JO d'hiver - Pékin 2022

Décès de Jacques Rogge à 79 ans : un président comme un poisson dans l’eau olympique

Jacques Rogge laisse le Comité international olympique orphelin de son avant-dernier président

© AFP POOL PHOTO / STEPHANE DE SAKUTIN

Décès de Jacques Rogge à 79 ans : un président comme un poisson dans l'eau olympique

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Jacques Rogge est décédé ce dimanche 29 août à l’âge de 79 ans a annoncé le Comité International Olympique dont il a été le président entre 2001 et 2013. Retour sur la vie d’une grande figure du sport belge.

Docteur Jacques Rogge. Monsieur le Président. Comte Jacques Rogge. Le "Soigneur des Anneaux"… Jacques Rogge était connu sous de nombreuses "appellations" qui illustrent bien ses multiples vies, ou plutôt sa vie à multiples facettes…

Médecin (spécialisé en chirurgie orthopédique et en médecine du sport), sportif, dirigeant : Jacques Rogge était un homme pluridisciplinaire. La preuve, déjà, dans sa carrière sportive : adepte de la voile depuis sa jeunesse (il est né le 2 mai 1942 à Gand), il a décroché… 16 titres de champion de Belgique, un titre de champion du monde et il a aussi participé trois fois aux Jeux Olympiques en Classe Finn (à Mexico en 1968, Munich en 1972, et Montréal en 1976). Mais ce n’est pas tout ! Jacques Rogge a aussi tâté du ballon ovale : champion de Belgique de rugby avec le club de l’ASUB (Waterloo), Rogge a aussi été membre de l’équipe nationale belge à dix reprises.

Le Gantois a aussi connu les Jeux dans la peau du chef de délégation belge, à Moscou 1980, Los Angeles 1984 et Séoul 1988 pour les Jeux d’été, à Innsbrück 1976 et Calgary 1988 pour les Jeux d’hiver.

Et s’il n’a pas remporté de médaille olympique, il participera tout de même encore à de nombreuses cérémonies d’ouverture et de clôture et connaîtra bien d’autres podiums : ceux réservés aux discours. Sous sa présidence, le Comité Olympique International (le CIO) aura connu six éditions des Jeux, de Salt Lake City en 2002 à Londres en 2012.

Jacques Rogge a notamment participé aux Jeux Olympiques de Montreal en 1976
Jacques Rogge a notamment participé aux Jeux Olympiques de Montreal en 1976 © capture d’écran Youtube @Olympic

Parfois critiqué, toujours respecté

L’olympisme, Jacques Rogge s’y sentait comme un poisson dans l’eau : l’homme a baigné dans l’univers olympique toute sa vie, gravissant les échelons jusqu’à devenir le "patron" du CIO en 2001. Un patron proche des athlètes : en 2002, à Salt Lake City, il était ainsi devenu le premier président à s’installer au village olympique, plutôt que dans un hôtel de la ville hôte.

Un président diplomate, aussi. Multilingue (Rogge parlait cinq langues), le Gantois a usé de ses talents de rassembleur dans de nombreux dossiers, mais a aussi toujours tenu à séparer strictement les débats politiques et l’organisation des Jeux, s’attirant de nombreuses critiques. Il avait notamment résisté aux appels de boycott des Jeux Olympiques de Pékin, ou refusé qu’un hommage soit rendu, 40 ans plus tard (aux Jeux de Londres), aux sportifs israéliens tués à Munich en 1972 précisant que "si nous laissons les athlètes, les entraîneurs ou les officiels utiliser les cérémonies d’ouverture ou de clôture des Jeux, ou le podium pour exprimer leurs opinions, ce sera la fin de l’esprit des Jeux Olympiques".

Mais le président Rogge a également quelque peu "rajeuni" la maison olympique, en donnant notamment naissance à l’un des bébés dont il est le plus fier, les Jeux Olympiques de la Jeunesse (dont la première édition s’est déroulée en 2010 à Singapour, et dont 156 participant.e.s ont ensuite également pris part aux JO 2012 à Londres).

Un héritage plus que concret

Thomas Bach (à gauche) a succédé à Jacques Rogge à la présidence du CIO en 2013

En cédant le relais à l’Allemand Thomas Bach à la présidence du CIO en 2013, Jacques Rogge lui a également fourni les clés d’une organisation plus saine, plus transparente, plus ouverte aux jeunes et… plus riche, aussi. Rogge a lutté contre le gigantisme des Jeux, permettant ainsi de réduire la note olympique de chaque édition. C’est également sous sa présidence que le CIO a pour la première fois contracté une "assurance annulation" des Jeux Olympiques (au moment des JO d’Athènes 2004) et mis sur pied un fonds de réserve permettant à l’instance d’encaisser financièrement une éventuelle annulation des Jeux.

Au moment de tirer sa révérence, en 2013, le Belge tirait également un bilan à son image : multiple. "On ne peut pas avoir une satisfaction unique", confiait alors Jacques Rogge. "C’est plutôt une série d’acquis que nous avons pu faire avec une équipe très forte au sein du CIO. C’est d’abord la grande qualité des six Jeux olympiques qui ont été organisés sous mon mandat, le fait d’avoir pu donner au CIO une très bonne base financière qui lui permettrait même si le cas était, de se passer d’une édition des Jeux. Et j’espère que ça ne se passera jamais…"

Anobli par le Roi Albert II en 2002, après son accession au poste suprême du CIO, Jacques Rogge a terminé sa vie de manière plus calme que tout ce qu’il avait connu dans les décennies précédentes, même s’il a encore accepté, par exemple, de devenir envoyé spécial des Nations unies pour le sport dans les camps de réfugiés, à la demande de Ban Ki-moon (alors secrétaire général de l’ONU). Revenu vivre en Belgique après 12 ans passés à Lausanne, au siège du CIO, Rogge avait en toute logique levé le pied sur ses nombreuses activités, après une vie professionnelle passionnante et passionnée. Mais malgré toute son expérience, sa formation médicale et sa vie passée aux quatre coins du monde, il n’avait sans doute pas imaginé que les derniers Jeux dont il a dévoilé la ville hôte (Tokyo) seraient retardés puis plus que menacés par un virus mondial…

Jacques Rogge était aussi un époux, un père et un grand-père… La rédaction sportive de la RTBF présente ses condoléances à sa famille, ainsi qu’à la famille olympique.

Jacques Rogge lors de son dernier discours, pendant la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Londres 2012
Jacques Rogge lors de son dernier discours, pendant la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Londres 2012 © AFP

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