Santé & Bien-être

De plus en plus de personnes vivent avec le Sida sans être diagnostiquées : "C'est un risque pour la santé publique"

Positive HIV blood test, illustration

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Par Sophie Mergen

C'est une conséquence inattendue de la pandémie de covid-19. Le nombre de personnes séropositives non-diagnostiquées est en augmentation dans l'espace européen. "C'est inquiétant" réagit l'Organisation Mondiale de la Santé. "Nous devrions tous être profondément préoccupés par ces données" affirme Hans Henri P.Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe. Cela signifie en effet que des centaines de milliers de personnes ne bénéficient pas des soins dont elles auraient besoin.

En 2020, le nombre de cas signalés a chuté de manière considérable. Une tendance qui s'est poursuivie en 2021, le nombre de nouveaux diagnostics étant toujours inférieur de 25% par rapport au nombre de cas rapportés avant la pandémie. Ces résultats sont néanmoins à prendre encore avec des pincettes, car ils pourraient aussi révéler une diminution des nouveaux cas. "On doit examiner cela à moyen-terme pour comprendre vraiment ce qui s'est passé" explique Andrea Ammon, directrice de l'ECDC, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. 

"Nous devrions tous être profondément préoccupés par ces données"

Les scientifiques sont néanmoins inquiets quant au sous-diagnostic de la maladie : "Ce n’est pas bon pour les individus, car ils ont plus de risques de développer une forme grave de la maladie et même plus de risques de décès. C’est aussi un risque en termes de santé publique car les personnes séropositives non traitées peuvent sans le savoir transmettre le VIH à leurs partenaires sexuels" réagit Andrea Ammon, directrice de l'ECDC, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. 

Dans l'Union Européenne, une personne sur huit vivant avec le VIH n'est toujours pas diagnostiquée. 

Cela nous éloigne de notre objectif de mettre fin au Sida en 2030

"La stigmatisation persistante et généralisée autour du VIH dissuade les gens de se faire dépister et nous éloigne dangereusement de notre objectif de mettre fin au Sida en 2030" déclare Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

Le rapport demande le déploiement de nouvelles stratégies pour améliorer le dépistage précoce, rappelant qu'il s'agit d'un défi majeur pour la santé publique. 

Et en Belgique? 

En Belgique, environ 1200 personnes sont séropositives sans le savoir. 6% des personnes infectées ne sont donc pas diagnostiquées. "C'est encore de trop" réagit Thierry Martin, de la plateforme Prévention Sida. "Le risque, c'est que des personnes en contaminent d'autres sans le savoir, avec une charge virale élevée". 

"Un effort encore plus important en matière de prévention et de diagnostic précoce auprès des personnes à risque d'infection par le VIH reste nécessaire" ajoute Sciensano. 

Un effort plus important reste nécessaire

En 2021, le nombre de nouveaux diagnostics a néanmoins augmenté de 4% par rapport à l'année précédente. Mais 2020 avait été marqué par une chute importante du nombre de nouveaux cas comptabilisés, en raison de la pandémie de covid-19. 

"Malgré les progrès réalisés ces dernières années, l'épidémie du VIH en Belgique n'est pas encore sous contrôle" déclare Sciensano. "Il est essentiel de progresser encore en ce qui concerne le diagnostic précoce et l'utilisation effective de l'éventail des stratégies de prévention". 

Du côté de la Plateforme Prévention Sida, on demande un renforcement de l'accessibilité aux tests de dépistage. "Il faut notamment renforcer les centres de dépistages anonymes et gratuits, bien trop peu nombreux" explique Thierry Martin. 

En tout, la Belgique comptabilise quelques 19 177 personnes séropositives.

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JT du 01/12/2022

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