De la Belgique sous les tropiques : le Burundi, pays des 1000 poètes !

Le fruit de la prospérité se cueille sur l’arbre de l’effort - Proverbe burundais

Gioia Kayaga, alias Joy Slam, artiste et entrepreneuse culturelle à Bujumbura, a grandi près d’une escargotière dans le petit village de Warnant. Elle étudie à Namur et à Bruxelles. Très impliquée dans la culture, elle organise notamment des ateliers de Slam, permettant aux jeunes et aussi à des détenus de jongler avec les rimes dans le but de s’exprimer.

Joy reçoit le prix "Paroles urbaines" en 2013 (Fédération Wallonie-Bruxelles). Pour la première fois elle prend conscience que ses textes pouvaient plaire et intéresser.

Poétesse, slameuse, auteure, activiste, animatrice… Ces 10 dernières années, elle a publié plusieurs livres (poésie, essais) et albums, elle a animé des ateliers de slam et fait des concerts dans une douzaine de pays différents.

Une autre étape importante de sa vie : l’ouverture du sommet de la francophonie à Madagascar qui la fait connaître en Afrique.

Au-delà du climat et des paysages, Joy trouve qu’il y a d’énormes différences culturelles entre la Belgique et le Burundi. Elle a essayé de les résumer dans le recueil collectif "Le pays des mille poètes" comme elle le décrit dans le livre qui vient de paraître aux Editions Maelström.

Aujourd’hui, elle continue la musique tout en s'attelant à son premier roman.

Métis du Monde, Joy, à 13 ans, s’est dit "un jour, je vivrai ici". Elle a réalisé ce rêve 17 ans plus tard. Le Burundi l’inspire énormément, elle a beaucoup écrit et elle continue d’écrire sur ce pays.

"J’avais oublié", c’est l’inventaire des bonnes raisons qui l’ont poussée à retourner vivre au Burundi.

Son grand-père était burundais mais aucun de ses enfants métis ne connaissait le Burundi. Ils ont grandi entre Kinshasa et la Belgique. Joy avait besoin de recréer le lien avec le Burundi. Le covid a fait partie des éléments déclencheurs, ses activités se sont arrêtées et l’envie de retourner vivre sur la terre de son grand-père maternel s’est faite plus pressante.

John-Christian Kavakuré, alias John Chris, est d’origine burundaise. Il a grandi à Buja qu’il a quitté pour venir étudier en Belgique.

Son goût pour la bière il le tient de sa grand-mère qui lui préparait une bière africaine traditionnelle à base de sorgho, une céréale sans gluten riche en protéines et amidon.

Il fait ses études chez les Jésuites à Buja qui lui conseillent de venir étudier à l’institut Meurice, il en sort en 2001 avec une spécialisation dans les bières au sorgho.

Il a ensuite beaucoup appris à Orval, dans des brasseries artisanales comme Silly et Ecaussinnes, en Afrique du Sud, en Chine, en Amérique du Sud…

Ce Black-Brasseur-Belge crée alors Les Brasseries de Flobecq d’où sortira la Flo58, bière officielle du 60e anniversaire de l’Exposition Universelle de 1958 avec laquelle il remporte le prix "Gold Quality Awards" sur plus de 2000 bières du monde entier mises en compétition. En matière brassicole, John a travaillé notamment au cours de ses expériences passées le sorgho ou encore la banane. Il a utilisé cette dernière et toutes les vertus propres à ce fruit pour élaborer la "Banaqueen". Il produit également la "Free Moon", qui est une bière sans sucre.

Les Brasseries de Flobecq | Facebook - Les Brasseries de Flobecq | Instagram - Les Brasseries de Flobecq | YouTube

Jean-Luc Pening, ingénieur agronome, sort de sa plantation et croise le chemin d’une patrouille militaire. Tout bascule alors : un soldat s’approche, sort son revolver, et lui loge une balle dans la tempe. La balle traverse la tête de Jean-Luc. Quand il se réveille, c’est le noir total. L’œil droit arraché, le nerf optique gauche sectionné, Jean-Luc sera soigné en Belgique. Et c’est en aveugle qu’il retournera deux ans plus tard à Buja.

Avec Ivan Goldschmidt, il dénonce l'absurdité de toute guerre et de toute lutte ethnique dans le film Na Wewe qui remporte de nombreux prix dont une nomination aux Oscars à Hollywood en 2011.

Résilient et combatif, il devient coach à l’international et s’implique encore et toujours au Burundi, se mettant au service d’une école pour enfants déficients visuels et continuant de soutenir l’ASBL Menya Media de son défunt ami et partenaire Jean-Luc Kesch.

Toujours avec le support de Menya Media et de Jean-Luck Kesch, ils ont ouvert l’école au secondaire, fourni des ordinateurs adaptés, lancé un bio digesteur producteur de gaz pour la cuisine et lancé la première académie de musique de la région.

Il rappelle que c’est grâce à l’équipe Ravel du Bout du monde d’Adrien Joveneau, qu’en 2012, ils ont pu fournir les premiers instruments de musique à cette dynamique école ! Un super projet ! Les instruments rythment encore l’école. Grâce à un financement, ils sont en train de développer une académie de musique.

L’école Kanura de Gihanga utilise le biogaz comme source d’énergie pour cuisiner pour ses élèves malvoyants. Ce projet a été développé par Ingénieurs Sans Frontières pour faire face à la déforestation croissante. En moyenne, 3 m3 de biogaz sont produits chaque jour à partir de bouse de vaches et de porcs, d’épluchures de patates douces, de manioc et de bananes mélangées avec de l’eau. Le biogaz est produit dans un bio digesteur local en utilisant du matériel local comme des briques et du ciment. 50 kg de matière organique et 50 litres d’eau sont ajoutés au digesteur chaque jour, puis les matières organiques sont digérées pour produire le biogaz. Le biogaz est utilisé pour cuisiner dans la cuisine de l’école, et le digestat qui en résulte peut être vendu aux agriculteurs locaux en tant que fumier organique.

Jean-Luc Kesch est décédé dans un accident de la route début de cette année. Le monde des artistes burundais a perdu un homme qui a tant donné pour la promotion de la culture burundaise. Les Belges du bout du monde lui ont rendu hommage en rediffusant l’émission qui lui était consacrée en 2012.

Osons traverser les frontières et découvrons mille trésors dans les parcours inspirants des Belges du bout du monde d’Adrien Joveneau, à suivre dès 9 heures le dimanche en Radio sur La Première et abonnez-vous au podcast sur Auvio. Retrouvez aussi les histoires et les bons plans de centaines de Belges qui vivent aux quatre coins du monde sur la Carte des Belges du Bout du Monde.