Football

D2 acff : Cédric Fauré et Steve Dessart font l’actu, Warnant fait la loi

Image d'illustration de la petite tribune de Warnant

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Alors que l’ancien professionnel français Cédric Fauré débute sa carrière d’entraîneur en Belgique par un entraînement à huis clos à Namur, que Steve Dessart n’a plus voulu entendre parler de Waremme, Warnant continue à surprendre au sommet de la D2 acff.  Le club liégeois est pourtant limité dans ses ambitions.

C’était annoncé et le changement a été officialisé en toute fin de week-end dernier : à 43 ans, le Toulousain Cédric Fauré, ancien attaquant du Sporting de Charleroi, de l’Antwerp ou de l’Union St Gilloise mais aussi de pas mal de clubs de Ligue 1 et Ligue 2 française fera connaissance, samedi avec la D2 acff, dans le costume de nouvel entraîneur de l’Union Namur, en déplacement à l’URLC.

Lundi soir, le Français a dispensé son premier entraînement de la semaine chez les Merles, tout heureux de retrouver le terrain après quelques mois sans foot. Première péripétie maison, cette séance était à huis clos, une décision souhaitée par la direction du club, toujours sous le coup de la frustration liée au fait d’avoir été dribblée la veille dans sa communication d’annonce du nouveau coach par un media de la place.
Cédric Fauré a débuté ces dernières saisons une nouvelle carrière d’entraîneur en nationale 3 française pour le compte de Mulhouse, club alsacien qu’il a dû quitter parce que celui-ci était englué dans des tracas financiers. Repris entretemps par plusieurs avocats qui y ont placé leurs pions, Mulhouse a poursuivi sa route un échelon plus bas encore sans Cédric Fauré, de retour en Belgique et plus précisément à Sombreffe, auprès des siens avec l’équivalent d’un diplôme Uefa-A en poche.

Cédric Fauré (en 2016)

" J’ai lu qu’il était entré en contact avec le président Annet par l’intermédiaire d’un certain Denis Fournier, raconte Amaury Toussaint, entraîneur de Tubize-Braine B (P1 Brabant), qui a eu le joueur français sous ses ordres à Waterloo, en première provinciale. Je crois surtout que l’ancien T2 des Merles, Jérôme Patris, également dans le staff sportif à Waterloo à cette époque a dû bien défendre sa candidature. Cédric est encore passé comme joueur par la première division andorrane au sortir de sa carrière belge et de son expérience à l’Union St Gilloise. Puis, nous l’avons repéré dans le championnat ABSSA. Comme il n’habitait pas très loin de la Botte du Lion, nous lui avons proposé, en janvier 2020 une dernière pige à Waterloo. Cette saison en question n’a pas pu aller jusqu’à son terme, en raison de la Covid. Comme plusieurs équipes descendantes de D3 acff étaient brabançonnes, cela a entraîné davantage de sièges basculants en P1.

Hélas, Waterloo était sur un de ces sièges. Dommage car avec Cédric, nous nous serions sauvés. Sur quelques matches, il nous avait inscrit déjà quelques précieux buts. On ne voyait pas qu’il était jeune quadragénaire. Je me souviens surtout de cette rencontre face à Genappe où deux de ses buts ont été annulés pour des hors-jeux contestables et deux de ses envois avaient été repoussés par la barre transversale. C’était un vrai gars des seize mètres. Souvent bien placé, opportuniste en diable et doté d’une belle frappe. Sur le plan humain, j’ai le souvenir de quelqu’un de très abordable et donc forcément agréable à côtoyer. Comme joueur, c’était un leader, un rassembleur. Jamais avare de conseils aux autres. Il suffit de regarder tout son parcours footballistique pour se dire qu’on est face à un homme qui a du vécu au plus haut niveau. Je suis certain qu’il va en étonner plus d’un aussi comme entraîneur à Namur. Il était impatient à l’idée de coacher en Belgique. Il me l’avait encore confié tout dernièrement lors d’un match des anciens de La Louvière contre les anciens de l’Union, équipe dont il faisait partie. "

Henri Verjans et Thierry Raskin en interim à Waremme

Henri Verjans

Cédric Fauré installé à la barre de l’Union Namur, restait aussi, en ce début de semaine à savoir comment Waremme comptait s’organiser face à la confirmation de la démission de Steve Dessart, entraîneur principal et son adjoint Lorenzo Lucania au surlendemain d’une nouvelle cinglante défaite à domicile face à Jette (0-4).

Les encouragements du président Patrick Ainseur, du manager Henri Verjans, lors d’une réunion lundi soir n’ont eu aucun effet. Du coup, dans la perspective d’un derby à Solières le week-end à venir, le noyau A de la lanterne rouge actuelle est repris en mains par le duo Henri Verjans-Thierry Raskin, ce dernier étant aussi l’entraîneur des interprovinciaux U14.  Selon le manager sportif, l’intérim doit être le plus court possible. Faut-il s’attendre à voir débarquer tôt ou tard Pascal Bairamjan, actuel entraîneur de Solières, très apprécié de José Lardot ? Le mentor sambrien a déjà assuré qu’il ne changerait pas de camp en pleine saison.

L’entrepreneur givois, qui reste sous le charme d’un homme avec qui il a déjà travaillé à Huy et Solières dit avoir un plan précis bien en tête, à mettre en place dès janvier. Est-ce notamment celui de rapatrier au plus vite l’entraîneur ayant une vision sportive collant à la sienne ? A ce stade, il consent juste à répéter qu’à la mi championnat ou presque, en fin d’année, Waremme ne doit pas avoir laissé un trop grand écart avec la première équipe maintenue en D2 acff la saison suivante. Il dénichera alors les renforts nécessaires pour avoir un noyau bien plus costaud au mercato de janvier.

" Cela reste gai de faire la nique à des clubs d’une autre envergure " 

Guillaume Houssa

Pendant ce temps-là, l’étonnant Warnant, club d’un petit village liégeois de huit cents âmes, situé entre Hannut et Huy poursuit sur sa belle lancée d’une place sur le podium en D2 acff la saison dernière.
L’équipe de l’entraîneur Stéphane Jaspart, ancien adjoint de Christophe Grégoire à Sprimont est en tête de la série, à deux rencontres du terme de la première tranche. 
Qu’elle empochera au nez et à la barbe d’Acren-Lessines, Verlaine et Dison, toujours mathématiquement concernés si elle négocie bien les échéances à Jette, puis face à Stockay.

Ironie de l’histoire, cet éventuel succès restera honorifique puisque dès cette année, il faut avoir demandé la licence et l’avoir obtenue pour pouvoir participer au tour final de la fin de saison. " L’essence même de toute compétition, c’est que, si on est premier, on doit être récompensé, martèle le président Guillaume Houssa, ancien gardien but maison, président de Warnant-Dreye depuis 44 ans. J’ai le sang chaud quand on me parle de licence et de ses conditions strictes. Je continue à m’opposer aux dirigeants de l’ACFF et leurs règlements élitistes. Nous sommes des Amateurs. La Nationale 1 n’est pas une division entièrement professionnelle. Pourquoi faudrait-il une tribune de huit cents places et une partie de joueurs sous contrat semi-pros pour y prendre place ? Oui, j’ai eu connaissance du règlement avant que mon équipe n’entame un championnat. Mais cela ne m’empêche pas de répéter qu’il n’est pas cohérent. Combien d’équipes, même néerlandophones remplissent des tribunes en Nationale 1 ? Si on peut se maintenir sans contrat semi pro en Nationale 1, pourquoi pas ?  A ce niveau, la seule vérité émane du terrain, pas de l’infrastructure ou du statut du joueur. L’envie et le talent priment encore sur l’argent, non ? "

Le marchand de produits pétroliers et grand amateur de chasse de l’entité de Villers-le-Bouillet sait que son club, sorti de l’élite liégeoise après y avoir passé onze saisons, avant d’être promu de D3 acff vers la D2 acff l’année où la Covid a tout stoppé aux deux tiers du championnat est arrivé à un tournant de son existence. Avec son réseau de partenaires fidèles, il reste le principal soutien financier du club.
Sa très belle équipe de copains, qui, à côté de bonnes jambes a aussi de la suite dans les idées – " J’ai quelques ingénieurs dans le noyau " - accumule les points et donc les primes, ce qu’il assume non sans s’interroger quand même de temps à autre.

" Avouons-le, à l’heure actuelle, nous nous situons à un niveau au-dessus de ce qu’il est raisonnable de supporter très longtemps. Pourtant, cela reste gai de faire la nique à des clubs d’une autre envergure que le nôtre. Je savoure intérieurement lorsque je vois le papa (Thierry) Hazard tirer la tête à la réception d’après match lorsque nous prenons six points à Tubize Braine comme la saison dernière. C’est notre petit bonheur à nous à ce niveau car je le répète la licence est là pour nous bloquer dans une progression. "

L’ancien joueur d’Eupen, Roméo Debefve a rejoué en P3

Roméo Debefve

Si tout va bien, Warnant verra ses infrastructures améliorées d’ici la fin de saison avec un tout nouvel éclairage LED offert par la Commune. En revanche, si synthétique il y a dans les prochaines années, il sera construit à Vaux-Borset et mis à la disposition des quatre clubs de l’entité.
Le président comprend cette décision dès l’instant où son club ne compte pas d’équipes de jeunes.
Quant à imaginer une tribune au stade des Burettes, c’est du domaine de l’inaccessible.
" Le fermier a repris le terrain B, connexe au A. Nous n’avons donc plus la place pour ce genre d’ouvrage que, de toute manière, nous n’aurions pas pu imaginer sans l’appui de la Commune ".

Ce contexte pourrait agacer l’entraîneur Stéphane Jaspart, un professeur d’éducation physique qui a eu le mérite de constituer un noyau de dix-neuf joueurs très complémentaires avec l’aide du manager sportif Mike Gray. S’entraîner à la lueur de quelques spots une fois semaine ou surtout devoir s’exiler à Templiers sur un demi-terrain synthétique le mardi soir n’est pas toujours très excitant surtout lorsqu’on évolue en D2 acff. " Heureusement, j’entraîne des garçons intelligents et heureux de se retrouver trois fois semaine en ce compris le match. Nous avons perdu Jordan Lomba, un milieu de terrain parti tenter sa chance à Westerlo B et le duo William Mauclet (la Calamine) – Salvatore Baccarella (Herstal). Mais en attirant Rodrigue Piette (Rochefort), Roméo Mabanza (Herstal) ou Samy Louknine (Stockay), je n’ai pas perdu au change. Nous allons retrouver l’ancien joueur d’Eupen, Roméo Debefve. Il a rejoué avec notre P3 après une rupture du tendon d’achille en avril dernier. Nous avons la meilleure défense de la série avec cinq buts encaissés en huit matches ? Le gardien Aladin Bizimana, passé par Seraing et Herstal rassure, mais j’ai davantage de solutions que je ne l’imaginais dans ma défense. Ainsi, j’aurais pu m’inquiéter au lendemain de la blessure, après le match de Meux de notre arrière gauche Philippe Crespin. Il est touché aux ligaments croisés et out pour la saison. Nous avons replacé un joueur d’un autre poste à cette place-là et cela s’est bien passé jusqu’ici. Je préfère travailler avec un petit noyau, tout le monde se sent bien plus concerné. La série est plus intéressante cette saison. Il n’y a plus un Raal La Louvière au-dessus du lot. Tubize n’est plus le seul à parler de licence. Verlaine, Stockay, Namur, Waremme, URLC pour ne citer que ces clubs ont, semble-t-il des ressources et des infrastructures qui peuvent leur permettre de voir plus haut. ".

Warnant ne demandera donc pas la licence N1 cette saison encore, mais à l’image du buteur Audrey Scevenels, qui a déjà trouvé sept fois le chemin des filets jusqu’ici ou Thomas Miezal, seul joueur résidant dans l’entité de Villers le Bouillet trouve déjà une partie de son bonheur en tirant toute une série nationale derrière lui.

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