Évoquer Johnny Depp ces dernières années, c’est surtout penser aux déboires de l’acteur : sa vie privée avec ses problèmes d’alcool et sa vie de couple déchirée avec Amber Heard avec en apothéose, un procès ultra-médiatisé et des détails scabreux qui ont passionné les médias du monde entier.
Ce documentaire replace l’acteur singulier au centre du game pour nous livrer le parcours de Johnny Depp, depuis ses débuts de musicien en galère au sein du groupe punk The Kids jusqu’à ses premiers pas en tant qu’acteur et très vite, ses choix cinématographiques qui l’amèneront à interpréter des personnages qui lui ressemblent : des marginaux, des incompris, des reclus, des anticonformistes.
Johnny Depp l’a décidé, il sera lui-même au cinéma. Et ça commence avec Cry Baby du très trash John Waters en 1990. Un rôle qui lui permettra d’être remarqué par Tim Burton dont l’univers sombre et décalé, tout comme cette Amérique formatée dans laquelle il ne se retrouve pas, va parfaitement matcher avec l’état d’esprit de Depp. Le réalisateur le choisit pour sa sensibilité à pouvoir jouer Edward aux mains d’argent.
L’acteur a des fêlures enracinées dans une enfance douloureuse qui vont se refléter dans les films qu’il choisit : des films qui explorent l’Amérique dans laquelle il a grandi avec des personnages d’antihéros en marge de la société comme dans Gilbert Grape, Arizona Dream ou Beeny and June. S’ensuivront une série de films avec Tim Burton (Ed Wood, Sleepy Hollow, Charlie et la chocolaterie, Les noces funèbres, Sweeney Todd, Dark Shadows…). Et Jim Jarmusch, qui lui a donné un rôle inoubliable dans Dead Man (1995) verra en lui un comédien à l’intériorité unique, capable de transmettre toute une gamme d’émotions intenses uniquement par la profondeur de son regard.
Quant à Las Vegas Parano de Terry Gilliam, si le film est devenu culte, il s’est avéré être un échec cuisant à sa sortie. Ce film, et avec lui la rencontre de Johnny Depp avec l’écrivain Hunter S. Thompson va être décisif pour l’acteur qui se prend à rêver qu’un autre cinéma est possible. Mais il se heurte aux pontes d’Hollywood. Ce qui lui manque, c’est un gros succès au box-office. Pendant ce temps, la presse préfère souvent parler de ses excès avec la drogue et l’alcool plutôt que de ses films, "une fausse image construite comme une fiction" affirme l’acteur.
Et voilà qu'à 40 ans tout juste, coup de tonnerre, il qui rejoint l’écurie Disney pour incarner celui qui deviendra le plus célèbre des pirates : Jack Sparrow dans Pirate des Caraïbes. Mais il sera un pirate qui lui ressemble, inspiré selon ses dires par Keith Richards et Pépé le putois ! Le succès est phénoménal. Johnny acquiert le statut d’icône mondiale et devient alors l’acteur le mieux payé de l’histoire du cinéma mais au fil de la saga, il s’éloigne de lui-même et devient un produit Disney.
De manière inopinée, à partir de 2012, le public se désintéresse de ses films et va provoquer la chute de l’acteur.