Les Grenades

Des réalisatrices algériennes à (re)découvrir à la Cinematek

Image issue du film "Rachida" de la réalisatrice Yamina Bachir-Chouikh, sorti en 2002.

© Tous droits réservés

Temps de lecture
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades

La Cinémathèque célèbre le cinéma algérien dans le cadre du soixantième anniversaire de l’indépendance du pays. À cette occasion, Les Grenades mettent en lumière les réalisatrices à l’affiche de la programmation.

Chaque mardi et samedi jusqu’au 14 février 2023, la Cinémathèque nous plonge dans les pages passionnantes de l’histoire du cinéma algérien. Et bonne nouvelle, parmi la sélection des œuvres, les femmes sont à l’honneur.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Un 7e art "poélitique"

Né dans les maquis, le cinéma algérien illustre dans un premier temps la lutte du peuple pour l’indépendance. "[Les] images liées au temps de la lutte de libération sont expressives et servent de témoignage de la dureté et de la sauvagerie de l’ère coloniale française. Les scénarios souvent tirés des grands écrivains algériens participent à la consolidation de la mémoire historique, notamment dans la première période postcoloniale de lutte contre l’oubli et pour l’appréciation et la sauvegarde de la liberté arrachée et retrouvée", explique l’Ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Ali Mokrani dans le programme de la Cinematek.

Outre la révolution, le cinéma algérien traite également de la décennie noire (1991-2002), du combat pour l’émancipation, de la vie quotidienne des Algérien·nes. Un cinéma qualifié de "poélitique" qui à travers le sensible raconte la grande Histoire et interroge l’intime. Yasmine Chouikh, réalisatrice et journaliste, le décrit comme "des visages, des mentalités, des couleurs, des passés, des futurs, un éventail d’idées et de pensées qui cohabitent tantôt de manière douce, tantôt de manière douloureuse ; tout cela sur la même pellicule et sur le même écran".

Regards de femmes

Dans cette histoire du cinéma, les cinéastes féminines ne sont pas en reste. "L’écrivaine Assia Djebar montre la voie aux réalisatrices algériennes : elle est en 1978 l’auteure du premier film algérien réalisé par une femme", éclaire l’Institut du Monde Arabe. Ce film pionnier, La Nouba des femmes du Mont Chenoua, donne la voix à celles dont la parole fut tuée par le colonialisme et la décolonisation. Primé à Venise en 1979, il sera projeté à la Cinematek samedi 7 janvier. Un événement à ne pas rater !

Dans le sillage de l’autrice Assia Djebar, les réalisatrices portent à l’écran des sujets de société et leurs regards sur l’Histoire de l’Algérie. C’est le cas par exemple, à travers le film Rachida (2002), qui sera diffusé le 28 janvier. La cinéaste Yamina Bachir-Chouikh récemment disparue y dénonce la violence des années de terrorisme, connues sous le nom de décennie noire (1991-2002). L’œuvre présente une enseignante algérienne, face à de jeunes élèves embrigadés dans la violence et signe la renaissance du cinéma algérien après cette période obscure.

Place aux nouvelles générations

Depuis une quinzaine d’années, le cinéma algérien prend un nouvel essor. "Il est d’ailleurs à noter une présence absolument remarquable d’une forte composante féminine au sein du cinéma de la plus jeune génération ; de quoi donner envie à pas mal de cinémas des pays occidentaux", précise la Cinematek.

À voir, Jusqu’à la fin des temps (14 février), un film de 2017 de Yasmine Chouikh, cinéaste et fille de Yamina Bachir-Chouikh. Cette comédie douce-amère porte à l’écran l’histoire d’une veuve venue se recueillir sur la tombe de sa sœur au cimetière de Sidi Boulekbour et qui y rencontre l’amour.

© Tous droits réservés

À découvrir également, deux films datés 2019 de Meriem Achour-Bouakkaz : Nar (4 février) et À Mansourah, tu nous as séparés (11 février). Le premier est un documentaire qui revient sur le geste hautement violent de l’auto-immolation, pratique exercée par les jeunes crier leur désespoir. Dans le second, la réalisatrice accompagne son père à Mansourah, son village natal. Le film raconte la confrontation des jeunes à l’histoire tenue sous silence de la migration des deux millions de personnes déplacées et internées dans des camps pendant la Guerre d’Algérie.

© Tous droits réservés

Enfin, à ne pas manquer Papicha de Mounia Meddour. Le long métrage sorti en 2019 brosse le portrait de Nedjma, une jeune étudiante universitaire, à Alger dans les années 1990. Elle aime la fête et est passionnée de stylisme, bravant les interdits des années noires, elle décide d’organiser un défilé de mode pour défier l’ambiance délétère. César du meilleur premier film en 2020, Papicha sera projeté à la Cinematek le 7 février.

© Tous droits réservés

Des Algéries plurielles

Dans la programmation annoncée sur le site, Yasmine Chouikh souligne : "Je souhaite à toute personne dans la capacité de voir les films, d’en voir le maximum, car ce programme est éclectique et chaque cinéaste apporte son univers sur l’écran. On peut se retrouver dans un film et pas dans un autre, mais ce qui est sûr, c’est qu‘on y retrouve des Algéries aussi plurielles que ses artistes et ses habitant·es".

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Rendez-vous à la Cinematek tous les mardis et samedis jusqu’au 14 février pour célébrer le dynamisme, de créativité, et la diversité du cinéma algérien.

Toute la programmation par ici.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous