Mobilité

D'ici l'été, les radars tronçons seront actifs en permanence et sans marge de tolérance

Par Estelle De Houck, Sarah Hendricks et Eric Boever et Agences

D’ici l’été, les contrôles de vitesse sur les autoroutes au moyen de radars tronçons devraient être actifs en permanence, sans plus aucune marge de tolérance. C’est ce qu’a annoncé dimanche le ministre fédéral de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld), après un projet pilote concluant mené sur sept autoroutes du pays.

En raison d’une capacité de traitement limitée, des marges de tolérance sont appliquées en Wallonie et à Bruxelles, tandis que des quotas sont mis en place en Flandre pour les contrôles de vitesse. Ce faisant, les poursuites judiciaires peuvent différer d’un endroit à l’autre de la Belgique.

Cela manquait totalement de cohérence

"Cela manquait totalement de cohérence. Il y avait des quotas dans certaines parties du pays – on éteignait le radar une fois qu’on avait atteint un certain quota de PV. Et dans d’autres parties du pays, on avait une marge de tolérance qui faisait que vous n’étiez pas flashé en dessous de 140 km/h sur l’autoroute", explique Benoït Godart, porte-parole de l’Institut de sécurité routière Vias.

Tout cela sera donc bientôt fini. Dès cet été, les radars tronçons fonctionneront 24 heures sur 24 et sans marge de tolérance.

Un projet pilote

Une expérience pilote menée dans plusieurs zones a prouvé que des radars tronçons permanents font baisser la vitesse, mais aussi le nombre d’accidents.

Ce projet pilote a été lancé sur sept autoroutes où ces marges et quotas ont été complètement supprimés, tout en maintenant la correction technique. Pour une vitesse de moins de 100 km/h, la tolérance a été fixée à 6 km/h. Dans le cas où elle dépasse les 100 km/h, la tolérance correspond à 6% de la vitesse à laquelle l’automobiliste roule. En d’autres termes, si un conducteur roule à 121 km/h sur l’autoroute, il n'est pas flashé.

Sur cinq autoroutes de la Région wallonne, les conducteurs étaient flashés à une vitesse réelle de 129 km/h au lieu de 141 km/h. Sur deux autoroutes flamandes, les radars tronçons étaient actifs en permanence et non plus seulement deux semaines par mois.

Si l’on observe l’augmentation du nombre d’infractions enregistrées, on constate, logiquement, que la suppression du quota double les chances d’être pris. Sur les autoroutes wallonnes, la suppression des marges de tolérance entraîne cinq fois plus de PV pour excès de vitesse. Au total, près de 30.000 amendes supplémentaires ont été infligées au cours du projet pilote.

Les gens adaptent leur comportement au volant

Cette augmentation est temporaire, ponctue le ministre Van Quickenborne. "Nous savons, grâce à l’expérience acquise à d’autres endroits, qu’en moins d’un an, le nombre d’infractions constatées retombe au niveau antérieur, car les gens adaptent leur comportement au volant et modèrent leur vitesse".

Là où les marges de tolérance ont été supprimées, la vitesse moyenne corrigée est passée de 130 à 120 km/h. Ce qui, comme l’attestent plusieurs études menées par l’institut Vias, est un grand pas en avant pour la sécurité routière. Le risque d’accidents mortels serait en effet réduit de plus de 30%.

La crainte des parquets

A noter que ce regain de sévérité inquiète les parquets, qui craignent d’être débordés. C'est pourquoi la police et le parquet vont recevoir des moyens supplémentaires afin d’être en mesure de traiter l’ensemble des infractions.

Il faudra voir sur le terrain comment cela va être et si cela va être aussi automatique qu’on nous le dit

Le ministre de la justice a notamment promis d’informatiser les poursuites. "Si c’est le cas, il faut s’en réjouir et tant mieux car on pourra alors tout absorber", explique le Procureur du Roi du Brabant-Wallon Marc Rézette. "Sur papier, c’est une bonne nouvelle. Maintenant il faudra voir sur le terrain comment cela va être et si cela va être aussi automatique qu’on nous le dit."

Des recrutements sont également en cours : 140 agents supplémentaires vont renforcer les tribunaux de police et les parquets locaux. Sans oublier le futur Parquet national de la sécurité routière, qui verra le jour cet été.

L’an dernier, 484 personnes ont perdu la vie sur les routes belges et quelque 40.000 personnes ont été blessées. En 2019, avant que la crise sanitaire ait un impact sur la circulation, on comptait 644 personnes tuées sur la route, ce qui est bien plus élevé que dans de nombreux autres pays européens.

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