Qu'importent les avantages ou les défauts, l'armée ukrainienne est de toute façon contrainte d'abandonner ses Akatsiya 2S3, que ce spécialiste des questions de défense russe estime à 200 exemplaires fonctionnels, faute de munitions.
Car l'engin hérité de l'URSS, tout comme d'autres éléments d'artillerie légués à l'Ukraine lors de son indépendance en 1991, fonctionne principalement avec des obus de 152 mm, essentiellement produits en Russie ou dans des pays proches de Moscou.
"Nouveau standard"
Depuis quelques mois, les alliés de l'Ukraine, Etats-Unis en tête, lui ont donc livré plus de 220 obusiers d'un calibre différent (155 mm), assortis d'environ 500.000 munitions, certaines guidées, qui ont permis à Kiev de "passer à un nouveau standard" militaire, bien plus élevé, selon Pierre Grasser.
Dotée en outre de systèmes Himars capables de lancer des missiles très précis ayant une portée de 80 km, Kiev a pris un ascendant sur Moscou, multipliant les frappes contre des objectifs névralgiques, notamment des dépôts de munition, loin derrière les lignes russes, et mettant en péril sa logistique.
C'est la première fois que la Russie est en-dessous en termes de lutte d'artillerie depuis la première guerre mondiale
"C'est une énorme surprise, car c'est la première fois que la Russie est en-dessous en termes de lutte d'artillerie depuis la première guerre mondiale", souligne le chercheur français.
L'Ukraine a désormais "la capacité de couvrir avec son artillerie un champ plus large et beaucoup plus précis" que la Russie, adepte du pilonnage massif durant ce conflit, confirme Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques.