Des produits équitables sont aussi produits en Belgique, et ils ont de plus en plus de succès

© RTBF

Par Pascale Bollekens avec Simon Bériaux

Coup d’envoi aujourd’hui, de la semaine du commerce équitable, une campagne de sensibilisation annuelle organisée par Enabel l’agence belge de développement pour promouvoir des achats équitables. En 2020, les Belges ont dépensé autant que l’année précédente en achats dits équitables, environ 25 euros par habitant et par an. En 2013, c’était 8 euros par personne, le marché progresse mais le consommateur a un peu moins acheté de produits venant d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine et un peu plus de produits équitables locaux belges.

Samuel Poos coordonne la semaine du commerce équitable pour Enabel. Pour lui, une chose est sûre, le made in Belgium progresse : "Les produits équitables (ndlr en référence à un prix correct payé au producteur pour lui assurer une rémunération suffisante afin que lui et sa famille puissent vivre dignement) peuvent venir du Sud comme le chocolat, le café ou les bananes mais aussi de Belgique."

Et de poursuivre, "c’est vrai que nous avons tendance à attribuer le fairtrade aux pays du sud. Pourtant, ce fairtrade s’est invité chez nous depuis 2009, et la fameuse crise du lait. Rappelez-vous ces agriculteurs, qui à cause des prix fixés par l’Europe, avaient déversé leur lait sur des champs. Il y a, depuis, une dynamique de commerce équitable qui s’applique aux produits de chez nous. Les produits équitables locaux sont en croissance, c’est une tendance lourde de ce marché."

Le label belge Prix juste producteur

Dans cette enseigne spécialisée en produits bio et équitable, on voit l’évolution des achats. Margaux, la gérante du magasin le confirme : "Nous avons certains rayons 100% produits équitables, comme le café, le thé, le chocolat voire des fruits exotiques comme les ananas ou les bananes. Mais de plus en plus de rayons sont consacrés aux produits équitables belges. Quand on pense commerce équitable, on pense commerce Nord/Sud, alors que c’est aussi du commerce Nord/Nord. Par exemple des flocons d’avoine ou même du café torréfié chez nous, et nous en avons de plus en plus."

En Belgique un label "Prix juste Producteurs" certifie 77 produits équitables belges. Parmi eux, les légumes de la coopérative Bel Go Bio à Geer. Caroline Devillers, une des quatre coopérateurs nous raconte : "Nous étions tous les quatre ingénieurs agronomes. Nous avons eu, chacun, la chance de pouvoir reprendre une exploitation familiale conventionnelle très saine. Nous avons voulu donner un nouvel élan pour répondre un peu mieux aux enjeux sociétaux. Nous avons commencé par convertir l’exploitation au bio."

Mais les filières n’étaient apparemment pas en place comme pour le conventionnel. Les quatre jeunes agriculteurs décident de cultiver des légumes autres que la betterave ou le maïs. En 2017, ils se lancent entre autres dans la patate douce.

Ils prennent en main leur commercialisation. Ils créent la coopérative et investissent dans la construction d’un hangar de stockage. "De là est née l’idée Bel Go Bio", nous explique l’ingénieure, "c’est une sorte de bras de levier pour nos différentes fermes où sont produits nos légumes bios pour les stocker et surtout les conserver. Le but est de fournir les clients le plus longtemps possible de l’année et pas seulement en haute saison. Nous les commercialisons déjà avec succès dans les magasins dans les magasins de la région et les grossistes bio."

4 jeunes agronomes pour une coopérative bio et équitable

Bel Go Bio adhère au juste prix producteur. Caroline Devillers nous le confie : "On ne peut pas dire qu’on n’avait pas de prix juste avec nos partenaires historiques mais on s’est dit qu’on devait répondre à une autre attente sociétale, cela nous parlait à chacun individuellement. L’objectif n’est pas de faire du bénéfice en tant que tel mais de rémunérer les différents membres producteurs. Pour cette raison, la coopérative nous a permis d’engager des personnes pour aller chercher de nouveaux marchés et donc de nouveaux légumes pour nos consommateurs locaux."

Maxime Bauduin, le gérant d’une grande surface de proximité qui achète à la coopérative, est ravi : "1,69 euro le kilo de carottes équitables contre 1,15 pour les classiques. Nous nous basons sur le prix du producteur local, nous ajoutons une petite marge. Il nous a donné un prix par rapport à son travail et à son produit, le juste prix, et ça marche. Le concept local, terre hesbignonne a le vent en poupe dans nos magasins. Nous mettons ces artisans à l’honneur dans le rayon."

Acheter équitable reste encore et toujours un geste marginal

Les clients apparemment achètent. Manu Jadin, un autre coopérateur de Bel Go Bio reste prudent : "Il y a toujours quelque part la loi du marché qui peut prendre le dessus. C’est inévitable et il faut que nos cultures permettent de rencontrer les attentes du consommateur. Il faut trouver le moyen de la qualité, en quantité et qui soit acceptable par l’acheteur. C’est pari gagnant pour nous et pour le consommateur qui s’y retrouve avec un produit de qualité qu’il est prêt à payer un peu plus cher. Pour le moment, nous sommes en croissance."

Samuel Poos d’Enabel conclut : "Acheter équitable est une geste qui progresse mais il reste encore marginal. Il y a encore beaucoup d’efforts à faire en matière de sensibilisations du public. C’est pour cela que chaque année nous organisons cette semaine du commerce équitable."

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