C’était au mois de janvier. La température hivernale frigorifiait les centaines de danseurs, danseuses et figurants présents au parc du Cinquantenaire pour le tournage du clip de la chanson "Fils de Joie", extraite de "Multitude", le dernier album en date de Stromae.
150 euros pour 5 jours
La semaine passée, sur sa page Facebook, une danseuse ayant participé au tournage (elle l’a quitté après deux jours, dégoûtée), poste le texte suivant, adressé au chanteur :
"Toi qui défends des valeurs de justice sociale, pourquoi avoir choisi Abyssal production qui ne semble même pas se préoccuper de rémunérer décemment les travailleur.euses de la culture ?
Des figurants immobiles dans le froid
Cécile n’est pas danseuse mais figurante. Pour sa participation au clip, elle a perçu un défraiement de 60 euros par jour. Rien d’incorrect à ce niveau, a priori du moins. Par contre, Cécile et les autres figurants ont souffert le martyre sur le tournage. "Ça implique une très grande disponibilité puisqu’on devait être là à partir de 6 heures du matin et globalement, la journée se terminait vers 17 heures. Et ça deux jours de suite. Le souci, c’est quand on se rend compte de ce que ça demande en termes de temps, de disponibilité, d’énergie, et là, en l’occurrence, de condition physique, puisque le tournage s’est déroulé au mois de janvier et qu’il faisait à peu près 1°C mais ressenti moins 2, sachant qu’on ne bougeait pas. Ça veut dire qu’on reste sur des scènes le temps que les caméras passent, en tant que public on était statique. C’était extrêmement difficile."
Une rémunération indécente
Bien au fait des pratiques du milieu culturel, Pierre Dherte est le président de l’Union des Artistes. Il ne mâche pas ses mots envers la société de production. "150 euros pour 5 jours, on rentre ici dans des conditions qui ne sont pas des conditions financières décentes, ni même recevables, acceptables d’emploi artistique mais de simple défraiement. Et on entend parler d’une gaufre ou de quelques gaufres en guise de catering sur une journée, tout ça ne rentre pas dans les normes réglementaires de ce qu’on fait habituellement et de ce qui s’applique habituellement. 30 euros par jour, on est bien évidemment en dessous du salaire journalier légal en vigueur… C’est tout à fait irrecevable".
Nous avons bien entendu appelé le responsable de la société de production "Abyssal". Il n’a pas souhaité s’exprimer publiquement.