De la culture aux clubs sportifs, les critiques fusent contre le gouvernement après les dernières mesures du Codeco

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Par Anthony Roberfroid avec Agences

À la suite du comité de concertation de ce mercredi, les réactions pleuvent face au durcissement des mesures annoncé par le gouvernement. Certains secteurs sont satisfaits de ne pas avoir été trop impactés alors que d’autres fustigent les nouvelles décisions à leur égard.

Du côté de ceux qui saluent les choix de nos politiques, on retrouve tout d’abord la FEB. La Fédération des Entreprises de Belgique note que ces mesures "pénibles" sont un mal nécessaires, rappelant l’importance des gestes barrières et de la vaccination pour contrer la propagation du variant Omicron.

La fédération des prestataires de mariage est également heureuse des décisions du gouvernement. Le secteur, qui n’est pas visé par les mesures qui touchent l’événementiel ou la culture, estime qu’il a été entendu et est satisfait de pouvoir garantir aux fournisseurs les contrats prévus dans les prochains mois.

Les parcs d’attractions

D’autres secteurs sont évidemment peinés par les mesures adoptées mais comprennent et se montrent solidaires face à la situation. C’est notamment le cas du parc aquatique Aqualibi qui observe néanmoins la chance d’être soutenu par un groupe important.

Du côté de Plopsa Group, le constat est plus amer. Le groupe parle d’un "coup dur" qui entraînera "une perte énorme" : "Nous permettons à 200 personnes de nager à la fois dans un très grand bâtiment dans un environnement chloré avec une excellente ventilation. Ces personnes gardent déjà leurs distances les unes des autres de toute façon. Il n’est pas question d’indemnisation et nous ne disposons pas encore de date de réouverture" déplore Steve Van den Kerkhof, le CEO de Plopsa.

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Commerçants

C’est néanmoins du côté des commerçants et des indépendants que la verve est la plus dure. Le SNI, le Syndicat Neutre pour Indépendant pose dès lors la question à nos politiques : "Le Codeco veut-il la mort du commerce et du loisir ?". Pour le syndicat, les mesures telles que le retour du shopping à maximum deux personnes ou encore les jauges de fréquentation maximales dans les magasins sont incompréhensibles.

Il argumente d’ailleurs que "les commerces ne sont pas des lieux de contamination comme l’a encore démontré une enquête de l’Institut Pasteur. Il n’y a donc aucune raison de les limiter". Un coup dur alors que les soldes de janvier sont sur le point de débuter dans les magasins.

Le Codeco veut-il la mort du commerce et du loisir ?

Pour sa part, la fédération du commerce et des services Comeos ne comprend pas la décision du Comité de concertation d’autoriser les courses à deux personnes maximum à partir de dimanche. "Nous déplorons cette décision. Nous avons déjà prouvé que nous sommes un secteur sûr", a déclaré la porte-parole Deborah Motteux.

"Cette décision n’est pas logique car dans les restaurants on peut encore accueillir six personnes". Elle souligne également que cette décision intervient à un moment important pour le secteur de la vente au détail, d’abord avec Noël et la Saint-Sylvestre et enfin la période des soldes. "A chaque mesure prise, on constate immédiatement un impact sur le nombre de visiteurs dans les magasins", conclut-elle.

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Les entreprises

L’Union des Classes Moyennes (UCM) parle quant à elle de "tristes fêtes pour beaucoup d’indépendants et de PME" et relève que de nombreux secteurs "n’atteindront certainement pas leur chiffre d’affaires habituel en cette période cruciale". L’UCM espère dès lors des aides de la part de l’État aux PME et indépendants : "Les deux principales mesures fédérales (chômage corona, droit passerelle) ont été prolongées jusqu’au 31 mars. Le moratoire de fait sur les faillites doit aussi se poursuivre et des plans d’apurement doivent être possibles pour les reports de versements de cotisations qui arrivent à échéance" somme-t-elle.

Le Voka, le réseau d’entreprises flamand, estime que ces mesures strictes prises lors de comité de concertation représentent une charge lourde pour des milliers d’entreprises : "La pression sur les soins doit rester gérable. Mais en même temps, la suspension de nombreuses activités sociales intérieures et extérieures jusqu’à la fin janvier est un véritable drame pour les entrepreneurs et les organisations" indique le directeur général du Voka, Hans Maertens.

Le directeur déplore également l’absence d’un baromètre corona : "Un tel instrument offre quelque chose à quoi s’accrocher et garantit la prévisibilité", avant d’ajouter que "La politique actuelle plonge les gens et les secteurs dans l’incertitude".

Culture

Du côté de la culture, on éprouve une colère noire. Le secteur ne s’attendait pas à devoir fermer ses portes. Les cinémas, salles de spectacles et théâtres seront à l’arrêt dès le 26 décembre… un mauvais cadeau de Noël que plusieurs acteurs du secteur sont venus déplorer sur nos antennes.

"Ils devraient avoir honte", a déclaré le directeur artistique du Koninklijke Vlaamse Schouwburg (KVS) Michael De Cock, en réaction aux nouvelles mesures prises à la suite du Comité de concertation. "C’est une gifle en plein visage", a ajouté le directeur de la Monnaie Peter De Caluwe. Les maisons de la culture bruxelloises s’indignent que le Comité de concertation n’ait pas tenu compte de l’avis scientifique du GEMS, le groupe d’experts qui conseille le gouvernement.

"Qu’est-ce qui ne va pas avec le variant Omicron ? Cache-t-on quelque chose ? Il n’y a actuellement personne qui soit manifestement tombé malade dans un théâtre", affirme Peter De Caluwe. Une concertation est prévue jeudi soir à l’Ancienne Belgique.

Experts

Le virologue Marc Van Ranst regrette des mesures considérablement strictes qui touchent en particulier le monde culturel et laisse trop d’espace aux événements de fin d’année, et plus particulièrement les marchés de Noël extérieurs, qui peuvent rester ouverts sous certaines conditions. L’expert estimant que "le vin chaud a gagné sur la culture".

Pour son confrère Steven Van Gucht, les mesures prises par le Comité de concertation surpassent les recommandations des experts, soulignant que la fermeture des théâtres et des cinémas "n’était pour nous qu’un plan B". Pour le virologue, les salles de cinéma étaient encore sûres si les mesures de sécurité telles que le port du masque ou la ventilation étaient respectés.

Sport

Pierre François, le CEO de la Pro League, l’instance du football professionnel belge, a réagi à la décision du Comité de concertation d’instaurer un huis clos pour toutes les compétitions sportives. "Avec moins de recettes à cause du huis clos et plus de charges fiscales, nous allons droit dans le mur", a-t-il précisé sur nos antennes mercredi.

"Cette décision va faire mal et il y a une grosse inquiétude car il est peu probable que les supporters soient de retour pour la journée de reprise en janvier", a confié Pierre François qui a rappelé que la Pro League avait déjà pris elle-même des mesures. "Nous avions interdit les supporters visiteurs de se déplacer mais aussi fermé des buvettes pour éviter la propagation du virus."

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Politiques

Du côté des réactions politiques, Défi estime que faute d’être passé en gestion du risque, le Codeco a sacrifié le secteur culturel : "Au bout de deux ans, il y a des enseignements à tirer de cette expérience. Et pourtant, une nouvelle fois, c’est en mode 'ON-OFF' que le Codeco choisit d’avancer. Le Codeco a eu le choix, depuis des mois, de passer de la gestion de crise à la gestion de risques, de mettre en place le baromètre corona" explique le parti dans un communiqué avant que François de Smet, président du parti, n’en remette une couche : "Il est grand temps que le Codeco ait le courage d’ouvrir le débat démocratique sur une politique plus ferme de vaccination ; de relancer une campagne sur les gestes barrières ; d’accélérer la mise en place du plan ventilation. Il est temps d’explorer toutes les possibilités pour que la mise en "marche/arrêt" de la société soit la toute dernière option".

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