Les communes de Tournai, Celles et Ath vont bientôt proposer à leurs habitants de déposer eux-mêmes leurs déchets ménagers résiduels (les déchets non triés comme les brosses à dents, coton-tige, les vieilles chaussures) dans ce qu’on appelle des "points d’apport volontaires". Il s’agit de conteneurs, comme des bulles à verre, disposés en plusieurs endroits de la commune. Le système existe déjà à Mouscron, Leuze-en-Hainaut, Brugelette, Péruwelz ou Lessines, où 10% des habitants les utilisent après deux ans d’installation.
"Nous avons pour l’instant 18 points de collectes et le but est d’étendre le réseau pour que chacun en ait un près de chez lui", indique Benoit Leclercq, l’éco-conseiller de la ville de Lessines.
Au départ, l’objectif de ces points de collecte était de trier les déchets organiques des déchets résiduels. Mais instaurer une tournée supplémentaire pour ramasser les déchets organiques était impayable. C’est ainsi que les premiers points d’apport volontaires ont été créés, il y a trois ou quatre ans. En séparant les déchets organiques, on réduisait aussi le volume de déchets non triés, ce qui est aussi un objectif climatique de la Wallonie.
Ensuite, pour la même raison économique, l’idée de récolter les déchets ménagers de la même façon a fait son chemin. "Il faut savoir qu’un camion poubelle consomme entre 40 et 50 litres d’essence aux 100 km", relève Benoit Leclercq. Il est évident que les redémarrages intempestifs de ce camion expliquent cette consommation presque 8 fois supérieure à celle d’une voiture. "L’idée est d’envisager à terme de passer d’une tournée de porte-à-porte pour les déchets résiduels toutes les semaines à une toutes les deux semaines".
L’avantage pour le citoyen est plus faible, il faut bien le dire. Il peut sortir ses poubelles 7 jours sur 7 et ne doit plus se caler sur le jour du passage du camion. "Certains sortaient leurs poubelles même quand elles n’étaient pas remplies, ou avant un départ en vacances", illustre l’éco-conseiller. Mais les avantages s’arrêtent là, car faire 100 ou 200 mètres supplémentaires à pieds, voire prendre sa voiture peut en décourager certains. Ce qui peut expliquer que seuls 10% des Lessinois aient été tentés par le système, après deux ans d’installation.
Les tournées en porte-à-porte, un luxe qu’on ne peut plus se permettre ?
Si l’objectif est de réduire la fréquence des tournées de porte-à-porte, c’est aussi pour éviter d’augmenter les impôts. "Avec les prix des carburants qui augmentent et l’obligation d’appliquer le coût vérité de la collecte des déchets aux citoyens, on serait obligés d’augmenter les impôts et ce ne serait vraiment pas de gaieté de cœur, concède Benoit Leclercq. Ici, on a un système moins cher pour nous, et moins cher pour le citoyen."
Toujours est-il qu’il faudra changer les habitudes des citoyens qui ont été habitués au ramassage des poubelles devant chez eux. "En France ou aux Pays-Bas, il y a beaucoup de communes qui n’ont pas de collectes en porte-à-porte, soulève l’éco-conseiller. Ici, les gens y ont été habités et donc quand on doit un peu reculer, c’est toujours difficile pour la population."
Ces grandes tournées sont un peu un luxe qu’on ne pourrait plus se permettre. Mais l’intérêt n’est pas uniquement économique. Ipale, l’intercommunale de gestion des déchets fait remarquer que la part de déchets triés et recyclés a fortement augmenté depuis l’introduction de ce système.