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Cyclisme : Tiesj Benoot et Christophe Laporte, les nouveaux domestiques de luxe de Wout van Aert

Cyclisme – L’équipe Jumbo-Visma a axé son recrutement pour entourer Wout van Aert sur les grandes classiques et courses d’un jour. Sur la photo, de gauche à droite : Christophe Laporte, Wout van Aert et Tiesj Benoot.

© Belga (montage RTBF)

Wout van Aert devrait être l’un des grands animateurs du prochain printemps des classiques cyclistes. Déjà très en vue ces dernières saisons, le leader de l’équipe Jumbo-Visma possédera en 2022 un atout supplémentaire dans sa musette. Avec les arrivées de Tiesj Benoot, Tosh Van der Sande ou Christophe Laporte, van Aert pourra (enfin) compter sur une équipe très solide. Mais en signant dans la formation néerlandaise, est-ce que ces nouveaux coureurs renoncent à leurs ambitions personnelles ? Sont-ils prêts à jouer les domestiques de luxe ?

En découvrant, au compte-gouttes fin de l’année 2021, les transferts entrants de la formation néerlandaise Jumbo-Visma, on a rapidement décelé un switch dans l’esprit des dirigeants. Après avoir longtemps tout misé sur les grands tours avec les Primoz Roglic, Tom Dumoulin, Steven Kruijswijk ou Jonas Vingegaard, Jumbo-Visma a (enfin) choisi de mieux entourer Wout van Aert sur le terrain des classiques. Très, et trop, esseulé dans le final des grandes courses d’un jour, le champion belge va pouvoir compter sur des appuis en 2022.

D’abord grâce au recrutement de trois coureurs de grande qualité : Tiesj Benoot (BEL), Tosh Van der Sande (BEL) et Christophe Laporte (FRA). Mais aussi via le retour de blessure de Mike Teunissen (P-B). Le Néerlandais, premier maillot jaune du Tour de France 2019 à Bruxelles, avait loupé tout le printemps 2021 après une chute durant le stage de préparation. Wout van Aert a pu prendre le pouls de ses nouveaux équipiers lors des deux stages hivernaux de l’équipe, en décembre et en janvier. Et ce même si le deuxième a été écourté suite à un contrôle positif au Covid-19.

En 2022, le champion de Belgique est prêt à gagner moins en quantité pour pouvoir décrocher de plus grandes victoires, comme un Monument du cyclisme par exemple. Avec ses nouveaux équipiers, il se sent plus armé. "On a effectivement essayé de grandir le noyau de coureurs pour les classiques, car on ne sait jamais ce qu’il peut arriver, une blessure, une chute ou un forfait. Des gars très costauds sont arrivés. Benoot et Laporte sont par exemple capables de gagner des classiques. J’espère donc pouvoir arriver dans le final des courses avec plus de monde autour de moi. Alors, on pourra un peu jouer sur ça, sur la supériorité de l’équipe. Je ne connaissais pas beaucoup Christophe Laporte. Mais je sais qu’il a de grandes qualités. Du coup, quand l’opportunité de l’engager s’est présentée, j’ai dit que ce serait bien pour moi. Je connais mieux Tiesj et Tosh", note Wout van Aert.

Entre Wout et moi, ça marche bien

Pour Tiesj Benoot, cette arrivée chez les jaunes et noirs est une bulle d’oxygène. Le grand Tiesj n’était plus en phase avec la ligne directrice de son ex-équipe Team DSM, il a donc opté pour le déménagement. "Fin octobre, j’ai parlé avec beaucoup d’équipes et Jumbo-Visma a montré beaucoup d’intérêt par rapport à ma venue. Le choix n’a pas été très compliqué pour moi, car tout le monde veut rouler dans une formation d’un tel niveau. Chaque équipe a ses différences, mais je ressens ici un mix entre passion, professionnalisme et relax. C’est un environnement qui me convient et me donne beaucoup d’énergie. Tu sens que tu es dans une des meilleures équipes du monde", explique Tiesj Benoot.

"Avec les nouveaux transferts et la présence de Mike Teunissen et Nathan Van Hooydonck, nous avons effectivement une belle équipe pour les classiques flandriennes. Ça me semble nécessaire pour pouvoir rouler contre des blocs comme Quick-Step Alpha Vinyl ou contre Mathieu Van der Poel. Dans le passé, on a vu que Wout était souvent esseulé à 50 ou 60 kilomètres de l’arrivée. Maintenant, ça doit être différent. C’est à ce moment-là, dans le final de course, que moi je dois pouvoir lui apporter mon aide et jouer mon rôle de coéquipier. Quand vous regardez le résultat du Tour des Flandres 2021, van Aert, Laporte et moi, nous étions tous les trois dans le TOP 12. Ça signifie qu’on peut former un beau bloc dans le final d’une grande course".

"Entre Wout et moi, ça marche bien. Nous avons partagé la même chambre pendant les Jeux Olympiques de Tokyo. Avant de signer ici, je lui ai téléphoné pour savoir comment lui, il voyait les choses. C’est important pour moi de rouler avec un leader qui n’est pas égoïste. Et lui, c’est un mec très sympathique", confie Benoot.

Van der Sande arrive chez Jumbo-Visma après une très bonne saison 2021

Tosh Van der Sande est l’autre renfort belge des Jumbo-Visma. Après dix saisons au sein de la structure Lotto, il change d’air pour la toute première fois. Coureur très complet, Tosh Van der Sande sort d’une très bonne saison 2021. Alors oui, le garçon ne gagne pas souvent (seulement deux succès chez les pros) mais l’année dernière, il a collectionné quelques TOP 10. "J’ai été très honoré par cet intérêt. Pendant dix ans, j’ai couru pour Lotto, donc ce sera un changement sérieux. Si une équipe comme Jumbo-Visma cherche à entrer en contact, vous ne devez pas hésiter longtemps. C’est la meilleure équipe, ou l’une des meilleures équipes du monde. Le cadre et le professionnalisme me plaisent beaucoup. J’espère pouvoir faire mon chemin dans le noyau des classiques pour servir Wout van Aert. Je pense que ma valeur ajoutée réside dans mon sang-froid dans les situations de stress, en me positionnant et en roulant à l’avant avec le leader. Ce sont mes principaux atouts", déclarait Van der Sande après l’annonce de son transfert.

Choisir et décider de la course plutôt que de la subir

Van der Sande est aussi un coureur assez rapide. Mais sur le terrain de la vélocité, Jumbo-Visma a fait fort en enrôlant le Français Christophe Laporte. "Après huit années chez Cofidis, c’est un grand changement pour moi. Là-bas, je connaissais tout le monde et ici, j’arrive en ne connaissant personne. La plupart du temps je dois parler en anglais et j’ai encore besoin de le peaufiner ! La barrière de la langue est en fait mon plus gros défi de ce début de saison. Je me concentre sur l’anglais parce que le néerlandais ça va être trop compliqué (rires). J’avais besoin de ce changement, pouvoir sortir de ma zone de confort. Je m’étais toujours dit que dans ma carrière, j’essayerais d’aller à l’étranger. Pour être le meilleur possible, il faut aussi côtoyer les meilleurs. Quand une telle occasion se présente, il ne faut pas la laisser s’échapper. Pour l’instant, je ne regrette pas", raconte Laporte.

"On a vu qu’il manquait un peu de main-d’œuvre dans les classiques flandriennes. Je suis là pour pallier ce manque. Quand on a un coureur comme Wout dans une équipe, c’est une nécessité d’avoir du monde autour de lui. On va avoir une très belle équipe pour les classiques et on va pouvoir peser sur la course. Choisir comment ça va se décider, plutôt que de subir".

Et les ambitions personnelles dans tout ça, on y renonce ?

Si Tosh Van der Sande n’était pas particulièrement protégé chez Lotto-Soudal, Tiesj Benoot et Christophe Laporte viennent, eux, d’une équipe où ils étaient le leader pour les classiques. Alors question, quand on signe chez la Jumbo-Visma de Wout van Aert, est-ce qu’on renonce à une partie de ses ambitions personnelles ?

"En venant ici, je ne pense pas du tout que je vais devoir renoncer à mes ambitions personnelles", répond Tiesj Benoot. "C’est certain que sur certaines courses, je serai là pour aider Wout, Primoz ou quelqu’un d’autre. Dans mon esprit, je pense que j’aurai peut-être moins d’occasions de jouer la victoire. Mais quand ce sera le cas, quand je pourrai jouer la gagne, j’ai le sentiment que mes chances de victoire augmenteront. Je pourrais par exemple profiter de la rivalité entre Wout et ses adversaires pour attaquer de loin. C’est donc plutôt positif pour moi de rouler dans la même équipe que lui", détaille le coureur belge.

"Sur certaines courses, je sais que je vais devoir renoncer à mes ambitions personnelles", analyse de son côté Christophe Laporte. "J’aurai moins de libertés que chez Cofidis. Sur le papier, Wout sera le leader. Mas les classiques sont des courses ouvertes et il faut plusieurs cartes à l’avant. En fonction des circonstances de courses, un autre coureur de l’équipe pourrait en profiter. D’autant plus qu’il y a beaucoup de coureurs rapides chez nous avec van Aert, Teunissen, Van der Sande et moi".

On l’a compris, Tiesj Benoot et Christophe Laporte n’écartent pas une ouverture en fonction des circonstances de course. Mais l’atout numéro un sera bien Wout van Aert.

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