Depuis 2001, l’Union européenne s’est dotée d’une directive concernant la protection temporaire. Cette dernière émane du contexte de la guerre en ex-Yougoslavie, mais n’avait jamais été appliquée auparavant. À l’époque, les Etats-membres avaient souhaité établir un outil législatif pour faire face aux flux migratoires massifs pouvant survenir dans le contexte "d’une guerre, de violences ou de violations des droits de l’homme" et obligeant ces personnes à fuir le pays où elles habitent.
Le 3 mars 2022, le Conseil des ministres de l’UE a adopté à l’unanimité, le déclenchement de cette directive. Pourtant, comme l’explique Juliana Wahlgren : "Si l’on n’est pas Ukrainien ou que l’on n’a pas de carte de séjour permanent en Ukraine, on n’est pas protégé par la directive de protection temporaire de l’Union européenne. Pour les personnes qui ne rentrent pas dans l’une ou l’autre catégorie, il reste deux options : introduire une demande d’asile ou se voir rapatrier dans son pays d’origine. Concernant les personnes qui choisissent la première option, nous n’avons aucune garantie que ces demandes bénéficieront d’un traitement rapide et spécifique au vu de la situation en Ukraine".
Le groupe d’étudiant·es d’origine congolaise qui s’est réfugié en Belgique temporairement, n’a pas accès au statut de protection temporaire. Ruthin, à quelques mois de terminer son diplôme de médecine dénonce : "Je faisais des études en Ukraine, mais je me retrouve ici, à Bruxelles. Nous avons quitté notre pays, pour venir étudier en Europe, pour avoir un avenir meilleur, malheureusement, cela n’est pas possible à cause de la guerre. Nous demandons, à la Belgique, un accès aux universités pour pouvoir continuer nos études".
Certain·es proches qui les accueillent en Belgique, essaient de les guider dans les rouages institutionnels belges et s’inquiètent de la situation : "Certaines communes ont refusé de faire la déclaration d’arrivée, alors certain·es étudiant·es sont parti·es s’inscrire chez Fedasil (Agence Fédéral pour l’accueil des demandeurs d’asile). Fedasil risque de répondre qu'au vu de leur passeport, ils ne viennent pas d’un pays en guerre et qu’ils doivent rentrer chez eux".
Une partie du groupe est aujourd’hui repartie en Pologne. Aux dernières nouvelles, le République démocratique du Congo était en négociation avec le gouvernement polonais pour que les étudiant·es puissent continuer à étudier. Si ces démarches n’aboutissent pas, ces personnes seront rapatrié·es au Congo et devront recommencer une procédure de demande de visa étudiant, des démarches longues, coûteuses et incertaines.