" Effectivement ", confirme le journaliste Eric Destiné, de la cellule internationale. Il est, lui, parti en urgence en Turquie, avec la camerawoman/monteuse Sibel Ceylan, pour couvrir les tremblements de terre qui ont touché la Turquie et la Syrie au début du mois de février et les circonstances n’ont pas permis de réaliser une séquence de type coulisses.
Partir au plus vite, pour témoigner
"Nous sommes partis à deux, quelques heures à peine après l’annonce du premier tremblement de terre pour être sur place le plus vite possible" explique le journaliste. "Nous avons directement passé tout notre temps à travailler pour fournir des reportages pour nos plateformes dans des conditions qu’on peut qualifier d’extrêmes.
Nous avons dû, avec l’aide de l’équipe de production à Bruxelles, régler la logistique directement sur place comme l’organisation de nos déplacements, trouver un logement, prendre des contacts pour cibler les angles de nos reportages, … Tout cela avec beaucoup de difficultés car une grande partie des infrastructures étaient détruites. Cela nous prenait un temps considérable en plus de notre travail de production journalistique.
Détresse des populations
Et puis il y a la charge émotionnelle, énorme. "La détresse à laquelle nous étions directement confrontés était telle qu’il n’était pas non plus souhaitable, dans ce cas-ci, de communiquer sur l’organisation de notre travail ou sur nos difficultés, car cela restait sans commune mesure avec ce que vivaient les gens directement touchés par ces séismes ".
Bien entendu, répond Laura Canducci. "Et nous voulons éviter tout quiproquo : rajouter de la charge mentale aux équipes n’est pas notre but, bien au contraire. Notre volonté, c’est d’avancer ensemble, quand et seulement "si" c’est faisable."
La charge mentale : quoi qu’on fasse, elle reste présente
"Un équipement léger, quelques idées de scénario, et puis… Tout à coup on se rend compte que ça prend du temps. Et que ça vient effectivement en plus des demandes pour la radio, la télé, le web et que, tout de même, nous sommes en zone de guerre, avec tout ce que cela implique en matière de sécurité personnelle à assurer" reprend Aurélie Didier. La charge mentale est, d’office, accrue et il est nécessaire de faire des choix et prendre le temps de bien faire les choses sur le terrain.
"Cela a été faisable tout au long de la mission, parce que nous partions pour réaliser des reportages en vue de l’anniversaire du début de la guerre, parce que nous connaissons le terrain ukrainien qui n’est pas neuf pour nous, et par ailleurs, le jour dit (24 février), je me suis bornée à faire des directs et nous avons donc pu en plus réaliser une partie de tournage sur ces coulisses".
Toute une équipe
Dire, aussi, que les équipes, hors journalistes, n’ont pas l’habitude de se mettre en avant. Les interviews en général, ils les font mais ils n’en donnent pas. "On a décidé de faire les interviews de Garry et Joséphine en marchant, c’est plus aisé, plus naturel. Mais c’est important pour nous de montrer qu’il y a toute une équipe derrière un reportage et pas qu’un journaliste en face-caméra. Et c’est toute l’équipe qui participe à l’élaboration du reportage, à la sécurité et à la décision quotidienne en mission."
Toujours sur le qui-vive
Et c’est ce que Joséphine Turli explique dans la vidéo diffusée sur YouTube : "on est toujours paré à un départ immédiat. La voiture est équipée, tournée dans le bon sens pour un départ précipité, le plan de route est fait. Et un tracker y est intégré".
L’équipe dispose ainsi de trackers, qui permettent dès lors à la rédaction de Bruxelles, de toujours savoir où elle se trouve ; "même si dans certains cas et pour des raisons de sécurité, nous coupons toute forme de géolocalisation" explique Aurélie Didier.
Préparation minutieuse
Chaque voyage est minutieusement préparé "et nous tentons à chaque fois de nous améliorer. Car mieux nous sommes préparés, mieux nous pouvons réagir aux imprévus et surtout, mieux nous pouvons être disponibles mentalement pour faire notre travail et recueillir les témoignages douloureux des personnes que nous rencontrons."
C’est ce que l’équipe essaye toujours de faire : faire comprendre le ressenti de la population, quelle que soit la situation, comme le racontent Garry Wantiez et Joséphine Turli : "aux checkpoints, les soldats nous disent à chaque fois bonne chance. Et puis il y a ce serveur qui un matin alors qu’on lui demande comment il va répond simplement "still alive" (toujours en vie)".
Chercher ce qui intéresse nos publics
"Ce sont les débuts, on cherche, on tâtonne, et on voit ce qui suscite de l’intérêt, dans le respect du travail quotidien de nos équipes", conclut Laura Canducci. "Notre envie c’est d’innover, d’être dans la curiosité, la découverte, de raconter comment ça se passe vraiment. Et toutes les idées sont les bienvenues."
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