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Des pistes pour choisir son énergie renouvelable en connaissance de cause

Tendances Première: Le Dossier

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En cette période de flambée des prix de l’énergie, la question de la transition énergétique se fait de plus en plus prégnante. De nombreux citoyens se sentent prêts à passer aux énergies renouvelables locales. Qui peut les accompagner dans cette voie ?

Vers un bouleversement énergétique

Fawaz Al-Bitar est le directeur d’Edora, la fédération des entreprises développant des produits et services tournés vers la transition énergétique. Il se réjouit des multiples initiatives vertes qui fleurissent dans notre pays.

"C’est extrêmement rassurant de voir que les choses bougent sur le terrain. Maintenant, il faut encore avoir cette capacité de convaincre tout un chacun. Beaucoup s’interrogent sur le meilleur bouquet énergétique pour demain. C’est maintenant que cela se prépare, mais cela doit se préparer de manière accélérée."

D’un système énergétique de papa, on doit évoluer vers un système énergétique de plus en plus décentralisé, flexible et durable, mais qui n’est pas simple à appréhender. Que ce soit l’électricité, la chaleur, les transports, il faut accompagner une transition tous secteurs confondus.

Pour lui, il manque parfois un cadre régulatoire pour avoir un boost sur le développement des énergies renouvelables et il manque aussi une véritable stratégie en matière de sortie des énergies fossiles.

© Pixabay

Trop d’informations pour pouvoir faire un choix ?

Le citoyen a du mal à s’y retrouver parmi les diverses propositions, y compris en matière d’énergie verte, et à faire les bons choix.

"C’est clairement une époque très troublée pour l’énergie et très compliquée pour la compréhension du système énergétique. D’un côté les médias ont fait beaucoup d’efforts de vulgarisation ces derniers temps, mais en même temps, il y a tellement d’informations qui débarquent tous les jours – de l’international, de la Belgique, de la région wallonne, de la région flamande, bruxelloise, des réglementations, des aides, des retards, etc. – que c’est très confus pour le moment", souligne Fabienne Marchal.

Elle est administratrice chez REScoop Wallonie, la fédération des coopératives citoyennes d’énergie renouvelable, et directrice de COCITER, comptoir citoyen des énergies, fournisseur d’électricité coopérative dans toute la Wallonie, 100% wallonne, 100% citoyenne, 100% verte, axée le circuit court de l’électricité.

COCITER croule pour l’instant sous les demandes de nouveaux clients, à tel point que l’offre de nouveaux contrats a dû momentanément être interrompue au 1er octobre. Il n’y a effectivement plus assez d’installations complètement aux mains des coopératives citoyennes et COCITER tient à rester 100% vert et citoyen.

Coopéos : valoriser les déchets verts

Coopéos est une coopérative citoyenne qui valorise les ressources de bois locales, bon marché, pour chauffer les entreprises, écoles, communes et collectivités. Elle propose de remplacer les anciennes chaudières par des chaufferies à bois. Jusqu’ici, une quarantaine de chaudières ont été installées.

"Avec le bois-énergie, on veut rendre les citoyens acteurs de leur capacité de se chauffer, et finalement de ne pas être soumis aux conjonctures extérieures, aux prix du combustible fossile dont on ne maîtrise absolument pas les coûts. De pouvoir se référer aux énergies qui sont renouvelables et locales, et dont le coût n’est pas soumis à la géopolitique, mais au travail local qui est complètement maîtrisé", explique Frédéric Bourgois, son responsable technique.

Il s’agit de récupérer les déchets de bois dans les parcs de recyclage, chez les fabricants ou chez les particuliers, et de les recycler pour en faire du broyat à utiliser dans les chaudières.

"La fraction ligneuse est une matière première à partir de laquelle on peut faire un combustible local, de qualité, renouvelable et bon marché, pour pouvoir alimenter des chaufferies locales. Dans les parcs à conteneurs de Wallonie, on se retrouve avec à peu près 300.000 tonnes de déchets verts par an. A partir de cela, on peut en faire plusieurs dizaines de millions de litres de fuel combustible."

En matière de coût, Coopéos travaille surtout avec du bois déchiqueté ou des plaquettes, une ressource locale qui est principalement de la main-d’œuvre et qui n’est donc pas soumise aux aléas géopolitiques.

Parmi les autres projets, une coopérative pour la production de chaleur a été installée au niveau d’un quartier, via un réseau de chaleur par le sol. Et tout un programme d’information et de sensibilisation est proposé aux enseignants et aux élèves dans les écoles.

Un manque de vision politique

Si on veut décarboner le système énergétique, c’est vraiment en priorité sur le secteur de la chaleur qu’il faut passer. Et la filière de la biomasse - qui est décriée par certains -, bien encadrée, occupera un rôle très important dans cette transition énergétique, souligne Fawaz Al-Bitar, directeur d’Edora.

"L’Union européenne a montré la voie. Clairement, on va devoir accélérer le développement des énergies renouvelables. Mais là où le bât blesse, c’est au niveau des Etats membres, comme la Belgique, où on se rend compte que malheureusement ce développement reste à la traîne, on est en dessous de la moyenne européenne. Les ambitions restent parfois au niveau des grandes annonces politiques, mais sur le terrain, ce qui nous inquiète, c’est parfois un manque de conviction de nos politiques dans la politique d’octroi de permis, éoliens, photovoltaïques, etc."

Ce manque de vision met à mal la politique de développement des énergies renouvelables en Belgique.

C’est au citoyen de prendre en main ce que le politique ne met pas en place assez rapidement, affirme Fabienne Marchal. "Nous considérons que le citoyen doit se réapproprier l’énergie. C’est stratégique, aussi bien au niveau des Etats qu’au niveau de la vie de chacun."

Avec COCITER, comprendre et choisir

Concrètement, comment un citoyen wallon qui vient chez COCITER peut-il avoir la garantie que l’énergie est produite de manière renouvelable et durable et que sa facture énergétique sera moins élevée qu’auprès des grands fournisseurs ?

Sa première garantie vient du fait que, pour devenir client chez COCITER, il doit d’abord s’inscrire comme coopérateur d’une des 19 coopératives citoyennes de production d’énergie renouvelable, rassemblées dans REScoop WallonieCette énergie est d’origine éolienne, hydraulique, photovoltaïque et de biométhanisation.

Les citoyens qui se fournissent en électricité chez COCITER sont d’abord propriétaires, coopérateurs dans les coopératives de production, qui elles-mêmes possèdent leur fournisseur d’électricité COCITER. C’est ainsi que l’on forme le circuit court de l’électricité.

Depuis octobre 2021, les prix pratiqués sont légèrement inférieurs aux prix du marché pour les contrats variables. Au 1er octobre 2022, un plafond de prix a par ailleurs été instauré pour tous les contrats variables, rétroactif au 1er juillet 2022 et jusqu’au 31 mars 2023, afin de protéger les coopérateurs des fluctuations du marché.

L’éolien est-il plus vert qu’une autre énergie ?

L’empreinte CO2 nécessaire pour construire et implanter une éolienne (béton, métal…) est remboursée, en un peu moins d’un an, par la production d’énergie totalement renouvelable.

"Tout le reste est totalement décarboné, jusqu’à la fin de la vie de l’éolienne. Et à la fin de sa vie, tous les éléments sont recyclables, y compris les pales", souligne Fabienne Marchal. Et l’emprise au sol sur les surfaces agricoles est bien inférieure à la surface qu’occupe le transport.

Les études d’incidence pour l’installation d’un parc éolien en Wallonie sont parmi les plus poussées en Europe. L’intégration dans la biodiversité est absolument fondamentale, rappelle d’ailleurs Fawaz Al-Bitar. La nouvelle réglementation, qui a pour but d’augmenter le développement éolien, avec des éoliennes plus performantes et donc de plus grande taille, a demandé l’adaptation de certains critères de distance aux habitations.

Belle avancée : la récente Pax Eolienica, un plan de paix pour le secteur éolien, rend obligatoire l’ouverture de tous les projets éoliens aux coopératives citoyennes, à hauteur de 25% environ.

Enfin, l’Union européenne vise une accélération très importante de l’énergie renouvelable d’ici 2030, pour atteindre les 100% en 2050, à l’échelle européenne.

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