Il a créé la surprise générale en quittant la N-VA pour devenir CEO de la Pro League : Lorin Parys est un homme qui semble aimer les changements et les défis. Sa désignation à la tête du football belge est l’occasion de revenir sur son parcours, assez atypique.
L’annonce de son retrait du monde politique a eu l’effet d’une bombe, une surprise empreinte de déception du côté des nationalistes flamands. Il faut dire que Lorin Parys était devenu l’un des hommes forts de Bart De Wever, l’un de ses lieutenants les plus fidèles.
Mais contrairement à d’autres figures de proue du parti, le Louvaniste de 45 ans n’a pas de véritable attache historique avec le nationalisme flamand. A l’origine, Lorin Parys a étudié le droit à Louvain puis à Namur, où il a d’ailleurs appris le français. Il s’est ensuite envolé vers l’Afrique du Sud et New York, pour poursuivre sa formation. Et c’est à Big Apple qu’il entame sa carrière d’avocat.
De l’Open VLD à la N-VA
C’est finalement la politique qui le ramènera au pays. En 2003, il devient porte-parole de la libérale Patricia Ceyssens, à l’époque ministre flamande de l’Economie. Quelques années plus tard, il prend la 2e place de la liste Open VLD à la Chambre, mais Lorin Parys n’est pas élu. Relégué au second plan il rejoint alors le monde des affaires, où il dirigera notamment le très controversé projet de centre commercial UPlace. Durant un an, il sera également directeur opérationnel du FC Bruges.
C’est ensuite la N-VA qui l’attire dans ses rangs : en 2014, il est cette fois élu au niveau régional. Au Parlement flamand, Lorin Parys se spécialise dans les thèmes sociaux, tels que le logement, la pauvreté et l’égalité des chances. L’un de ses dossiers phares est le placement familial. Lorin Parys et son mari sont d’ailleurs eux-mêmes les parents d’accueil de deux enfants, et les parents adoptifs d’une petite fille.
La clé de son succès
Au Parlement flamand, Lorin Parys incarnait avec grande habileté la politique de la N-VA en matière de soins de santé. Il était d’ailleurs devenu une véritable épine dans le pied du ministre flamand de la Santé, le CD&V Wouter Beke, qui n’a donc pas dû être mécontent de le voir quitter l’assemblée.
Mais c’est aussi le profil centriste de Lorin Parys qui plaît au parti. Face à la perte d’électeurs en faveur du Vlaams Belang, il était important de ratisser auprès des formations plus traditionnelles pour accomplir l’un des rêves de la N-VA, en l’occurrence devenir le plus grand parti populaire de Flandre.
Et puis la personnalité de Lorin Parys semble également avoir séduit les membres de la N-VA puisqu’en 2018, il est élu à la vice-présidence du parti, devant Theo Francken. Ce parcours dans les rangs des nationalistes flamands est pour beaucoup considéré comme une prouesse pour un ancien de l’Open VLD.
Les raisons de ce choix
Malgré ce parcours, Lorin Parys a donc décidé lundi de quitter le parti de Bart De Wever. D’après les observateurs, Lorin Parys avait atteint l’apogée de sa carrière politique.
Face à ses nombreux rivaux au sein du parti, il était peu probable qu’il en devienne un jour le président. Un poste de ministre semblait, lui aussi, impossible à obtenir. Au niveau régional, il figure en effet sur la même liste que Ben Weyts, l’actuel ministre flamand de l’Enseignement qui a de fortes chances d’obtenir un nouveau portefeuille dans la prochaine majorité flamande. Au fédéral, c’est Theo Francken qui lui fait face dans le Brabant flamand. Theo Francken qui en 2024, serait incontournable en cas de participation de la N-VA à un nouveau gouvernement.
Mais outre ce manque de perspective politique, c’est aussi la tentation de nouveaux défis, et d’un poste bien mieux payé, qui ont finalement joué en faveur de la Pro League.
De nombreux défis
Les défis promettent d’être nombreux au sein de l’instance belge du football professionnel. Mais le profil et le parcours de Lorin Parys pourraient justement lui être bien utiles.
Face à la volonté de la quasi-totalité des partis de supprimer les avantages fiscaux des clubs de foot professionnels, le nouveau patron de la Pro League pourra profiter de ses nombreux contacts politiques. On évoque aussi son homosexualité qui pourrait aider à bousculer les mentalités au sein de ce sport.
Mais son mandat ne sera pas sans obstacle puisque Lorin Parys devra parvenir à se défaire de son étiquette N-VA et de son ancienne proximité avec le président du Club de Bruges pour lequel il travaillait. Que ces défis soient relevés ou non, une chose est sûre : il n’y aura pas de retour en politique pour Lorin Parys. C’est en tout cas ce qu’il a affirmé.