"À la différence des États-Unis, on a un arsenal législatif qui permet de sanctionner ces trucages de vidéos pornographiques qui représentent une atteinte à l’intégrité sexuelle", souligne d’emblée Sandrine Carneroli, avocate spécialiste en droit des médias à Bruxelles. Le voyeurisme, qui consiste à (faire) observer une personne ou (faire) réaliser un enregistrement visuel ou audio d’une personne sans son consentement, est en effet puni par la loi. "L’article 417/8 du Code pénal permet de sanctionner la personne qui diffuse des vidéos partiellement truquées d’une personne dans un comportement sexuel", précise l’avocate.
L’auteur de l’infraction risque 5 à 10 ans d’emprisonnement si la victime a entre 16 et 18 ans, et de 10 à 15 ans si la victime a moins de 16 ans. Une lourde amende allant de 1600 à 80.000 euros est également prévue.
Que faire quand l’auteur des faits n’est pas connu dans le cas du deepfake porn ? "On peut demander que le tribunal donne une injonction à la plateforme pour identifier l’auteur du contenu préjudiciable. Puisque la plateforme connaît les identifiants, a accès à un compte bancaire, etc.", indique Sandrine Carneroli.
La loi est bien faite puisqu’elle permet de faire une action en urgence, un référé, pour faire supprimer le contenu dans un délai de 6 heures.
Par ailleurs, "la loi est bien faite puisqu’elle permet de faire une action en urgence, un référé, pour faire supprimer le contenu dans un délai de 6 heures. Suppression qui peut être demandée non seulement à l’auteur s’il est connu, mais également au diffuseur", ajoute-t-elle. Si le délai n’est pas respecté, le diffuseur s’expose à une peine allant de 1600 à 120.000 euros.
En 2020, la Chambre adoptait la loi sur le revenge porn, soit la "diffusion non consensuelle d’images à caractère sexuel". Il s’agit pour l’avocate simplement du terme populaire du voyeurisme. À la différence qu’une circonstance aggravante est désormais prévue quand il y a diffusion de telles images pour une intention méchante ou un intérêt économique.
Qu’on parle donc de revenge porn ou de deepfake porn, aux yeux de la loi, les deux se rapportent à du voyeurisme et sont interdits dans le droit belge. Quoi qu’il en soit, "ce ne sont pas des dossiers qui traînent, enfin, dans mon expérience", assure Sandrine Carneroli.