Economie

Delhaize : le conseil d'entreprise s'est terminé sans avancée, les actions se poursuivent

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Par M. Allo avec P. Millet, B. Hupin et agences

Deux semaines après l’annonce de vouloir franchiser ses 128 derniers supermarchés, un nouveau conseil d’entreprise a eu lieu chez Delhaize ce mardi 21 mars. Il est à présent terminé et la direction a répété qu'elle maintenait son plan. De leur côté, les syndicats ont précisé que si le plan était maintenu, ils ne pouvaient pas poursuivre la discussion et sont sortis du conseil d'entreprise. "Le blocage est total, donc la mobilisation se poursuit", a indiqué à l'agence Belga Myriam Djegham, secrétaire permanente du syndicat CNE.  Même son de cloche du côté de la présidente du SETCa, Myriam Delmée. "La direction a été hermétique à nos revendications", a-t-elle déploré.

Cette rencontre a eu lieu alors que les syndicats empêchent l’approvisionnement des magasins et que la direction a engagé des agents de sécurité pour encadrer les réunions. Les actions devraient se poursuivre.

Un troisième et dernier conseil d'entreprise extraordinaire est prévu le mardi 28 mars. La marge de négociations semble étroite, selon les syndicats.

Cet après-midi, une réunion aura lieu en front commun syndical avec les employés et ouvriers pour décider des actions à venir. "Le combat va être long, des semaines, peut-être des mois", nous dit-on côté syndical. "Mais nous tiendrons car nous ferons plier la direction."

Selon les syndicats, environ 200 militants s'étaient déjà présentés vers 8h30 dans les locaux où se tenait la réunion. Les représentants des travailleurs n'attendaient pas grand-chose du conseil d'entreprise. La dernière rencontre la semaine dernière n'a duré qu'un quart d'heure. 

Ce lundi, les syndicats se sont par ailleurs insurgés contre la présence d'agents de sécurité au conseil d'entreprise ordinaire et contre les fouilles opérées à l'entrée. Ils indiquent qu'ils ne le "toléreront pas" dans la salle de négociations mardi. La direction précise que des agents de sécurité sont bien présents pour assurer la sécurité de tout le monde mais qu'ils resteront en dehors de la salle de réunion.

Le personnel continue également de faire pression sur Delhaize. Ce mardi, 76 magasins restent fermés en raison du mouvement de grève. En région liégeoise notamment, nos journalistes ont constaté des piquets de grève devant le Delhaize d'Embourg et à Mons, une vingtaine de militants de la CNE Commerce mènent une action de sensibilisation devant l'entrée d'un magasin en bloquant l'entrée aux clients. Le centre de distribution du groupe à Zellik est aussi encore bloqué.

Depuis ce lundi, des travailleurs du dépôt de Zellik ont décidé de se croiser les bras en solidarité avec les grévistes, alors qu’ils ne sont pas directement concernés par le plan de franchisation de la direction. Ce débrayage des ouvriers des dépôts est considéré par les syndicats comme un tournant. "C'est une force pour l'ensemble du mouvement."

"Nous ce qu’on espère c’est que les magasins affiliés ne soient pas approvisionnés, non plus." explique Didier Vandermeeren, permanent FGTB. "Pour que ça fasse mal à l’entreprise. [..] La direction ne vient pas vers nous. Elle ne fait pas un pas vers les représentants des travailleurs. Donc, quelque part, on essaye de toucher la direction où ça peut leur faire mal."

Incompréhension totale

Les huissiers sont revenus ce matin sur le site pour obliger les grévistes à laisser les camions passer. Avec la même menace d'astreinte que ce lundi : 500 euros par camion bloqué ou par travailleur empêché de rentrer. Reste qu’il n’y a eu aucune préparation sur place et que les camions sont donc vides.

Le syndicaliste précise que des camions continuent tout de même de sortir : "Ce qui est surtout important c’est que nos travailleurs, par après, ne rentrent pas travailler. A partir du moment où ils ne travaillent pas, les camions ne seront plus approvisionnés et c’est ça qui est important".

© Marc Hildesheim

Depuis l'annonce de la direction du groupe alimentaire de franchiser ses 128 magasins intégrés, la grogne monte parmi les syndicats, qui exigent le maintien des magasins intégrés, l'engagement sous contrat des faux indépendants et des recrutements supplémentaires afin de diminuer la charge de travail. La semaine passée, le conseil d'entreprise s'était soldé par un constat de blocage total. Les syndicats se sont accordés sur un plan d'action qu'ils entendent déployer au cours des prochaines semaines.

De son côté, le ministre des Indépendants et PME David Clarinval (MR) a regretté mardi matin au micro de Bel RTL les "caricatures" qui circulent selon lui sur les conditions de travail chez les franchisés de la grande distribution. "J'entends certains syndicats qui disent que ce sont des esclavagistes, des sous-employeurs. C'est scandaleux, ce n'est pas du tout le cas", a avancé le ministre libéral. 

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