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Damien Marcq (Charleroi) sur le Gril : "Avec Felice Mazzù, on avait le niveau pour jouer les Play-Offs 1"

Par Erik Libois

Inoxydable, il approche des 35 balais, porté par une deuxième jeunesse en défense centrale… alors qu’il était à la cave et sans temps de jeu voici 6 mois. Il évoque les datas, Teddy Teuma, son transfert raté à Hambourg, Gaël Kakuta, la motivation au quotidien, le Felice Time, le réchauffement climatique, Pierre Palmade et la consultance télé. Mais aussi Franz Beckenbauer, la peur de la retraite, Edward Still, le char à voile, Achraf Hakimi, le prêt-à-porter, Christophe Galtier, les doubles primes et Mehdi Boukamir. Et bien sûr… les rats repeints en rouge. Damien Marcq (Charleroi) passe " Sur Le Gril ".

Le voici débarquant en salle de presse, polo rayé rouge et blanc, griffé de marque italienne, tupperware de fruits à la main. Comme d’habitude, le sourire est banane : l’intéressé savoure.

Je me sens bien : j’aurai 35 ans en décembre, j’approche des 500 matches professionnels (NDLA : il en est à 478 depuis ses débuts en 2006) et j’ai toujours autant de motivation chaque jour " commence Damien Marcq, revenu l’été dernier à Charleroi où il avait déjà presté de 2013 à 2017. " Non, mes os ne craquent pas encore le matin au lever, même si avec trois enfants à la maison, les nuits sont parfois difficiles et je limite les excès (clin d’œil). Mais donc, s’il vous plaît, ne m’appelez pas ‘Papy’. (sourire) Pas encore… Je compte jouer le plus longtemps possible… car, je l’avoue, j’ai très peur de la quille. (Pause) Je suis encore allé voir mes frères jouer en vétérans, mais je pense que j’ai encore le niveau pour continuer plus haut quelques saisons... J’ai fréquenté Timmy Simons, Davy De fauw et Olivier Deschacht à Zulte Waregem qui m’ont convaincu que tant que le physique et le mental suivaient, il fallait continuer. Mais je ne veux pas non plus faire la saison de trop. "

" Derrière, il faut sentir les coups… et parfois jouer au bluff "
" Derrière, il faut sentir les coups… et parfois jouer au bluff " © BELGA

" Derrière, il faut sentir les coups… et parfois jouer au bluff "

D’autant que revenu au Pays Noir l’été dernier, il s’est imposé comme patron de la défense centrale. Mais seulement après le retour, lui aussi, de Felice Mazzù fin 2022.

Vous m’avez toujours connu comme médian, mais en réalité, j’ai été formé en France à ce poste de défenseur central. J’y ai fait toutes mes classes dans ma jeunesse, donc les réflexes reviennent vite. J’ai aussi profité du renouveau de l’équipe, et cela m’a mis en valeur (sic). J'ai toujours essayé de pallier mon manque de de vitesse et d'explosivité par mon anticipation et ma lecture de jeu. Il faut ‘sentir’ les coups comme on dit, avec un peu de bluff aussi : c’est du poker menteur (clin d’œil). Ce qui me manque le plus, ce sont les kilomètres au milieu : ne plus faire mes 12 km à chaque match et moins participer à la construction. Quand je vois Marco (NDLA : Ilhaimaritra) présent dans toutes les actions alors qu’il est juste devant moi… et que moi, je touche peu de cuirs, ça me manque. Mais je compense en guidant mes jeunes partenaires comme Stelios (NDLA : Andreou) et Mehdi (NDLA : Boukamir), qui sont pétris de qualités mais encore bien perfectibles. Je leur transmets mon expérience… et j’apprends aussi à leurs côtés ! "

" Le foot, ce n’est pas que les datas… "
" Le foot, ce n’est pas que les datas… " © BELGA

" Le foot, ce n’est pas que les datas… "

Avec ce paradoxe : Marcq le mal-nommé s’est mis à buter ces derniers temps ! Et même deux fois : à Eupen et face à Zulte Waregem, dans le Felice Time.

Je suis le premier étonné : je n’ai marqué que 9 buts durant ma carrière… et j’aimerais atteindre les 10 goals pour ma fin de carrière. En plus, marquer contre Eupen et Zulte me tenait à cœur : Zulte, j’y ai passé 3 saisons et demie, Eupen c’était contre un coach (NDLA : Edward Still), avec qui cela a été, disons, ‘compliqué’(Pause) Les datas, je suis ouvert, ça fait partie du foot moderne… mais ne s’appuyer que sur ça, ce n’est pas la bonne solution (sic). Parce qu’en vrai, il y a le terrain et ce facteur X que les datas ne pourront jamais refléter (sic). Mais partout où je suis passé, même sur le banc, je n’ai jamais baissé les bras. A Zulte, Francky Dury ne m’a pas beaucoup aligné… mais en se quittant, il m'a remercié pour mon professionnalisme. Je suis comme ça : à l'entraînement ou en match, je n'ai jamais triché. J'ai eu la chance de ne pas faire de Centre de Formation, donc je ne suis pas usé psychologiquement ou physiquement... Avant mes 17 ans, le foot n’était que du plaisir, c’est après que c’est devenu un métier... A 34 ans, je suis encore frais dans ma tête et dans mon corps. J’ai aussi voulu prouver en revenant ici que je ne venais pas en pré-retraite. J'ai encore soif de terrain, de ballon et de me prouver, à moi et aux autres. "

" Terminer devant Anderlecht serait historique pour Charleroi "
" Terminer devant Anderlecht serait historique pour Charleroi " © BELGA

" Terminer devant Anderlecht serait historique pour Charleroi "

Face à Genk dimanche, le Sporting carolo va jouer la suite de son printemps : les Europe Play-Offs… ou une inactivité anticipée.

On se doit de faire un résultat, sinon c’est la quille et on s’entraînera sans objectif jusqu’à fin mai… Pour un sportif, c’est le pire : regardez Usain Bolt qui s’entraînait 3 ans, juste pour des JO la 4e année… Mais si on est 8e aujourd’hui, c‘est uniquement grâce à notre deuxième partie de saison, car avant, on a manqué de régularité. On valait bien des équipes comme Westerlo ou même le Standard… et avec un peu de réussite, on aurait pu aller chercher les Play-Offs 1 ! Sur la période depuis la Noël, on est meilleur que le Club Bruges et on doit être pareil que La Gantoise, c’est tout dire... Et si on rate ce ticket pour les play-offs, on l’aura perdu en septembre-octobre, pas maintenant ! Si Mehdi Bayat a prévu double prime pour battre Genk dimanche ? (Il réfléchit) On n’en a pas encore parlé… mais l’envie ne doit pas venir d’une prime : on doit le faire pour nous-mêmes. Une prime, c’est une carotte, une récompense, pas un moteur... Battre Genk et éliminer Anderlecht… pour venger Mazzù ? Il ne faut pas le faire pour Felice… mais c’est vrai que pour un club comme Charleroi, le fait de terminer la saison devant Anderlecht, qui demeure le plus grand club belge malgré sa période actuelle plus compliquée, ce serait extraordinaire ! Après, on ne va pas se mentir, le gros problème d'un club comme le Sporting, c'est qu'à chaque mercato, on perd nos deux, trois, quatre meilleurs éléments… Puis il faut prendre de nouveaux joueurs, les intégrer, réorganiser l’équipe… C'est un cercle sans fin qui complique la capacité à se projeter à moyen ou long terme. "

" Un mec comme Kevin De Bruyne est capable de se mettre chiffon… "
" Un mec comme Kevin De Bruyne est capable de se mettre chiffon… " © BELGA

" Un mec comme Kevin De Bruyne est capable de se mettre chiffon… "

Durant sa première période carolo, Damien Marcq avait disputé les Play-Offs 1, puis la Coupe d’Europe. Quel regard jette-t-il sur les deux générations ?

Qualitativement, l’équipe actuelle est meilleure ! Des joueurs comme Adem Zorgane, Marco Ilhaimaritra, Isaac Mbenza ou Joris Kayembe sont des internationaux : on n’en avait pas à l’époque ! Ces joueurs ont beaucoup plus de maturité dans leur jeu et franchement, si on devait opposer mes équipes des deux époques, l’équipe actuelle gagnerait le match. Après, le groupe d’alors était une vraie bande de guerriers, portée par l’envie de se battre les uns pour les autres… ce qu’on a retrouvé ici depuis Noël. Tout cela coïncide avec le retour du ‘Coach’ (NDLA : il ne cite pas le nom Mazzù) et ce n'est pas un hasard. C’est l’ADN de Charleroi, mais c’est aussi le lot des équipes plus qualifiées. Manchester City a des joueurs de classe mondiale mais sur le terrain, la balle est pour eux… et quand ils ne l’ont pas, ils se bagarrent car c’est elle qui les fait vivre (sic). Des gars comme Rodrigo ou Kevin De Bruyne sont capables de se mettre chiffon (sic) pour défendre ou arracher le cuir. Sans cette agressivité de base, le joueur le plus talentueux ne passera jamais le palier (sic). Tout est dans l’envie… Ostende va descendre et les joueurs ont voulu faire grève ? J’ai connu des descentes en Ligue 2 où psychologiquement, c’était très compliqué… mais des menaces de grève, non. (Il réfléchit) C'est aussi très dangereux : ça peut créer une fracture au sein d’un groupe, mais ça peut aussi vous mettre à dos les supporters et la direction… "

" Les rats morts de Sclessin ? C’était scandaleux "
" Les rats morts de Sclessin ? C’était scandaleux " © BELGA

" Les rats morts de Sclessin ? C’était scandaleux "

Parlons des supporters justement : l’affaire des rats morts de Sclessin est encore sur toutes les lèvres…

J’ai trouvé ça scandaleux… Durant la trêve de la Coupe du Monde, on a eu une réunion avec les supporters et je leur avais déjà dit que certains de leurs propos étaient déplacés, que ce soit lors du match arrêté contre Malines ou suite à la défaite de Coupe à Seraing. Ces rats morts n’ont rien à faire dans un stade de foot. Mais voilà : nos supporters, autant on les adore quand ils nous poussent à la victoire contre Zulte et que tout le monde est uni, autant leurs excès sont aussi condamnables… "

LES PETITS PAPIERS

Le moment venu des petits papiers : parmi une quinzaine de papiers-mystères, il en choisit 5 au hasard. Et commente.

PAPIER 1 : RESEAUX SOCIAUX. Je pratique un peu, mais c’est surtout mon épouse qui est active. C’est d’ailleurs elle qui gère mon compte Insta. Mais c'est vrai que ça peut être c'est dangereux si on ne fait pas attention… Certains équipiers se sont fait taper sur les doigts parce qu'ils likaient des photos de collègues en Equipe Nationale… qui jouaient dans des clubs rivaux. Mais aujourd’hui, on ne peut plus vivre sans les réseaux sociaux : ils font partie intégrante du marketing et de la relation entre un club et ses fans. Récemment, nos supporters ont pu voir la vidéo du coup de gueule de Felice à la mi-temps contre Zulte, et tout le monde était content. (sic) Après, le match doit rester au centre et dans ce qu’on va en dire après, il y aura toujours des cons (sic) pour nourrir les excès. La libération de la parole, dans certains cas, n’a pas rendu service… (clin d’œil) On reçoit chaque jour des messages de fans adverses qui nous chauffent ou nous descendent : c’est le jeu. Par exemple, Stefan Knezevic s’est fait démonter par une supportrice du Standard après notre match de Sclessin. Nous sommes des personnes publiques, et donc des cibles faciles sur les réseaux sociaux. "

" Dans les années 80, j’aurais été plus tranquille "
" Dans les années 80, j’aurais été plus tranquille " © BELGA

" Dans les années 80, j’aurais été plus tranquille "

PAPIER 2 : PIERRE PALMADE. (Son visage s’assombrit) " C'est vraiment une histoire qui m'a touché comme père de famille : je me suis mis totalement du côté des victimes. Pierre Palmade, je ne vais pas dire qu'il mérite ce qui lui arrive, ce n’est pas la question, mais je me suis vraiment vu dans cette voiture : ma vie aurait été fichue… C’est gravissime. C’est aussi le problème des personnes publiques, elles paient plus cher que les autres : j’ai lu que parce que c’était Palmade, cette affaire avait fait 20.000 articles en trois jours dans les journaux français ! Quand on est une célébrité de la jet-set parisienne, forcément on prend plus… (Pause) C’est à nouveau la logique des réseaux sociaux : durant des semaines, on n’a parlé que de Pierre Palmade… puis du jour au lendemain, on est passé à autre chose ! Tout est devenu médiatique. Et oui : si j’avais été footballeur pro dans les années 80, j’aurais eu plus de liberté, et ma carrière aurait été plus tranquille… "

PAPIER 3 : RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE. Avec mon épouse, on essaie d’inculquer à nos enfants les bons gestes : ils sont encore petits (NDLA : 5 et 6 ans) mais c’est leur futur et c’est eux qui en profiteront… ou en paieront le prix (sic). Quand vous voyez cette ferme au Texas qui brûle avec 15.000 vaches, ou cet entrepôt en Chine bâti pour 25.000 porcs, on est dans un engrenage totalement fou… Les footeux sont toujours présentés comme vivant dans leur bulle. On gagne bien notre vie, on n'est pas à plaindre, c'est vrai, mais on n’a pas le rythme de vie de Neymar ou Messi. Eux prennent peut-être le jet privé quinze fois par mois (sic) mais moi, je pars en vacances deux fois par an. Les choses changent, il faut relativiser :  des joueurs de l'Equipe de France reversent une partie de leurs primes à des associations. Auparavant, cela ne se savait pas ; aujourd’hui, grâce justement aux réseaux, on le sait. Je suis les infos, je suis abonné au Huffington Post : j’ai pas mal suivi le débat sur les retraites en France… Il faut préparer l’avenir (clin d’œil) même si, après ma carrière, on va sans doute rester en Belgique car mon épouse est d’ici, et sa famille aussi. Ça fait déjà 10 ans que je joue en Belgique, je vais d’ailleurs demander la double nationalité ! Quand je retourne à Boulogne-sur-Mer, dans ma famille, on me dit que j’ai l’accent belge aujourd’hui ! (clin d’œil) Je suis un ch’ti, je croise beaucoup de Belges en Côte d’Opale et nos mentalités se ressemblent. On est des gentils… surtout en Wallonie (clin d’œil). J’apprécie le style de vie en Belgique et les distances sont telles qu’on va très vite d’une ville à l’autre. "

" Un coach raciste ? Je serais allé lui parler "
" Un coach raciste ? Je serais allé lui parler " © BELGA

" Un coach raciste ? Je serais allé lui parler "

PAPIER 4 : CHRISTOPHE GALTIER. Après le char à voile, voici les accusations de racisme (clin d’œil). C’est une affaire entre deux personnes, qui ne sont plus à Nice aujourd’hui, mais si c’est vrai (NDLA : l’actuel coach du PSG aurait tenu des propos islamophobes de son temps à Nice), c’est très grave ! Pour ce qui est du Ramadan, il faut sélectionner les joueurs sur base des performances sportives… et pas de choix culturels personnels ! Je n’ai jamais eu de coach tenant des propos racistes… mais si cela avait été le cas, je serais allé lui parler. Parce que le racisme n’a pas sa place dans le sport. Ni nulle part ailleurs. "

PAPIER 5 : ACHRAF HAKIMI. (NDLA : on a appris cette semaine que le back droit du PSG, en pleine séparation, avait été déclaré insolvable pour son ex-femme… car il a placé tous ses avoirs au nom de sa mère) " Moi, si ça peut vous rassurer… et ma femme aussi, mes biens sont à mon nom, pas à celui de ma mère ! (clin d’œil) On en parlait justement hier au vestiaire : on se demandait comment Achraf Hakimi avait fait pour mettre ses salaires au nom de sa mère ! Moi, j’ai juste un conseiller fiscal en France qui gère mes finances : j’ai investi dans des appartements et avec mon épouse, on a aussi ouvert une boutique de prêt-à-porter féminin à Charleroi. On projette d’ailleurs d’en ouvrir une deuxième. Avant, j’étais très fashion-victim avec mon acolyte Guillaume François. Maintenant on achète moins… mais on achète mieux ! " (Il éclate de rire)

Avec Teddy Teuma à l'Union Saint-Gilloise
Avec Teddy Teuma à l'Union Saint-Gilloise © BELGA

LE QUESTIONNAIRE-EXPRESS

Le meilleur joueur côtoyé ?Il y en a deux. Gaël Kakuta, qui était prêté par Chelsea quand je jouais à Dijon : il avait une facilité incroyable. Et Teddy Teuma, que j’ai connu à l’Union la saison passée. Teddy est passé entre les mailles du filet en France, et c’est vraiment dommage qu’il ait connu si tard le haut niveau. En France, pas mal de clubs se mordent aujourd’hui les doigts : c'est un joueur complet et il a un pied gauche incroyable. Il marque facilement, il donne des assists, il fait jouer les autres… Ce doit être frustrant pour lui d’accéder si tard au sommet. "

Le joueur qu’il aurait voulu être ? Comme j’ai débuté comme milieu de terrain, et si je veux rêver en grand (sic), je dirais Steven Gerrard ou Frank Lampard. C’est le style de joueur qui me parlait beaucoup : médian moderne et clubman fidèle à ses couleurs. Mais ils ont eu la chance de commencer dans de grands clubs, donc c'était peut-être plus facile... "

" Quand on se voit trop beau, on dégringole… "

Ex-Espoir de l’Equipe de France, pourquoi il n’a pas franchi le cap des Bleus ?C’est mon grand regret. Quand j’ai signé à Caen après la relégation de Boulogne, je me suis dit ‘Ca y est, c’est bon, je suis footballeur pro, je suis international, j’ai mon transfert sympa, plus rien ne peut m’arriver…’ Mais en fait… non : il faut toujours se dire que les choses peuvent aller très vite, dans un sens comme dans l’autre. Je me suis vu très beau, mais si on n'est pas consciencieux au quotidien, on peut vite dégringoler... Je le répète chaque jour à mes jeunes équipiers. "

Le plus beau transfert… raté ?Quand j’ai quitté Boulogne pour Caen, je pouvais signer à Fulham en Premier League et à Hambourg qui jouait le haut de classement en Bundesliga. Mais j’ai préféré jouer la sécurité (sic) en restant en France… "

Le jeune Damien Marcq en 2010 à Boulogne
Le jeune Damien Marcq en 2010 à Boulogne © BELGA

Le meilleur conseil d’entraîneur ? Pas vraiment des conseils, mais des petites phrases positives qui m'ont marqué. Laurent Guyot, qui est passé au Cercle Bruges, m’a donné le brassard de capitaine à Boulogne quand j’avais 20 ans en me disant : ‘Le talent n'attend pas le nombre des années.’ Boulogne, c’était mon club, celui où toute ma famille avait joué : mon frère même en jeunes avec Frank Ribéry...  dont mon père a même été le coach ! Il y a Philippe Montanier, l'ex-coach du Standard que j’ai eu à Caen, qui me disait souvent : ‘Le diable est dans le détail’ ou ‘Le mieux est l'ennemi du bien’. J'ai connu ces coaches-là il y a 15 ans… et j'ai toujours ces petites phrases en tête. Parce que sur le terrain, qu'on ait 35 ou 20 ans, qu’on ait de la qualité ou pas, il faut toujours faire bien sans vouloir faire trop… "

Deux phrases de foot à commenter

" Le foot est un jeu simple, compliqué par les idiots. " (Peter Mulan, cinéaste anglais).Il n’a pas tort… même si le foot est quand plus compliqué qu’on ne le croit souvent. En fait, le foot devient un jeu simple si on y met les ingrédients et l'intelligence nécessaires. Après, il faut aussi une maîtrise technique pour rendre les choses simples. J’ai connu certains équipiers où le simple contrôle-passe était déjà compliqué… Derrière des actions simples en apparence, il y a souvent des mises en place plus complexes : comme consultant-télé, j’aime bien faire comprendre aux téléspectateurs tout ce qu’il y a au-delà de ce qu’ils voient. (sic) Moi, coach un jour ? Il y a sept ou huit ans, je vous aurais dit non, un non ferme ! Maintenant, j’ai davantage d’hésitations. J’adore la tactique mais après… il y a tous ces égos à gérer dans un groupe. Et ça, je le sens moins… "

" Je ne joue pas contre une équipe en particulier : je joue pour me battre contre l'idée de perdre. " (Eric Cantona)Il faut perdre parfois, mais il faut ne pas aimer ça. Par exemple, hier à l’entraînement, on a fait de petits jeux et j’ai perdu. Ce matin encore, j’étais un peu tendu… Felice Mazzù m’a dit : ‘Ca ne va pas, Damien ?’ Je déteste perdre… mais je dois apprendre à l’accepter. L’autre jour, je jouais au ping-pong avec Pierre Patron, et je lui ai dit : ‘Moi je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends.’ (NDLA : une citation de Nelson Mandela) Ca le fait rire, parce qu’en général, il me bat… mais moi, du coup, je lui réponds que je ne perds jamais (clin d’œil). Il y a quelques années, quand j'étais célibataire et sans enfant, la défaite me rongeait durant deux jours. Maintenant, avec mes enfants et mon épouse, ça dure quelques heures… Puis le quotidien reprend et permet de relativiser. "

Avec Felice Mazzù, dont Damien Marcq est si proche que le vestiaire carolo l'appelle "son fils"
Avec Felice Mazzù, dont Damien Marcq est si proche que le vestiaire carolo l'appelle "son fils" © BELGA

" Marquer dimanche à la 93e ? Surtout pas ! "

Le quotidien, c’est dimanche 20h22, Charleroi-Genk : Damien Marcq se voit-il marquer, comme contre Zulte Waregem à la 93e minute, le but-ticket pour les Play-Offs ?

J’espère que non ! J'espère qu'on aura acquis la victoire plus tôt dans ce match, on veut de la tranquillité. (clin d’œil) Après, s'il faut repasser par là, dans ce que vous, les médias et les supporters, aimez tant, on y retournera… S’il faut batailler jusqu’à la fin, comme on l’a fait contre Eupen, Westerlo et Zulte, on le fera. Et pour le but, que ce soit moi ou un autre, on pourra compter sur nous. " (clin d’œil)

Damien Marcq (Charleroi) en mode selfie
Damien Marcq (Charleroi) en mode selfie © Tous droits réservés

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