Comme l’explique Jackson, 24 ans, arrivée récemment à El Paso avec sa femme enceinte, "la priorité consiste à trouver du travail et à se procurer assez d’argent pour se rendre dans (sa) ville de destination privilégiée". Pour ce dernier, c’est Boston, "puisqu’(il) y connaît de la famille", mais New York constitue également une possibilité.
Jackson dort avec trois de ses amis, sa femme et un jeune chien trouvé sur la route de l’autre côté de l’Église, à l’extérieur, mais sous un haut-vent. Le propriétaire de la maison a accepté qu’ils occupent cet espace protégé de la pluie. En ce jeudi, la chance est au rendez-vous : "J’ai en effet été embauché ce matin à quelques rues de l’Église par un entrepreneur en construction, et j’ai pu mettre 80 dollars en poche", déclare-t-il. Il en faudra cinq cents en plus pour qu’il rejoigne en bus avec sa femme les grandes villes de la côte est.
Une nouvelle aventure
Tout autour de l’Église, même si l’ambiance est à une certaine fraternité encouragée par des chants religieux, un certain chaos règne. Tous les migrants partagent la même incertitude face à leur sort. Un migrant vénézuélien, José, nous assure ainsi "vouloir aller aussi vite que possible au Canada, histoire de pouvoir envoyer de l’argent à sa compagne et ses deux enfants". Les quelques centaines d’individus présents, dormant à même le sol, ne peuvent compter que sur la générosité d’autrui pour subvenir à leurs besoins les plus primordiaux.
De l’autre côté de la rue, en plus de toilettes mobiles, des robinets mobiles permettent d’assurer l’essentiel. Les mines sont sombres, même si on sent chez d’aucuns le soulagement d’être passé de l’autre côté de la frontière. Demain, la semaine prochaine, une autre aventure commencera, celle consistant à pouvoir se mouvoir vers une autre ville sans attirer l’attention de la police des frontières. Avec toujours, la même interrogation : la vie sera-t-elle un jour prospère ? Et stable.