La doyenne de la Cour suprême des Etats-Unis Ruth Bader Ginsburg est décédée vendredi à l'âge de 87 ans, ce qui devrait ouvrir la voie à une intense bataille politique à moins de deux mois de la présidentielle.
Cette juge progressiste, devenue une véritable icône à gauche, est morte des suites d'un cancer du pancréas, entourée par sa famille, a annoncé la plus haute juridiction des Etats-Unis dans un communiqué.
Des combats féministes
Elle s'est formée dans plusieurs universités prestigieuses, dont Cornell, puis Harvard et Columbia à une époque où peu de femmes y étudiaient. Dans sa promotion en 1957, il y avait 500 étudiants et 9 étudiantes.
Le doyen de l’Ecole de Droit de Harvard lui demande alors : "Comment justifiez-vous de prendre la place d'un homme compétent ?" Elle a également dû se battre pour avoir accès à la bibliothèque de Harvard, jusque là interdite aux femmes.
A sa sortie de l'université, aucun cabinet d'avocats ne l'engage. En 1963, elle devient l’une très rares femmes à enseigner le droit aux Etats-Unis, à l’université Rutgers, en banlieue new-yorkaise.
Depuis, elle citait souvent Sarah Grimké, une militante abolitionniste : "Je ne réclame aucune faveur pour les personnes de mon sexe. Tout ce que je demande à nos frères, c’est qu’ils veuillent bien retirer leurs pieds de notre nuque."
Par la suite, elle défend un homme veuf au foyer, Stephen Wiesenfeld, exclu de l’allocation maternelle car il est un homme, sachant que cette discrimination-là allait faire parler d'elle.
"Les juges pensaient que les discriminations sexistes n’existaient pas", explique-t-elle. Elle s'attache à montrer, surtout auprès des juges masculins dans une écrasante majorité, en quoi la discrimination pénalise les femmes.
Elle fit massivement avancer la cause des femmes et l’égalité, particulièrement dans le monde du travail. Elle prit également la défense du doit à l'avortement.
Comment justifiez-vous de prendre la place d'un homme compétent?