La Fédération nationale des infirmières de Belgique estime à 30% le taux d’absentéisme dans les hôpitaux du pays. C’est 10 à 15% de plus qu’il y a un an. Alors que tous les indicateurs concernant l’épidémie en Belgique sont en hausse, la pénurie de personnel soignant oblige à fermer de nombreuses unités dans les hôpitaux du pays. A la Clinique Saint-Pierre d’Ottignies c’est une unité entière de 30 lits qui est déjà fermée, et une deuxième le sera prochainement.
"C’est du jamais vu", explique Myriam Seront, directrice du département infirmier : "C’est triste à mourir et cela a un réel impact sur la vie de l’hôpital. Cette unité fermée nous oblige à délocaliser des patients d’un service à l’autre. Et on impose un rythme effroyable à notre personnel car les unités sont bondées. Par ailleurs, beaucoup de patients séjournent dans notre service d’urgences dans l’attente d’un lit pour y être hospitalisés".
Elle craint que des opérations doivent bientôt être postposées par maque de personnel. Dès le 10 novembre, cette clinique devra consacrer 24 lits d’hospitalisation pour le séjour de patients Covid : "Cela va nous compliquer encore la vie, c’est infernal, franchement ! On mène au personnel un train d’enfer. Et la conjoncture n’est pas près de s’améliorer. Cette unité est fermée au moins jusqu’à l’année prochaine, en espérant que je puisse avoir du personnel en suffisance pour la rouvrir. C’est la première fois qu’on se trouve dans une telle galère".
C’est difficile de se dire que l’on est dans une situation pire qu’en 2020
Une unité Covid consomme 25% de personnel en plus qu’une autre unité parce que les patients sont instables, il faut les surveiller de près et il y a tous les équipements à porter et à enlever, indique-t-elle aussi.
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A l’hôpital Erasme (Bruxelles), dans l’unité médico-chirurgicale 70 lits sur 400 sont fermés, ce qui oblige à trouver des solutions de fortune. Un partenariat a été conclu avec un hôtel afin d’économiser un lit pour permettre la prise en charge d’un autre patient. A cause du manque de personnel, des interventions sont postposées et les délais d’attente allongés : "C’est du jamais vu, c’est une situation inquiétante parce qu’on est obligé de se limiter et de ne pas soigner tout le monde, explique Aurélie Penninckx, cheffe du Service Accueil-Admission-Préadmission et Gestion des lits. "C’est difficile de se dire que l’on est dans une situation pire qu’en 2020".
Beaucoup pointent du doigt une inaction des autorités depuis des années. La crise du Covid-19 n’a fait qu’accentuer le désintérêt pour les études d’infirmière. Pour remédier à l’urgence, le Risk Management Group demande aux soignants vaccinés d’aller travailler, même s’ils ont eu un contact à haut risque, dans l’attente du résultat de leur test. Cela fait bondir certains syndicats. Mais la vice-présidente de la Fédération nationale des infirmières de Belgique Alda Dalla Valle explique : "Je ne peux pas m’arrêter de travailler parce que j’ai eu un contact. Je sais que si j’ai des symptômes je dois me faire tester. Mais je ne vais pas le faire d’office parce que j’ai côtoyé un contact, sinon alors j’en fais toutes les demi-heures".
A côté de ces mesures d’urgence, tous demandent des mesures structurelles : amélioration sensible des conditions de travail, revalorisation salariale, reconnaissance du métier comme pénible, afin que la profession puisse à nouveau attirer.