En Belgique, la situation est en certains points similaire à celle de la France, les adversaires de l’IVG existent mais de façon plus ouverte. Le Vlaams Belang de Tom Van Grieken est "pro-life" (ndlr : contre l’avortement), sauf en cas de viol ou de danger pour la santé de la femme (comme c’est le cas actuellement en Pologne).
La N-VA, elle, se rapproche de la position du RN français : pour le parti nationaliste flamand, la loi doit rester telle quelle, sans évolution et sans constitutionnalisation.
De son côté, le CD&V n’a jamais caché ses réticences historiques d’abord vis-à-vis de la dépénalisation de l’IVG mais aussi plus tard au sujet de l’allongement du délai de 12 à 18 semaines. En 1989, déjà, lors de la première version de la loi décriminalisant l’avortement, l’ancêtre du CD&V, le CVP, était à l’origine d’une contre-proposition de loi concernant l’IVG dans laquelle il était stipulé que "l’avortement est considéré comme un infanticide lorsqu’il est pratiqué sur un fœtus qui est médicalement viable en dehors du corps de la mère".
Depuis 1990, entre renvoi vers le Conseil d’État et menaces de quitter la formation d’un gouvernement, les chrétiens-démocrates flamands ont plusieurs fois usé de moyens politiques pour reporter ou éviter les votes au Parlement sur la question.
De nouveaux débats prochainement à la Chambre
Plus récemment, les démocrates chrétiens, soutenus par la N-VA et le Vlaams Belang attendaient les conclusions d’un comité d’experts avant de ramener le débat sur les conditions de l’avortement en Belgique à la Chambre. C’est désormais chose faite, le comité s’est prononcé le vendredi 10 mars. Ses conclusions sont claires : il est favorable à la dépénalisation, à l’allongement à 18 semaines, à la suppression du délai de réflexion de six jours et à la constitutionnalisation de l’avortement.
Reste à présent à voir si le président actuel du CD&V, Sammy Mahdi, se positionnera différemment que son prédécesseur Joachim Coens, qui avait notamment bloqué des discussions sur la composition d’un gouvernement fédéral en 2020, en demandant des garanties au MR de ne pas revenir sur l’allongement du délai possible pour procéder à un avortement, de 12 à 18 semaines de grossesse.
Les conclusions complètes du comité d’experts devraient être présentées prochainement à la Chambre dans le cadre de la commission nationale d’évaluation interruption de grossesse.