Le livre de la saison cycliste 2021 va doucement se refermer. S’il reste quelques lignes à écrire, les principaux chapitres ont été couchés sur le papier. Certains sont gravés dans le marbre comme des instants d’éternité. Six hommes ont marqué la saison un peu plus que les autres : Tadej Pogacar, Primoz Roglic, Julian Alaphilippe, Mathieu Van der Poel, Sonny Colbrelli et notre compatriote Wout van Aert.
Chasseur de Monuments, vainqueur du Tour, Pogacar le champion tout terrain
Du haut de sa première place mondiale, Tadej Pogacar peut toiser le peloton. Pour se hisser au sommet, Pogi a composté 13 victoires. Il a bien sûr prolongé son règne sur le Tour de France. Le Slovène a aussi exploré des territoires inconnus. Il avait déjà montré ses qualités dans les courses d’un jour. On le savait capable de briller sur ce terrain. Mais en claquant la même année Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie, le coureur d’UAE Team Emirates a fait une entrée fracassante au palmarès des Monuments. Grimpeur hors pair, rouleur de talent et doté d’une belle pointe de vitesse, Pogacar est un champion tout terrain et porté vers l’offensive. A 23 ans, il a tout pour s’inscrire durablement tout en haut de la hiérarchie planétaire.
Ses 13 victoires : Tour des émirats et une étape, Tirreno-Adriatico et une étape, 3e étape du Tour du Pays basque, Liège-Bastogne-Liège, Tour de Slovénie et une étape, Tour de France et 3 étapes, Tour de Lombardie. Il a également fini 3e des Jeux olympiques de Tokyo.
Primoz Roglic les chutes et l’art de se relever
L’histoire de Primoz Roglic paraît bégayer. C’est une chute (en saut à skis) qui l’a mené au vélo, ce sont des chutes qui rythment sa carrière sur deux roues. Cette année ses rendez-vous avec le bitume ont à nouveau freiné ses ambitions. Il a vu s’envoler la victoire à Paris-Nice et ses rêves de jaune sur la route de France. Quand il reste "debout", il fait partie des tous meilleurs. Intouchable quand il est au sommet de sa forme, il a enquillé 13 victoires, comme son compatriote. Rogla a transformé le rebond en art. Ses échecs au Tour, il les a gommés en allant chercher la Vuelta. Et de quelle manière cette année : avec quatre étapes en plus du général. Cette année, il avait amorcé son redressement à Tokyo avec l’or du chrono, 24 jours seulement après son abandon sur la route de Tignes.
Ses 13 victoires : 3 étapes de Paris-Nice, Tour du Pays basque et une étape, champion olympique du contre-la-montre, la Vuelta et quatre étapes, Tour d’Émilie, Milan-Turin.
Wout Van Aert, 13 victoires pour un coureur multifacettes
Troisième pointe du trident à 13 victoires, Wout van Aert a été omniprésent tout au long de la saison. Des Strade (4e) à Paris-Roubaix (7e), il a étalé la palette de son talent et de son éclectisme. Son Tour de France constitue le meilleur exemple avec trois victoires dans trois registres complètement différents : à Malaucène après avoir gravi le Ventoux, à Saint-Emilion dans le chrono et au sprint sur les Champs Elysées.
Gand-Wevelgem, l’Amstel, le championnat de Belgique, 2e à Tokyo et aux mondiaux de chrono, 3e à Sanremo, 6e au Ronde, un festival en Grande Bretagne (4 victoires et le général) sa saison reste exceptionnelle de régularité. Certains pointeront quelques rendez-vous manqués comme sa 11e place à Louvain. Ce serait oublier un peu vite ce qu’il a accompli.
Van Aert peut tout faire ou presque sur un vélo et paradoxalement, c’est peut-être aussi un désavantage. En tout cas, cela complique les choix. A se dépenser sans compter sur tous les terrains, il lui manque parfois ce petit soupçon d’énergie qui fait la différence dans les moments clés. Une leçon pour l’avenir ?
Ses 13 victoires : deux étapes de Tirreno-Adriatico, Gand-Wevelgem, Amstel Gold Race, championnat de Belgique, 3 étapes du Tour de France, Tour de Grande Bretagne et 4 étapes.
Julian Alaphilippe, un arc-en-ciel qui brille dans les grandes occasions
De nos six hommes de la saison, il est celui qui le moins gagné. A peine quatre petits bouquets. Mais Julian Alaphilippe a pratiquement coché tous ses objectifs (à l’exception peut-être de Liège-Bastogne-Liège, 2e).
Il a dompté une 3e fois le Mur de Huy en gobant un Roglic trop ambitieux dans les derniers mètres. Loulou a ensuite été chercher le premier maillot jaune de la Grande Boucle à Landerneau. Deux belles lignes sur un palmarès, mais qui ne tiennent pas la comparaison avec un maillot arc-en-ciel. Sa démonstration aux Mondiaux est clairement son chef-d’œuvre. A chaque fois, il s’est imposé fait dans son style avec audace et panache.
Ses 4 succès : une étape de Tirreno-Adricatico, la Flèche wallonne, une étape du Tour de France, le championnat du monde.
Mathieu Van der Poel, roi des Strade et l’hommage à Poupou
Mathieu Van der Poel aussi peut revendiquer le titre de vainqueur spectaculaire. Quand il lève les bras, souvent il marque les esprits : une accélération dévastatrice dans les rues de Sienne, un solo de 51 kilomètres sous la pluie à Tirreno, une attaque pleine de culot à Mûr de Bretagne pour rendre le plus beau des hommages à son Grand-Père (Raymond Poulidor). VDP a le sens du show. Il court à l’instinct. Ça ne fonctionne pas toujours (3e Roubaix, 2e Ronde) mais il fait souffler – comme d’autres – un vent de fraîcheur sur le peloton.
Ses 8 victoires : une étape du Tour des émirats, les Strade Bianche, deux étapes de Tirreno-Adriatico, deux étapes du Tour de Suisse, une étape du Tour de France, Antwerp Port Epic.
Sonny Colbrelli, une éclosion tardive pour une fin de saison tonitruante
Sonny Colbrelli est sans doute le nom le plus inattendu de ce top 6. Et jusqu’au mois de juin, il avait peu de raisons d’y figurer. Sprinter-puncheur, l’Italien a vieilli comme le bon. La trentaine passée (31 ans), le Lombard s’est découvert grimpeur. Brillant au Dauphiné, épatant à Saint Gaudens et Tignes sur le Tour, Colbrelli a terminé la saison en boulet de canon. Il a accroché le tour du Benelux, a frustré Remco Evenepoel à l’Euro avant de surfer sur les pavés et la boue pour sa première à Paris-Roubaix.
Ses 8 victoires : une étape du Tour de Romandie, une étape du Critérium du Dauphiné, champion d’Italie, le Tour du Benelux et une étape, champion d’Europe, Mémorial Marco Pantani, Paris-Roubaix