La coopération spatiale, domaine préservé
Jusqu'à récemment, la coopération spatiale entre la Russie et les pays occidentaux était l'un des rares domaines à ne pas avoir trop pâti des sanctions décrétées contre Moscou après l'annexion en 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée.
Quelques tensions étaient toutefois apparues, notamment après que le président russe Vladimir Poutine a nommé en 2018 à la tête de l'agence spatiale russe Roscosmos le nationaliste Dmitri Rogozine.
Ce dernier affiche régulièrement son soutien à ce que la Russie appelle "une opération militaire spéciale" en Ukraine et a affirmé que les récentes sanctions occidentales introduites contre Moscou pourraient provoquer la chute de l'ISS.
Selon lui, le fonctionnement des vaisseaux russes ravitaillant l'ISS sera perturbé par les sanctions, affectant donc le segment russe de la station. En conséquence, cela pourrait provoquer "l'amerrissage ou l'atterrissage de l'ISS pesant 500 tonnes", a-t-il averti le 12 mars.
Principe d'interdépendance
Les propulseurs des vaisseaux russes amarrés à la station servent en effet à corriger l'orbite de la structure spatiale. Une procédure réalisée une dizaine de fois par an pour la maintenir à la bonne altitude, ou encore éviter des débris spatiaux sur sa trajectoire.
Les Américains seuls n'ont pas cette capacité, a confirmé lundi Joel Montalbano, le directeur du programme de la station pour la Nasa. "La Station spatiale a été conçue sur le principe de l'interdépendance (...) il ne s'agit pas d'un processus dans lequel un groupe peut se séparer de l'autre."
"A l'heure actuelle, il n'y a aucune indication que nos partenaires russes veuillent faire les choses différemment. Donc nous prévoyons de continuer les opérations comme nous le faisons aujourd'hui", a-t-il dit.
Dernier accroc en date dans la coopération spatiale, l'Agence spatiale européenne (ESA) a annoncé jeudi avoir acté la suspension de la mission russo-européenne ExoMars et la recherche d'alternatives pour le lancement de quatre autres missions en raison de l'offensive en Ukraine.
Dmitri Rogozine a critiqué "un événement très amer" et affirmé que la Russie pourrait effectuer toute seule cette mission, "dans quelques années".