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Décoloniser l’espace public : adieu au Général Jacques ?

© Google Strretview

Par Marc Oschinsky

Bruxelles compte-t-elle trop de monuments et de noms de rue glorifiant le passé colonial de la Belgique ? Un groupe de travail mandaté par le gouvernement de la Région s’est penché sur la question. De son côté, la commune d’Ixelles a procédé au déboulonnage du buste du général Storms, installé depuis 1906 au square De Meeus.

Mais, il n’y a pas que les statues. Etterbeek remporte la palme du nombre de rues portant des noms de militaires belges présents au Congo du temps de l’Etat Indépendant : 25 en tout. Dont le Général Jacques. S’il est surtout connu pour avoir dirigé les troupes belges qui ont résisté aux Allemands en 14-18, sur le front de l’Yser, il a, lui aussi, un passé colonial. Assez pour qu’il doive disparaître de la toponymie bruxelloise ?

Etterbeek a installé, en février de cette année, une commission, composée de 10 élus et de 20 habitants, tirés au sort. Accompagnée de deux historiens, elle doit faire l’inventaire des traces de l’histoire coloniale dans la commune et recontextualiser cette histoire, afin de ne pas juger avec les yeux d’aujourd’hui des faits qui se sont déroulés il y a plus d’un siècle, mais aussi, éventuellement, de décider de placer des panneaux explicatifs à côté de certaines œuvres ou plaques de rue.

La commission devrait finir ses travaux au plus tard en mars 2023. Le Général risque-t-il son Boulevard ? "Franchement, je n’en sais rien, répond Vincent De Wolf, le bourgmestre d’Etterbeek. Ce sera à la commission à le décider. Certains y affirment qu’il ne faut pas faire comme les pharaons, qui effaçaient des cartouches les noms de leurs prédécesseurs. Ils estiment que l’histoire ne s’efface pas mais qu’elle s’apprend. Je ne sais pas s’ils emporteront l’avis de la majorité."

La commission s’est adjoint récemment les services d’un modérateur. Les débats seraient-ils à ce point virulents, entre celles et ceux qui veulent décoloniser l’espace public et celles et ceux qui aimeraient autant ne pas devoir changer le nom de leur rue ?

"Oh, virulents, je n’irais pas jusque-là, répond le bourgmestre. Mais ils sont très clivants. On trouve peu d’opinions médianes."

De toute façon, un tel changement, s’il devait être envisagé, poserait un problème : le boulevard s’étend aussi sur Ixelles. Et la décision nécessiterait au préalable une large consultation populaire.

Sur le même sujet : Extrait JT (30/06/2022)

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