Nous sommes plusieurs à avoir accompagné les "sans-papiers" de l’église du Béguinage et des occupations de l’ULB et la VUB pour préparer leurs dossiers de demandes de régularisation après l’accord verbal du 21 juillet. Vendredi, nous avons écouté avec attention les explications du Secrétaire d’Etat Sammy Mahdi devant les députés en Commission Intérieur. Selon lui, il n’y a jamais eu de négociations ni d’accord avec les quatre garants pour mettre fin à 56 jours de grève de la faim, éviter des morts et une crise gouvernementale.
Un peu de bon sens suffit : qui pourrait croire que des personnes expérimentées et fiables telles le père Daniel Alliët, les avocats Marie-Pierre De Buisseret, Alexis Deswaef et Mehdi Kassou de la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés auraient pris le risque d’embarquer 475 personnes exténuées mais déterminées et leurs soutiens dans une telle méprise ou une imposture ? Nous souhaitons apporter notre témoignage. Il porte sur les faits.
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Dès le 22 juillet, les ex-grévistes de la faim (et de la soif) ont rassemblé toutes les preuves attestant de leur ancrage en Belgique, de leurs liens familiaux et amicaux, de leur participation citoyenne, de traces de travail ou de promesses d’embauche et cela conformément aux lignes directrices convenues dans l’accord verbal du 21 juillet.
Nous avons écouté les ex-grévistes avec autant de respect qu’ils mettaient de confiance et de sérieux à aligner des attestations de leur vie d'"invisibles" : abonnements STIB, lettres de parents et proches, dossiers médicaux, preuves d’inscription dans l’enseignement, dans une association ou à des cours de langue, souches d’achats ou de pharmacie, photos datées… Papier après papier, nous avons vu se déployer sous nos yeux tout un pan de l’économie informelle et le noyau le plus dur d’un système qui exploite les plus faibles. Nous avons entendu des travailleurs et travailleuses réclamer leur droit d’avoir des droits, leur soif de dignité.
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Plusieurs ont des enfants scolarisés et des membres de leur famille dotés de papiers, voire belges. Nous avions sous les yeux les preuves de leur séjour ancien en Belgique, de leur parcours de travail (souvent qualifié) pour des salaires minables. Les hommes ont travaillé et travaillent dans la restauration ou la construction, parfois même comme chefs d’équipe, les femmes dans des secteurs du nettoyage et des soins aux personnes. Souvent des secteurs en pénurie.