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Décontaminer les uniformes : une question de santé pour les pompiers

© Charlotte Legrand - RTBF

Un tout nouveau véhicule vient d'être mis en service, au sein de la caserne de Chièvres. Sa mission? Récupérer les uniformes utilisés en intervention par les pompiers volontaires de la zone Hainaut-Centre, et les nettoyer. Le but étant de réduire les risques auxquels sont exposés les hommes du feu, qu'ils soient ou non professionnels. 

Le sergent Jordan Keldermans est une des chevilles ouvrières du projet. Pompier professionnel chez les pompiers de Mons, il est aussi inscrit comme volontaire à Chièvres. Les risques encourus lors des interventions, il y pense régulièrement. "On entend qu'un ancien collègue est décédé d'un cancer, à 65 ans. Un autre est malade. On se demande si tous ces problèmes de santé ne sont pas dûs au métier...une étude canadienne parle de risques de cancer 50% plus élevés pour les pompiers : ça reste dans la tête!" Lui et d'autres collègues ont décidé de s'investir pour améliorer la sécurité, à la fois pendant les interventions mais aussi après, "et éviter de ramener à la maison des substances dangereuses". 

De nouvelles procédures pour décontaminer

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Une ambulance relookée

Concrètement, une ancienne ambulance a été transformée en véhicule "technico-logistique-réhab". En gros, une sorte de "Q.G." de décontamination. "On voulait une ambulance car ce sont des véhicules prévus pour être chauffés, ce qui est parfait pour l'usage qu'on en fait", précise Jordan Keldermans. A l'intérieur, tout est pensé un peu comme en milieu hospitalier. "Vous avez d'un côté le propre, de l'autre, à l'arrière, le sale. C'est hermétiquement séparé". Il nous montre une tente pliable, sorte de tonnelle qui peut être installée, sur les lieux d'un sinistre, pour permettre aux pompiers de se déshabiller à l'abri des regards. Des bacs en plastique servent à "emprisonner" les équipements. "On a des tuyaux d'arrosage, avec des brosses, des cartouches de savon. Cela permet de figer les poussières, les particules qui se sont déposées à la fois sur les tenues mais aussi sur le visage, dans les cheveux...Et ne pas ramener ça à la maison". Le projet est encore en phase de test. "Trois phases sont prévues. La création-nous y sommes- puis l'ajout de matériel, selon les demandes et retours d'expériences. Enfin, l'achat de nouveau matériel. A terme, la zone pourrait acheter trois véhicules", complète le sergent. 

De retour à la caserne, les équipements peuvent être déposés dans des armoires spéciales, "quand il y a eu contact avec de l'amiante, par exemple". Ensuite, d'énormes lessiveuses redonnent aux vêtements noircis leurs couleurs d'origine.

© Charlotte Legrand - RTBF

De plus en plus de véhicules "réhab"

Accorder de l'attention aux procédures de décontamination: ce n'est pas nouveau. De nombreuses zones de secours ont mis en place des procédures de ce type, mais la plupart du temps pour les pompiers professionnels. "Pour les pompiers volontaires, c'est nouveau!" , explique Jordan. "Après les interventions, jusqu'ici, ils rentraient à la caserne, mais sans qu'il y ait de décontamination sur place. Puis ils repartaient chez eux ". La plupart de ses collègues, nous dit-il, accueillent favorablement la mise en place de nouveaux moyens "mobiles". "Maintenant, ça prend du temps. Ce sont encore des procédures à suivre. Certains estiment qu'on pourrait s'en passer". Des petites phrases comme "ce sont les risques du métier" circulent encore. "Mon avis est qu'on doit justement progresser, pour toujours plus de sécurité", estime le sergent Keldermans. "Si il existe des moyens de se protéger, il faut les mettre en oeuvre, pour ne pas courir de risques, nous, ou en faire courir à nos familles"

© Charlotte Legrand - RTBF

Des risques reconnus par l'OMS

Le 1er juillet dernier, le Centre international de Recherche sur le Cancer, une agence dépendant de l'OMS, a " classé l’exposition professionnelle en tant que pompier comme cancérogène, sur la base de preuves suffisantes de cancer chez l’homme". Les experts estiment qu'il y a suffisamment de preuves pour le mésothéliome et le cancer de la vessie, tandis qu’il y a des " preuves limitées" pour d'autres cancers (côlon, prostate, testicule, mélanome de la peau...). Depuis des années, les pompiers réclament que leur exposition à des produits potentiellement cancérogènes soit prise en compte en cas de cancer. Ils n'ont pas encore obtenu gain de cause. 

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