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De Smet à Van den Brandt, en passant par De Lille : quand les ministres ont proposé plusieurs journées sans voiture à Bruxelles

De Lille, Grouwels, Van den Brandt, Smet et leur rapport à la journée sans voiture.

© Belga

Et si la Région bruxelloise organisait plusieurs journées sans voiture sur l’année ? Aujourd’hui et depuis 21 ans, il n’y en a qu’une. La dernière, ce dimanche, a connu un franc succès, grâce à la météo et aux nombreuses animations organisées aux quatre coins de la ville.

Mais ce n’est pas la première fois que les autorités publiques plaident pour multiplier les journées sans auto. De Bruno De Lille (Groen) à Pascal Smet (Vooruit), en passant par Brigitte Grouwels (CD&V) et l’actuelle ministre de la Mobilité Elke Van den Brandt (Groen), qui a proposé quoi ?

Van den Brandt en 2021 : "Évidemment, je suis partante pour cela !"

C’est la dernière déclaration politique en ce sens. Dans une interview accordée à 7sur7 vendredi, la ministre bruxelloise de la Mobilité Elke Van den Brandt le déclare : "Le dimanche sans voiture est vraiment une fête pour tous les Bruxellois. Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir ces jours de fête supplémentaires. Évidemment, je suis partante pour cela ! En plus, il faut investir chaque jour pour que Bruxelles devienne de plus en plus apaisée au quotidien."

Une proposition qui fait suite à de précédentes, dont certaines remontent déjà à plus de 15 ans.

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Delathouwer : "Pas en semaine"

Avant d’imaginer l’organisation de plusieurs journées sans voiture par an, il a d’abord été question d’organiser une journée sans voiture en semaine. L’idée remonte au mandat du secrétaire d'Etat à la Mobilité (de 1999 à 2003), Robert Delathouwer (sp.a), initiateur du dimanche sans voiture à Bruxelles.

Cette journée sans voiture coïncide avec la journée européenne de la Mobilité, fixée au 22 septembre. La première date de 2000 et la première journée sans voiture bruxelloise se déroule alors un vendredi, dans quelques quartiers de Bruxelles.

L’année suivante, le 22 septembre tombe un samedi et le périmètre d’interdiction des véhicules à moteur est plus large. En 2002, le 22 septembre est un dimanche. Parfait pour immobiliser toutes les voitures.

Mais un an plus tard, nouveau casse-tête, le 22 est un lundi, jour de retour de week-end et de reprise de l’activité économique. Faut-il braver cette contrainte ? "Nous ne sommes sans doute pas encore prêts à tenter l’aventure en semaine", déclare Robert Delathouwer à la presse en septembre 2003. "Alors que nous accueillons chaque jour une centaine de milliers de navetteurs."

Robert Delathouwer, entre Mathilde et Philippe.
Robert Delathouwer, entre Mathilde et Philippe. © Belga

Pascal Smet en 2005 : "Dans le centre historique"

En 2005, le ministre de la Mobilité Pascal Smet lance une proposition que personne n’attend : organiser plusieurs journées sans voiture alors que Bruxelles n’en connaît qu’une depuis l’an 2000.

Son idée : des journées sans voiture dans le centre historique. "Vu le succès remporté par la journée sans voiture, […], je voudrais également mettre en place, pendant l’été, une ou plusieurs autres journées sans voiture, limitées cette fois au centre historique", indiquait-il à l’Agence Belga. Il précise : "Les différentes communes du centre historique (Bruxelles, Saint-Gilles, Ixelles) seraient alors reliées entre elles par des corridors réservés aux cyclistes et aux piétons".

Il faudra attendre le 11 mai 2008 et la Fête de l'Iris, pour tenter l’expérience dans le centre historique. Elle sera unique.

Pascal Smet, ministre de la Mobilité, lors de la journée sans voiture de 2004.
Pascal Smet, ministre de la Mobilité, lors de la journée sans voiture de 2004. © Belga

Pascal Smet en 2008 : "Une troisième voire une quatrième journée sans voiture"

Lors de la journée sans voiture de 2008, Pascal Smet revient à la charge. Il déclare : "Une telle journée répond à une réelle demande des Bruxellois. Des enquêtes de satisfaction indiquent que près de 90 % de la population réclament davantage de journées sans voiture. Nous avions organisé une journée sans voiture en mai dernier qui était limitée au Pentagone. Nous allons réorganiser une telle journée et voir s’il n’est pas possible de lancer une troisième voire une quatrième journée sans voiture, par exemple durant l’été."

Il ajoute, dans Le Soir : "Sans doute le dernier dimanche de juin, de juillet et d’août. Je constate en tout cas chez les Bruxellois un vrai changement de mentalité à l’égard de la mobilité douce."

Brigitte Grouwels et Bruno De Lille lors du dixième anniversaire de la journée sans voiture à Bruxelles.
Brigitte Grouwels et Bruno De Lille lors du dixième anniversaire de la journée sans voiture à Bruxelles. © Belga

Bruno De Lille : une journée sans voiture par saison ?

En 2009, Pascal Smet cède sa place à la Mobilité au secrétaire d'Etat Groen Bruno De Lille. Ce dernier reprendre l’idée de son prédécesseur.

Lors de sa première journée sans voiture en septembre, il annonce son souhait d’augmenter leur nombre. Mais sans précision aucune. Il faut d’abord discuter avec les communes et les associations de quartier. Les pistes restent ouvertes : une journée sans voiture par saison, une zone sans voiture dans un périmètre limité, interdire l’accès aux voitures dans des quartiers spécifiques…

Brigitte Grouwels, ministre régionale de 2009 à 2014.
Brigitte Grouwels, ministre régionale de 2009 à 2014. © Belga

Grouwels : "Une et une seule journée sans auto"

Bruno De Lille est secrétaire d'Etat à la Mobilité mais il dépend de la ministre des Transports Brigitte Grouwels. En septembre 2012, dans une interview à La Capitale, elle coupe court à toutes nouvelles propositions : "Tant que je serais ministre, il n’y aura pas d’autres journées sans voiture. On ne doit pas multiplier pour rien ce genre d’initiative." Selon elle, un seul dimanche sans auto par an est amplement suffisant.

"Il est certain que cela invite les gens à réfléchir sur leur mode de déplacement. On voit beaucoup de gens à vélo qui normalement craignent de circuler ainsi parce qu’ils ont peur du trafic automobile. Je crois que ce dimanche sans voiture, surtout s’il fait beau, motivera la population a tenté l’expérience. Du coup, augmenter le nombre de ces journées ferait perdre de son attrait et de son sens à cette initiative", estime Brigitte Grouwels qui préfère renforcer le caractère symbolique et fédérateur de l’unique journée sans voiture de l’année.

Ecolo en 2017 : une journée sans semaine

En 2017, le groupe Ecolo et Groen au Parlement bruxellois dépose une proposition de résolution en vue d’une deuxième journée sans voiture à Bruxelles, non pas le dimanche mais en semaine. Cette journée ne doit pas être régionale, elle pourrait se limiter, disent les Verts, à des zones bien desservies par les transports en commun.

"Il faut rappeler la vocation initiale d’une journée sans voiture : la sensibilisation à la mobilité durable. A ce titre, il serait utile d’ajouter au dimanche sans voiture, une autre journée sans voiture, qui, elle, se ferait dans des conditions ordinaires, en semaine", commente le groupe parlementaire, alors dans l’opposition.

En janvier 2018, un panel citoyen interrogé par le Parlement bruxellois ne s’oppose pas à l’idée de voir deux journées sans voiture à Bruxelles.

Pascal Smet en 2018 : "Deux journées en 2019"

Après le tandem Grouwels-De Lille, retour de Pascal Smet à la Mobilité entre 2014 et 2019. En 2018, un an avant les élections, il promet l’organisation d’une double journée sans voiture pendant l’année. Lors du bilan de l’édition 2018, il déclare : "J’espère que le Parlement bruxellois parviendra rapidement à un consensus pour organiser une deuxième journée sans voiture en 2019. Les Bruxellois ont clairement voté pour aujourd’hui".

En 2018, Pascal Smet espérait deux journées sans voiture pour 2019.
En 2018, Pascal Smet espérait deux journées sans voiture pour 2019. © Belga

Un week-end sans voiture abandonné en 2019

Lors du passage du Tour de France en 2019 à Bruxelles, la Région et la Ville de Bruxelles présentent une proposition : organiser un week-end sans voiture les 6 et 7 juillet, lors des deux étapes bruxelloises de la Grande Boucle. Le projet est séduisant pour une ville qui veut marquer le coup, alors que l’on célèbre les 50 ans de la première victoire d’Eddy Merckx.

Mais pour les zones de police bruxelloises, c’est non ! Tout d’abord, parce que c’est l’été et les effectifs sont déjà réduits. Ensuite, parce que gérer la sécurité du peloton ainsi que celle d’une ville sans voiture, sont impossibles estiment les chefs de corps qui rendent un avis négatif.

Pour être complet, l'an dernier, lors de la pandémie de Covid-19, Greenpeace Bruxelles a réclamé l'organisation de plusieurs journées sans voiture, afin de réaliser un geste concret pour la planète.

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