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Des cours de luxembourgeois pour le personnel médical qui veut aller travailler au Grand-Duché

Une vingtaine d’infirmiers, médecins, kinés et pharmaciens se forment au luxembourgeois.

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Par Benjamin Carlier

Depuis 4 ans, le centre IFAPME d’Arlon a lancé un cours pour le moins original intitulé "luxembourgeois médical". Il s’agit en fait d’une session de 40 heures de cours à horaire décalé à destination spécifique du monde médical pour apprivoiser le langage médical en luxembourgeois. Selon le formateur français recruté par l’IFAPME, Daniel, cette formation permet de maîtriser les bases du langage médical : " Cela ne permet clairement pas d’être parfaitement bilingue. Mais on est capable de comprendre les besoins et les problèmes des patients."

Une formation qui rencontre un certain succès auprès des kinés, médecins, pharmaciens ou encore aides soignants et infirmiers belges. Comme le confirme le directeur du centre Baudouin Stevens : "Nous avons dû créer un deuxième cours d’une vingtaine de personnes tellement la demande était forte." Car le Luxembourg dispose d’une très forte attractivité auprès du personnel médical. Les salaires sont près de 50% supérieurs à ceux pratiqués en Belgique. Sans compter que la carrière d’infirmier est par exemple considérée comme un métier lourd au Grand-Duché du Luxembourg. Leur carrière s’arrête donc après 40 ans.

Un cours qui dérange les hôpitaux de la région

Les hôpitaux de la province manquent cruellement de personnel.
Les hôpitaux de la province manquent cruellement de personnel. © RTBF

Mais ces cours qui facilitent le travail des Belges au Luxembourg ne plaisent pas beaucoup aux hôpitaux de la province de Luxembourg. Car ceux-ci souffrent d’un déficit de personnel chronique. Pour les hôpitaux d’Arlon et de Libramont, il manque actuellement plus de 120 infirmières et 94 lits sont actuellement fermés faute de personnel suffisant pour s’en occuper. Ces trois dernières années, l’hôpital a enregistré 125 départs à destination du Grand-Duché. Ce sont surtout les hôpitaux les plus proches de la frontière qui souffrent le plus. Bénédicte Leroy, directrice des soins hospitaliers pour Vivalia qui regroupe tous les hôpitaux de la province s’offusque de l’organisation même de ces cours : "Je ne comprends pas qu’on puisse organiser cela en plus ici à Arlon à côté de l’hôpital. Finalement ces formations encouragent les transferts vers le Grand-Duché de Luxembourg avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l’organisation des soins de santé en province de Luxembourg."

Des cours non subsidiés

Une formation facturée 305€ par personne
Une formation facturée 305€ par personne © RTBF

l’IFAPME qui organise le cours se défend de vouloir encourager le départ du personnel médical vers l’étranger. Pour son directeur, Baudouin Stevens, la plupart des élèves ont d’ailleurs déjà un travail au Luxembourg avant d’entamer la formation. De plus, ces cours ne bénéficient d’aucun soutien financier de la part de la région wallonne : "Nous ne bénéficions d’aucune subvention pour la formation continue. Ces cours correspondent juste à une forte demande locale. Leur coût est totalement couvert par les frais d’inscription."

Le succès de ces cours démontre en tout cas l’intérêt de plus en plus grand porté par le personnel médical pour le Grand-Duché du Luxembourg au détriment de notre système de soins de santé.

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