Chaque semaine, Derrière les chiffres décrypte les informations liées à la pandémie de Covid-19. Ce vendredi, l’épidémiologiste Simon Dellicour (ULB) nous aide à répondre à cette question : des personnes sont hospitalisées et malades du Covid-19, bien qu’elles soient vaccinées. Comment ça se fait ? Est-ce que ça arrive souvent ? En fonction de quels types de paramètres ?
L’efficacité
Le premier paramètre à prendre en considération, pour estimer la part "normale" de personnes hospitalisées malgré une vaccination, est l’efficacité vaccinale pour prévenir le risque d’hospitalisation. Cette efficacité a été mesurée dans la vie réelle dans plusieurs pays dont les campagnes de vaccination sont en cours, par exemple au Royaume-Uni.
Plusieurs études confirment que les vaccins contre le Covid-19 permettent de réduire le risque d’hospitalisation de plus de 90%. Des résultats estimés notamment pour les deux vaccins qui ont été le plus administrés en Belgique, à savoir les vaccins mis au point par Pfizer-BioNTech et AstraZeneca. Plus de 90%, cela veut dire qu’en moyenne une personne vaccinée aurait au moins 9 fois moins de risque qu’une personne non-vaccinée de se retrouver hospitalisée à cause de cette maladie.
La durée de l’efficacité pourrait, d’après certaines études, diminuer dans le temps et/ou être altérée par certains variants comme le variant delta. Ce risque est à l’étude, mais d’après de récentes données israéliennes, la protection contre l’hospitalisation semble a priori durer dans le temps, contrairement à l''efficacité contre l’infection.
Avec un tel pourcentage, pourquoi y a-t-il tout de même des personnes vaccinées qui se retrouvent hospitalisées après avoir été contaminées par le SARS-CoV-2 ?
Cette question du public revient régulièrement et est utile et pertinente.
Premièrement, l’efficacité des vaccins pour prévenir le risque d’hospitalisation n’est pas à 100%, ce qui implique qu’il y aura malheureusement toujours une proportion de personnes vaccinées qui finiront hospitalisées. Même si cette proportion est donc a priori relativement faible, plus le taux de circulation du virus dans la population est important, plus la proportion de personnes vaccinées, mais hospitalisées, va croître.
Deuxièmement, même si la campagne de vaccination a globalement bien avancé en Belgique, tout le monde n’est pas vacciné. A ce jour, 73,1% de la population est vaccinée, mais à Bruxelles, on est seulement à 49,1%.
Pourquoi la part de vaccinés hospitalisés va augmenter
En toute logique, plus le pourcentage de la population qui est vaccinée va augmenter, plus la proportion de personnes vaccinées mais hospitalisées va lui-même augmenter. Ça pourrait paraître à première vue paradoxal, mais cela ne l’est pas.
En Belgique, le 1er mai, moins de 8% de la population était complètement vaccinée. Si on considère une efficacité vaccinale contre le risque d’hospitalisation de 90% et qu’on fait un calcul théorique, on devrait avoir moins de 1% des personnes hospitalisées qui sont vaccinées.
En revanche, et toujours si l’on considère une efficacité vaccinale de 90% contre le risque d’hospitalisation, si l’on a 70% de la population qui est vaccinée, à la date du 1er septembre, le pourcentage de personnes vaccinées parmi les hospitalisations devrait en théorie approcher des 20% (19%).
C’est au final assez logique : plus on a de personnes vaccinées, plus on aura une augmentation du nombre absolu de cas d’hospitalisations dans la population vaccinée, nombre absolu qui viendra alimenter la proportion de cas de personnes vaccinées dans les hospitalisations.