Deb Haaland, secrétaire d'Etat à l'Intérieur de Joe Biden: qui est la première Amérindienne à rentrer au gouvernement américain ?

Deb Haaland: qui est la première Amérindienne à rentrer au gouvernement américain?

© POOL - Getty Images via AFP

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Par Jean-François Herbecq

Le Sénat américain a voté lundi pour confirmer la nomination de la démocrate Deb Haaland comme secrétaire d'Etat à l’Intérieur du président Joe Biden, une décision historique qui fera d’elle la première ministre amérindienne. Sa mission : répondre au défi énergétique mais aussi défendre la cause des Américains autochtones. 51 sénateurs ont approuvé sa nomination contre 40, la plupart des républicains ayant voté contre elle suite à leurs critiques sur ses idées d’utilisation des terres publiques et des combustibles fossiles.

"Native American" et écolo

Cette femme de 60 ans née en Arizona se définit comme "Nouvelle Mexicaine de la 35ème génération" pour souligner son appartenance au peuple Pueblo, une des tribus reconnues par le fédéral et établie au Nouveau Mexique depuis le 13ème siècle. Une "native American" par ses deux parents avec des racines norvégiennes du côté de son père. En fait, avant elle, il y a eu Charles Curtis, vice-président de Herbert Hoover, au début des années 30, seule sa mère était amérindienne.

Debra Anne Haaland doit abandonner ses études de droits par manque d’argent avant de les reprendre à l’âge de 35 ans en contractant un emprunt qu’elle remboursait encore en 2018. Lorsqu’elle décroche son diplôme à l’université du Nouveau Mexique, elle est le fer de lance de ces Amérindiens pour qui des études universitaires semblent enfin du domaine du possible. Dans les années 1960, les Amérindiens universitaires se comptent sur les doigts des deux mains. Il faut attendre les années 1990, pour que leur nombre dépasse 10.000. Et ils sont aujourd’hui toujours sous-représentés dans les universités. En cela, Deb Haaland est déjà un exemple pour sa communauté.


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Mère célibataire à 34 ans, elle a traversé le désert de l'alcoolisme, connu la dureté de la pauvreté, elle a du mal à joindre les deux bouts, se lance dans la commercialisation de sauces mexicaines, doit aller habiter chez des amis et compter sur les banques alimentaires pour se nourrir.

Deb Haaland incarne aussi l’intégration des Amérindiens dans l’idée patriotique de l’Amérique. Un père militaire, une carrière dans les affaires publiques, que ce soit de sa communauté ou du parti républicain.

Elle s’implique dans les affaires de sa communauté Pueblo en mettant l’accent sur les pratiques respectueuses de l’environnement avant de se tourner vers la politique. En 2012, elle est la cheville ouvrière au Nouveau Mexique du mouvement des Amérindiens pour la réélection de Barack Obama. Toujours sous les couleurs démocrates, elle se présente comme gouverneur adjointe de son Etat en 2014 mais sans succès, avant de prendre la tête de la section Nouveau Mexique de son parti l’an suivant.

Deb Haaland

Elle est élue en 2018 comme l’une des deux premières femmes amérindiennes au Congrès avec Sharice Davids. Lors de son investiture, elle s’affiche en tenue traditionnelle pueblo, blouse, collier et mocassins. Elle est réélue en 2020.

Environnement, énergie, Amérindiens: un gros ministère

Aujourd’hui, sa nomination à la tête du ministère de l’Intérieur constitue une victoire pour le mouvement des autochtones qui a fait campagne pour élever l’un des leurs à un poste fédéral qui supervise les ressources naturelles, les terres publiques, les parcs nationaux et les affaires indiennes. Ce qu’elle a souligné lors de ses auditions : "La nature historique de ma confirmation ne m’échappe pas, mais je dirai que ce n’est pas à propos de moi. J’espère plutôt que cette nomination serait une source d’inspiration pour Américains : avancer ensemble en tant que nation et créer des opportunités pour nous tous."

Le ministère que Deb Haaland se voit confier ne compte pas moins de 70.000 fonctionnaires. Originaire d’un Etat producteur d’énergie, elle connaît les défis qui l’attendent. Avec des dossiers chauds comme les dépossessions des terres indigènes. Elle a aussi en charge la gestion des forêts des Black Hills saisies par l’Etat aux propriétaires autochtones, des parcs nationaux du Montana pris à des terres autochtones, des gisements de cuivre de l’Arizona situés sous des terres sacrées et des environnements et de la faune de l’Alaska en proie à l’exploitation.

Deb Haaland participe au plan de Biden pour lutter contre la crise climatique et réduire les émissions de carbone. Son engagement lui a valu les critiques des républicains qui lui reprochent son manque de vision. Ce sont ses déclarations de 2019 au Guardian qui passent mal : elle a déclaré qu’elle s’opposait "de tout cœur" à la fracturation hydraulique, au forage sur les terres publiques ou à la pose de nouveaux pipelines. "Des points de vue 'extrêmes'" pour les républicains.

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