Elles ont été pendant des centaines d'années la proie favorite des pêcheurs (Vikings, Basques, Anglais, Néerlandais puis Américains) pour leur graisse, utilisée dans les lampes, et leurs fanons, bien pratiques avant l'arrivée du plastique. L'espèce a compté jusqu'à 20.000 individus avant l'arrivée de la pêche à grande échelle, selon David Laist, auteur d'un livre sur le sujet. Elle a ensuite été décimée au début du 20e siècle.
Une hausse des naissances au début des années 2000 a permis d'atteindre un pic de 483 animaux en 2010 mais le chiffre, en baisse depuis, a chuté en 2017 en raison d'une accumulation de décès. "Quatorze baleines noires sont mortes en très peu de temps car elles se sont déplacées vers le golfe du Saint-Laurent", où elles vont rarement et où la pêche au crabe les a durement touchées, explique Charles Mayo, fondateur du centre de recherche sur le littoral. Le changement climatique semble être à l'origine de ce déplacement de leur zone d'alimentation, faute de proies suffisantes.
Et les baleines noires étant déjà si rares, même une poignée de décès pourraient suffire à enclencher un déclin dangereux pour l'espèce.
"C'est très inquiétant car leur taux de reproduction est très faible tandis que le taux de mortalité est très élevé", s'émeut Charles Mayo, qui a fait partie de la première équipe à avoir libéré une baleine d'un filet dans lequel elle s'était emmêlée.
Ces géants marins se reproduisent au printemps et à l'été, avant de voyager jusqu'à 1.600 kilomètres vers le sud pour donner naissance à leurs petits. Ce cycle, dont la durée normale est de trois ans, s'étend actuellement sur trois à six ans en moyenne, selon l'Agence nationale océanique et atmosphérique américaine.
Les spécialistes pensent que derrière ce taux de natalité en baisse se cache le stress subi par les femelles, notamment à cause des enchevêtrements dans des cordages ou encore du bruit océanique causé par les activités humaines.