:

Selon Mehmet Ütsün, il n’appartient pas au ministre, mais plutôt à la communauté musulmane, de juger l’Exécutif des musulmans. Dans un communiqué de presse diffusé en fin d’après-midi, l’Exécutif dit souhaiter "que le ministre de la Justice respecte l’Etat de droit et les principes constitutionnels de notre pays".

"Le culte musulman dispose de l’autonomie de s’organiser lui-même et n’a pas besoin d’ingérence du monde politique. Ce à quoi l’on assiste, c’est du jamais vu. Nous vivons dans un pays séculier où la séparation de l’Eglise et de l’Etat est garantie par la Constitution. Le monde politique peut nous critiquer mais ne peut pas décider à notre place", a souligné Mehmet Ütsun, interrogé par Belga.

L’Exécutif regrette "qu’un dialogue serein avec le ministre n’a pu être possible". "L’Exécutif ne se reconnaît absolument pas dans l’image négative qu’on lui donne et s’en éloigne formellement. Par ailleurs et comme nous l’avions annoncé, notre processus de renouvellement est en cours et nous continuons notre travail pour le réaliser au plus vite", a-t-il ajouté.

Extrait Jt de ce 18 février (13 heures)

Le ministre de la Justice a annoncé vendredi matin sur les ondes de la radio VRT sa décision d’entamer la procédure de retrait de reconnaissance de l’Exécutif des musulmans, estimant que celui-ci ne représentait plus aujourd’hui l’ensemble de la communauté musulmane de Belgique.

L’Exécutif des musulmans de Belgique est le représentant officiel de la communauté musulmane en Belgique. Il perçoit à ce titre quelque 600.000 euros de subsides par an. Le fonctionnement interne de l’organe fait toutefois débat depuis des années.

Il lui est notamment reproché son manque de transparence ainsi que sa perméabilité aux influences de pouvoirs étrangers, turcs et marocains essentiellement. Un rapport de la Sûreté de l’Etat avait en outre relié il y a quelques mois son président Mehmet Ütsün à l’extrémisme. Cet organe est également miné par des dissensions internes qui ont mené trois de ses membres à requérir devant le tribunal de l’entreprise de Bruxelles la désignation d’un administrateur provisoire. La demande a toutefois été rejetée à la fin de l’année passée.

Pour le ministre de la Justice, la coupe est à présent pleine, raison pour laquelle il a décidé d’entamer la procédure de retrait de reconnaissance officielle de l’Exécutif, ce qui conduira aussi à la fin de sa subsidiation par l’Etat. Interrogé mercredi en commission de la Justice de la Chambre, le ministre a balayé le projet de renouvellement de cet organe, le jugeant insuffisant.

L’Exécutif des musulmans aura un droit de réplique dans le cadre de cette procédure de retrait.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous