Biodiversité

Des pingouins Torda observés en Corse et sur le pourtour méditerranéen

Un pingouin Torda dans le port d'Ajaccio le 28 novembre 2022.

© Pascal POCHARD-CASABIANCA

Un pingouin Torda noir et blanc a été vu lundi à Ajaccio, longeant la plage de Saint- François, dans le centre-ville. Une présence si près des côtes laisse les experts perplexes.

Ils se sont rapprochés des côtes de façon inhabituelle

Un pingouin Torda dans le port d'Ajaccio le 28 novembre 2022.
Un pingouin Torda dans le port d'Ajaccio le 28 novembre 2022. © Pascal POCHARD-CASABIANCA

"Depuis une semaine et demi, on nous a signalé quatre individus, deux vivants et deux morts, en Corse, la population est très présente cette année", a indiqué Amandine Pericard, responsable du centre de soins pour la faune sauvage U Pettirossu, unique centre de ce type en Corse. Il s'agit de pingouins Torda (également appelé "Petit pingouin" et dont Alca torda est le nom scientifique), qui ont été vus dans le port de Bastia, à Cargèse (Corse-du-Sud), près d'Ajaccio et à St-Florent (Haute-Corse), a-t-elle précisé.

"Il y a une population d'hivernage de pingouins Torda en mer Méditerranée mais cette année, il y a pas mal d'individus qui se sont rapprochés des côtes, c'est assez exceptionnel", a-t-elle souligné. Cet afflux est en effet constaté de l'Espagne aux Alpes-Maritimes en passant par la Corse.

"Ces oiseaux pélagiques (de haute mer) ne viennent en principe à terre que pour se reproduire. Le reste du temps, ils sont adeptes de la tempête, des embruns, de la haute mer, donc c'est assez étonnant de les voir ici", a expliqué Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.

Plusieurs hypothèses

"Dans le nord, ils ont des difficultés alimentaires. Avec le réchauffement climatique, les poissons montent beaucoup plus au nord. Pendant la nidification, les pingouins doivent faire des cheminements beaucoup plus lointains pour arriver à trouver les poissons qui serviront à alimenter les jeunes", explique-t-il.

"Recherchent-ils de nouvelles sources d’alimentation ? C'est possible."

Autre explication : "On a vu à l’intérieur des terres des oiseaux marins qui n’ont rien à faire dans l’univers des hommes après des tempêtes ou des vents violents qui avaient fragilisé les oiseaux et les avaient emportés".

Mais "ce qui m'inquiète le plus aujourd’hui, ce sont les dangers de la grippe aviaire". "Beaucoup d’oiseaux endémiques comme le Fou de Bassan, qui n'ont aucun contact direct avec l'homme comme les pingouins Torda, ont été frappés par la grippe aviaire. Peut-être ont-ils été contaminés par des goélands qui, eux, font le lien entre la terre et les zones de reproduction", a-t-il suggéré, appelant à "surtout ne pas les toucher".

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