Des crues records en province de Liège : ces phénomènes pourraient s’intensifier de manière exponentielle

© Getty

Par Pascale Bollekens

Des rivières et des fleuves qui sortent de leur lit, des villes et villages inondés, des personnes évacuées de leur maison, et d’autres qui ont été emportées, des maisons qui s’écroulent sous la force du courant. La province de Liège et tout un bassin hydrologique qui prend l’eau, c’est un phénomène tout à fait exceptionnel.

Xavier Fettweis, climatologue FNRS à l’Uliège, le confirme : "Mon modèle qui ne s’appuie pas sur des observations, suggère qu’à l’échelle de cette province, si on intègre toutes les précipitations tombées notamment dans le bassin entier de la Vesdre, on arrive effectivement à des valeurs records. Nous avons connu des précipitations plus intenses dans le passé mais elles étaient localisées ou liées à un orage. Ici, c’est le bassin dans son entièreté qui a reçu 100 litres par mètre carré en 48 heures."

Alors le réchauffement climatique y est-il pour quelque chose ? Le climatologue pense qu’il favorise les sécheresses mais aussi ces phénomènes de pluies intenses qu’on observe actuellement. Et d’expliquer : "Il y a deux types de précipitations chez nous, les stratiformes, en hiver, des pluies fines continues pendant des jours entiers et des convectives pendant des jours plus chauds avec beaucoup d’eau, d’un coup et des crues éclair. Ce sont ces dernières qui sont favorisées par les changements climatiques."

Explications dans notre édition spéciale du 19h30 :

La Meuse en forte crue : Sebastien Erpicum de la faculté des sciences appliqués à ULiège

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Xavier Fettweis, climatologue FNRS à l’Uliège, le confirme : "Mon modèle qui ne s’appuie pas sur des observations, suggère qu’à l’échelle de cette province, si on intègre toutes les précipitations tombées notamment dans le bassin entier de la Vesdre, on arrive effectivement à des valeurs records. Nous avons connu des précipitations plus intenses dans le passé mais elles étaient localisées ou liées à un orage. Ici, c’est le bassin dans son entièreté qui a reçu 100 litres par mètre carré en 48 heures."

Alors le réchauffement climatique y est-il pour quelque chose ? Le climatologue pense qu’il favorise les sécheresses mais aussi ces phénomènes de pluies intenses qu’on observe actuellement. Et d’expliquer : "Il y a deux types de précipitations chez nous, les stratiformes, en hiver, des pluies fines continues pendant des jours entiers et des convectives pendant des jours plus chauds avec beaucoup d’eau, d’un coup et des crues éclair. Ce sont ces dernières qui sont favorisées par les changements climatiques."

Le GIEC, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat avait déjà mis en garde il y a 30 ans

Sur le plateau du journal télévisé de la RTBF à 13 heures, Jean -Pascal Van Ypersele, le climatologue belge membre du GIEC, rappelait qu’il y a 30 ans déjà, ces experts du climat avaient prévenu que les vagues de chaleur et les phénomènes extrêmes comme ces inondations-ci, allaient se multiplier si on ne réduisait pas nos émissions de gaz à effet de serre et si on ne limitait pas l’augmentation de la température globale moyenne de la Terre : "Nous avons prévenu mais nous n’avons pas été entendus" s’est-il plaint.

Intempéries : le point de vue de Jean-Pascal van Ypersele - Climatologue

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L’atmosphère qui se réchauffe peut contenir plus d’eau, donc plus de nuages et des pluies intenses

Pour Wim Thiéry, Climatologue à la VUB (Vrije Universiteit Brussel), spécialiste des phénomènes extrêmes ne dit pas autre chose. Pour lui, il y a clairement un lien entre les dérèglements climatiques et l’occurrence de tels phénomènes. Petite de leçon de physique et plus particulièrement de thermodynamique. Il explique : "L’atmosphère qui se réchauffe peut contenir plus de vapeur d’eau avant d’être saturée. Autrement dit, plus elle se réchauffe, plus elle a la capacité de contenir de l’eau et plus il y a d’eau, plus il y a un risque ensuite de précipitations extrêmes. Selon la formule de Clausius-Clapeyron, toute augmentation de 1 °C augmente de 7% la capacité de l’atmosphère à contenir de l’eau. Sur le terrain, nous voyons cela dans toutes les observations à long terme."

Et d’ajouter, "depuis de nombreuses années, on voit se multiplier ces phénomènes extrêmes dans différentes régions du monde. C’est un des phénomènes les plus robustes des changements climatiques. Avec l’augmentation de la température moyenne globale, il y a une réduction des vagues de froid et une augmentation des canicules."

Le climatologue prévient, tous les modèles climatiques concordent si les changements climatiques se poursuivent dans le futur, nous devrons faire face à une intensification des épisodes de précipitations extrêmes qui causeront beaucoup d’autres inondations.

Pour lui, c’est clair, les dernières vagues de chaleur extrêmes au Canada, en Espagne et au Pakistan et les pluies extrêmes en Belgique, en Allemagne ou en Suisse sont la conséquence d’un seul degré de réchauffement. Si on continue à émettre du CO2, on devrait dépasser les 3 degrés de réchauffement global. Et ces phénomènes pourraient s’intensifier de manière exponentielle.

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