Pour cela, il va essayer de faire monter la pression contre l’ennemi juré du moment, la France. Ça tombe bien, l’Hexagone est alors sous le second Empire de Napoléon III, et dans ses hautes sphères (médias compris), chez certains… des envies de guerroyer. Bismarck, belliciste également, va essayer de faire que la France déclare la guerre à la Prusse. Comme ça, Berlin paraîtra agressée et forcée de riposter.
Cet épisode est alambiqué à souhait. Complexe, voire abyssal. Un enchaînement et enchevêtrement de déclarations, de propagandes, de menaces de ruses, de pièges et d’interprétations différentes. Comme on est alors à l’heure du télégramme, tentons de faire simple. Juin 1870. Le trône d’Espagne est vacant. La Prusse propose une candidature allemande. La France s’insurge. Elle se sentirait encerclée. Négociations. Le roi de Prusse retire la proposition allemande. Juillet 1870. Le roi va prendre les eaux à Ems, une station balnéaire. Pendant ce temps, Bismarck remet de l’huile sur le feu et réitère ses prétentions espagnoles. Les journaux hexagonaux crient au scandale. Bismarck menace de démissionner. L’ambassade de France à Berlin tente de convaincre le Roi de réagir. 13 juillet. Télégramme du Roi (à Ems) vers Bismarck (à Berlin). Le monarque joue l’apaisement, pas de trône d’Espagne.
Bismarck va ensuite faire jouer les médias (qu’il contrôle). Il triture la dépêche (privée) initiale, notamment en l’abrégeant et en hiérarchisant mal les informations. La dépêche parvient à " fuiter " (sciemment) dans les journaux allemands, puis est reprise par les journaux français (qui, de surcroît, font des erreurs de traduction qui "alarmisent" encore le propos).
La France bout. Le peuple, en furie, bas le pavé de Paris, criant " A bas Bismarck !". Nous sommes le 14 juillet, dans la soirée.
La France va bientôt entrer en guerre. Bismarck exulte. La victoire allemande sera totale et les ambitions du chancelier plus que sustentées, dans cette guerre de 1870-1971.