"C’est un bâtiment exceptionnel, qui renoue avec la tradition des gares ferroviaires somptueuses du dix-neuvième siècle, et architecturalement, c’est audacieux, c’est équivalent à la tour Eifel. Intervenir sur ce lieu est donc très délicat, j’ai pris la précaution, avant tout, de contacter Santiago Calatrava, pour vérifier qu’il donne son accord au projet." C’est en ces termes que l’artiste plasticien Daniel Buren a présenté son opération de colorisation des Guillemins devant la presse internationale, ce mercredi au Centre Pompidou, dans la capitale française.
Pas une seule image de l’installation en cours n’a été projetée, histoire de ne pas dénaturer la "conception" de l’œuvre, tant que la réalisation n’est pas achevée. Une manière de protéger jalousement les droits d’auteur, même si les clichés pris par des usagers ne peuvent pas être interdits. Comme le souligne l’homme d’affaires Stephane Uhoda, qui assume très largement les risques financiers de l’opération, "tout ça est positif, les photographies partent déjà aux quatre coins du monde, et contribuent à placer la ville de Liège à un haut niveau de notoriété culturelle pendant les douze prochains mois". Il convient de rappeler que les panneaux de vinyle vont être retirés après un an.
Daniel Buren : "Le choix des couleurs ? C’est qu’elles sont tranchées les unes par rapport aux autres. Mais la technique des autoadhésifs transparents limite la palette des teintes disponibles. En dehors de la recherche des contrastes, ce n’est pas une question de goût personnel : comme d’habitude dans mes installations, je place les couleurs selon l’ordre alphabétique de leurs noms dans la langue du pays où j’interviens". Quant aux critiques qui s’expriment déjà, parfois, Daniel Buren demande de la patience : le travail n’est pas terminé : les trois ou quatre premiers carrés ne permettent pas de se forger une opinion, qu’elle soit positive ou négative, sur la couverture finale, qui va s’étendre sur un hectare de verrière.